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Murray HEAD - Wave (1992)
Par MARCO STIVELL le 23 Juin 2015          Consultée 2707 fois

Depuis six ans, Murray HEAD ne nous avait plus trop donné de nouvelles. 1992 marque son grand retour sur la scène, annoncé par sa participation au dernier album en date de RENAUD, le merveilleux Marchand de Cailloux (1991). On y retrouve également une bonne partie de l'équipe qui sera la sienne au cours des années 90, une époque méconnue de l'artiste mais certainement pas la moins intéressante !

Pour commencer, on a ce disque, Wave, dont le format conserve celui du vinyle par sa durée relativement courte à l'époque (45 minutes). La pochette bleue azur nous plonge dans une oeuvre lumineuse et ensoleillée, un choix de réalisation plus aérée que celle de l'album précédent, même si on peut mettre au moins un bémol concernant le master du CD, trop étouffé. Wave ressortira d'ailleurs en 2000 avec un nouveau titre (Innocence) et un son amélioré.

Cela étant, une telle réserve ne saurait enlever la qualité d'ensemble. Si cet album n'est pas le plus célèbre de son auteur, loin s'en faut, il s'inscrit parmi ses meilleurs. Murray HEAD est ici entouré de musiciens de studio de grand talent, en particulier le guitariste Paul Whittaker et le claviériste Steve Fletcher qui s'occupent de la co-production avec lui. Multi-instrumentistes, ils n'ont rien à envier aux équipes des disques précédents, sachant que Ian Maidman et Geoffrey Richardson reviennent.

Wave est majoritairement constitué de chansons dont le thème est l'amour, mais il amorce un retour aux textes empreints d'actualité et de sociologie. Dans "Fear of Life", le chanteur se met dans la peau d'un monsieur tout-le-monde, qui tente de se faire une place malgré ce qu'il voit et entend à longueur de journée, à la télé et ailleurs. De manière plus ciblée, c'est "All Eyes Are on the West" qui marque les esprits dès les premiers instants.

Le message est clair : pour les pays de l'Est, la chute du mur de Berlin, les promesses de démocratie... "oui, mais encore ?". Pas de préchi-précha d'artiste engagé, seulement des questions. La musique est superbe : les guitares électriques lyriques avec écho, les choeurs soul/gospel s'unissent sur fond de musique aérienne aux couleurs world, avec la portée d'un hymne. HEAD y utilise toute son amplitude vocale, du grave à l'aigu, comme dans ses plus belles chansons passées.

Les autres chansons sont différentes, moins grandiloquentes. On apprécie les mots et musiques légères qui constituent "Caprice" aussi bien qu'"Ocean" ou "Just Enough". Cette dernière voit l'artiste, d'origine gaélique, s'essayer à la jig (la conclusion varie en hornpipe !), grâce à la présence de la concertina, en lieu et place d'un accordéon. On sourit également en entendant les trompettes mariachi de Maidman sur "Ocean", morceau oisif : un homme se prélasse sur la plage et regarde une femme. "Nothing to Lose" mêle sans complexe basse sautillante et mandolines.

C'est toute l'originalité de l'opus : proposer une musique d'essence folk avec une rythmique polyvalente (basse rock ou contrebasse à l'archet, batterie parfaitement adaptée de Steve Spring), les claviers de Steve Fletcher assurant le côté moderne mais de manière splendide, jamais envahissante. On sent que les musiciens prennent du plaisir à jammer sur le festif "Caprice" au groove funky, au texte "séduction" déclamé avec fièvre par le chanteur, et au trombone fou joué par la virtuose Annie Whitehead, preuve que l'audace n'a pas complètement disparu. De même, le country "Fear of Life" où brille l'alto de Richardson.

Les chansons d'amour ont la douceur que l'artiste a toujours su donner, et figurent toutes parmi ses meilleures. La tendre "Feel No Shame" et ses choeurs d'enfants seront hélas remplacés par "Move Closer" (beau morceau similaire toutefois) sur la réédition de l'an 2000. La ballade acoustique "Make It Easy" et ses cordes procurent autant de frissons que le fait "Innocence", merveille à la mélodie caressante, envoûtante... Quant à "Little Bit of Loving", elle est au moins aussi belle que "Never Even Thought", grand classique de HEAD (le dernier couplet, les choeurs féminins suaves...).

Véritable coup de coeur, Wave capture une facette moins exubérante de l'artiste que certains albums passés : l'album conserve un registre tendre et cela reste tout à son honneur. Chaque morceau est une perle, l'ensemble diversifié libère une collection de joyaux, un tout homogène et cohérent grâce à des mélodies magnifiques, des arrangements très fins et ciselés, ainsi que des interprétations fidèles à la renommée du principal intéressé. Le secret le mieux gardé !...

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   MARCO STIVELL

 
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- Murray Head (chant, harmonica)
- Steve Spring (batterie, percussions)
- Steve Fletcher (claviers, percussions, basse, basson, choeurs, arr)
- Paul Whittaker (guitares, basse, percussions, choeurs)
- Basil Kelleher (basse, contrebasse, guitare, choeurs)
- Ian Maidman (basse, trompette)
- Charles O'connor (violon, concertina, mandoline)
- Geoffrey Richardson (alto, ukulélé, kalimba)
- Mitt Gamon (harmonica)
- Helen Liebmann (violoncelle)
- Steve Monti (percussions)
- Felix Howard (contrebasse)
- Annie Whitehead (trombone)
- Sophie Head, Sally-ann Triplett, John Fl (choeurs)


1. All Eyes Are On The West
2. Feel No Shame
3. Ocean
4. Innocence
5. Just Enough
6. Caprice
7. Nothing To Lose
8. Little Bit Of Loving
9. Fear Of Life
10. Make It Easy



             



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