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Axelle RED - À Tâtons (1996)
Par MARCO STIVELL le 9 Janvier 2021          Consultée 1144 fois

En termes de succès, À Tâtons (1996) demeure l'apogée de la carrière d'Axelle RED : plus d'un millions de copies vendues en Belgique, France et le reste des pays que la demoiselle rousse a conquis. Demoiselle, bientôt dame car Filip Vanes, devenu son producteur exécutif et manager, l'épouse deux ans plus tard.

Ce deuxième disque est un pur plaisir de musicienne aimant la soul : il contient la parenthèse d'une jeune Belge à la chevelure flamboyante partie en pleine Memphis, Tennessee, la capitale du blues. Accompagnée de Vanes et Wouter Van Belle (un des façonneurs de Sans Plus Attendre), elle fait venir l'un des musiciens blancs les plus influents dans le domaine, à savoir Steve Cropper, guitariste pilier de la maison Stax et l'homme qui a si bien soutenu Otis REDDING. Quant à la part noire, l'âme la plus authentique, c'est monsieur Isaac HAYES en personne, avec sa science du piano, des arrangements de cordes et cuivres, sa voix même mais en de rares endroits.

À Tâtons n'est pas pour autant l'album de soul pure, il conserve un esprit de pop-variété francophone bien ancré dans les années 90. "Ma prière" tient à cet état de fait, au travers d'une légèreté faite de groove et de fraîcheur simple, comme le faisait "Sensualité" exactement à la même (quatrième) place sur le disque précédent. Un autre tube séducteur pour Axelle RED, bien à son image. Les cordes y sont franchement excellentes, mais comment pouvait-il en être autrement ?

Pourtant, ce disque est particulier car après le premier essai (plus que concluant certes !) et son effet de collage, il se dégage une homogénéité construite sur davantage d'expérience, de finesse et d'exigence, ce qui déteint aussi sur la structure globale. D'une cinquantaine de minutes pour Sans Plus Attendre, on est montés à une heure dix, comme si l'artiste avait tenu à garder le mieux possible l'intégralité de son passage à Memphis. Ce qui n'est pas sans écueil, y compris pour une oeuvre aussi bien réalisée.

Les morceaux funky, dont la voix d'une Axelle RED très impliquée reste le gouvernail, malgré sa non-appartenance évidente à la virtuosité, expriment parfois bien au-delà de trois minutes ces récréations musicales laissant beaucoup de place aux instrumentistes. "Papa dit", "Légère", "T'en fais pas pour moi" sont tous de cette trempe-là, avec en sus au niveau des paroles, le désir pour la chanteuse (qui écrit de plus en plus) de s'éloigner de la jeune femme naïve et amoureuse révélée en 1993 pour écrire des textes plus sociologiques.

"Qui connait la route" parle avec justesse des incertitudes de la vie, "Papa dit" des comportements, "À quoi ça sert" de la place que l'on se cherche dans le monde, "Un été pour rien" d'une femme à qui une séparation profite plus qu'autre chose... "C'était" marque la fin d'une histoire, tandis que "Rien que d'y penser" traite de la nostalgie amoureuse et de tout ce que l'éloignement amène comme lot de questions sur la vie de "l'autre"...

Côté musical, la soul à la fois libre et chaleureuse de tous ces morceaux rejoint parfois des influences folk, gospel, et le titre caché de l'album, "Branded", est un duo vigoureux d'Isaac HAYES (c'est une reprise de son dernier album en date, un an plus tôt), tout en voix de stentor, avec Axelle RED, à l'ancienne. Elle réussit même à le faire chanter dans la langue de Molière (à la fin !) et ils interprètent ce titre lors d'une émission Taratata.

La jeune femme amoureuse, passionnée n'est cependant pas loin, heureusement pour son public qui en a besoin ! "À Tâtons" est un bel exemple dans "son" français à elle, pas toujours compréhensible ni parfaitement audible (de quoi renforcer le mystère !), mais tellement sensuel, avec des vagues d'orgue d'Hammond et de piano Fender Rhodes. Et puis il reste la pièce de choix, l'autre tube de ce disque et qui est cependant bien plus que cela. Outre "À quoi ça sert" (cette intro ample aux claviers !) et "Rien que d'y penser" (magnifique avec son hautbois, ses guitares acoustiques), il y a un troisième morceau ici dont l'ambiance demeure particulièrement forte.

"Rester femme", je l'ai pourtant entendu et réentendu à l'époque, comme beaucoup de monde, mais en l'écoutant à nouveau bien plus tard, j'en saisis toute la magie. Ce titre est un véritable tour de force pour Axelle RED, dont il reste l'une des plus belles interprétations. Sa passion vocale et textuelle a ici quelque chose du vaudou, grâce aux accords folk et amples de piano, aux choeurs et au shuffle léger... Ces cinq minutes-là, contrairement à d'autres chansons de ce disque, on ne les voit pas passer. En matière de blues par des artistes européens, très éloignés des racines donc, ce titre me donne le même type de frissons que "Madre dolcissima" de ZUCCHERO.

Constat plutôt positif pour cet album long, trop peut-être et pas toujours égal, produit de qualité néanmoins. Après une tournée triomphale, il est aussi pour Axelle RED le chapitre numéro 1 d'une époque américaine. Le deuxième est en 1998, pendant sa première maternité, un véritable show avec gros orchestre durant deux concerts, appelé The Soul of Axelle Red, pendant lequel elle fait venir de grandes gloires passées telles que Ann PEEBLES, Sam MOORE, Wilson PICKETT, Percy SLEDGE... Quel brio !

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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1. À Tâtons
2. C'était
3. Mon Café / The Coffee Song
4. Ma Prière
5. Pas Si Naïf
6. À Quoi Ça Sert
7. Papa Dit
8. Qui Connait La Route
9. Rien Que D'y Penser
10. T'en Fais Pas Pour Moi
11. Rester Femme
12. Légère
13. Un été Pour Rien
14. À Tâtons (reprise)



             



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