Lorsqu'Axelle RED pose avec une jupe (courte, peut-être), il semble que cela soit fait pour accompagner un album éclatant de beauté, tel son Jardin Secret de 2006. Même si c'est le même angle que pour Un Coeur Comme le Mien (2011), ce dernier est ainsi surpassé par le petit nouveau, Rouge Ardent. On y retrouve certains des musiciens qui la suivent depuis des années, comme Lester Snell et Stu Kimball, mais aussi des plus récents comme Mark Plati, ainsi que le très fraîchement arrivé Steve Potts qui a officié au sein de BOOKER T & THE MG'S, et Teenie Hodges qui a marqué l'histoire de Hi Records, label soul d'envergure. S'ils sont moins présents, Gérard MANSET ("Je Te l'Avais Dit") ainsi que Stéphan EICHER et Christophe MIOSSEC ("De Mieux en Mieux") l'aident toujours à l'écriture.

La force de ces chansons, c'est aussi qu'elles viennent d'Axelle pratiquement seule. Certes, le concours de Lester Snell fait beaucoup pour l'introductif et splendide "L'Amour Profond", soul-rétro en diable pour une nostalgie amoureuse (qui s'étend à tout le disque), guitares en avant mais aussi cuivres, cordes et choeurs dignes de la Motown. Un beau soleil dans la mélodie plane en début de l'album et ne s'en ira plus ou presque, on apprécie également l'anglais amené par les choeurs au fil des refrains et repris par la chanteuse belge sur le final. On retrouve de cette musique si chère à son coeur sur "Ce Coeur en Or" au ton éperdu, même si le début nous annonçait plutôt un titre pop sudiste.

"Sur la Route Sablée", avec son orgue Hammond, ses cordes groupées, sa passion enflammée dans la tristesse et ses choeurs angéliques, pourrait presque surpasser le "It Ain't Over 'til It's Over" de Lenny KRAVITZ. À côté de cela, Axelle RED nous régale d'un très efficace "C'est une Ville" aux shuffle et refrain pop légers vivifiants, orgue Hammond, guitares roulantes (électrique et acoustique ensemble) et miaulantes, vraiment délicieux. Et pour marquer encore un sacré contraste, il y a "Quelque Part Ailleurs", piano-voix ciselé avec Jeff Levine (accompagnateur de renom), dense et splendide. On remarque d'ailleurs dans ce titre combien, malgré les éléments soul pure et les efforts d'Axelle venant de toute son âme, y compris la très jolie voix de tête de la ballade "Rouge Ardent" (questions au fil du temps sur ce qu'est devenu 'l'autre'), la folk music est au coeur de cet opus.

Avec ses paroles humanistes et philosophiques, "Je Te l'Avais Dit" ressemble à un croisement entre Gérard MANSET pour le texte, factuellement, et Bruce SPRINGSTEEN pour la musique, celle de ses albums acoustiques. La mélodie douce, les petites percussions doublées de boucles légères aux synthés, la guitare baryton et le piano évoquent les grands espaces de l'Ouest. Idem pour "Jusqu'au Bout", au rythme chaloupé aride (comme une séparation), sucrerie où la remontée de cuivres cinématographiques est proprement inattendue. Sans ceux-ci, "La Maison Désertée" possède les mêmes qualités, dans un ton crépusculaire. Et pour la dynamique, on trouve encore "De Mieux en Mieux", brillante bluette californienne en diable, avec grosses rythmiques de guitares 12 cordes, mélodie ensoleillée etc., style moins habituel pour Axelle mais tout à son talent.
Voici 35 minutes, durée courte certes, mais 35 minutes plus que bien remplies, parmi ses meilleures.