A l’écoute de Braquage de pouvoir, son précédent album paru en 2022, je regrettais que Tiken Jah FAKOLY tourne un peu en rond en nous resservant un peu trop souvent les mêmes recettes, avec talent, mais sans chercher à nous surprendre.
Il semble qu’il ait partagé ce sentiment car Acoustic propose enfin quelque chose de nouveau de l’artiste.
Il ne s’agit toutefois pas là de nouveaux morceaux, à une exception près, mais de nouvelles interprétations sous un nouveau format de certains de ses anciens titres.
En effet, sans surprise, Acoustic propose principalement des versions acoustiques de chansons déjà présentes dans d’anciens albums de Tiken Jah. Seul "Arriver à rêver" est un inédit.
Pour être honnête, dans plusieurs cas, la différence n’est pas aussi significative que ce à quoi je pouvais m’attendre. L’accent étant majoritairement mis sur le chant, ce sont essentiellement les ajouts des voix d’invités qui apportent de l’originalité aux versions initiales. Ainsi, l’intervention de NAAMAN sur "Plus rien de m’étonne", de Bernard LAVILLIERS sur "Tonton d’America", ou à plus forte raison celle de TIGG DA AUTHOR sur "Les martyrs" donnent réellement une autre saveur à ces morceaux. Avec pour conséquence de cette mise en avant des vocaux, le fait que les paroles sont très aisément intelligibles. Souvent mieux, que sur les originaux, ce qui est très appréciable.

Dans quelques cas, toutefois, certaines structures musicales de morceaux sont profondément changées comme c’est le cas du classique "Plus rien de m’étonne" présenté dans une version bien plus apaisée qui intègre des pauses et un rythme plus relâché. Il en va de même de la version très dépouillée de "Justice" présentée avec une sensibilité bien moins Reggae, qui tranche avec l’originale et lorgne fortement vers la musique traditionnelle de l’Afrique de l’Ouest. De manière générale, la rythmique lourde, typiquement Reggae, a disparu au profit d’une orchestration plus légère et épurée. Cela est dû essentiellement à l’omniprésence d’instruments africains qui contribuent à l’évolution des morceaux. Sokus, balafons et kora sont très présents et donnent, à titre d’exemple, à "Délivrance" une autre saveur. Une identité plus aérienne et clairement plus africaine. En ce sens, il serait bien plus juste de considérer ce disque comme un disque de musique africaine que comme un album de Reggae.
L’inédit, "Arriver à rêver", est plutôt une belle surprise, même s’il ne révolutionne pas l’univers de FAKOLY.
Par contre, il est fort dommage que l’album soit entrecoupé d’extraits du documentaire Tiken Jah, le descendant de Fakoly. Cela ne présente pas grand intérêt et cela casse régulièrement le rythme musical instauré par les chansons. Vraiment un choix artistique surprenant et contestable.
Il en résulte un album sympathique, mais qui peine encore un peu à nous surprendre du fait de l’utilisation de matériel ancien. Il serait très intéressant de voir Tiken Jah FAKOLY nous proposer un album complet de titres originaux avec cette orientation musicale. Dans cette optique, peut-être devons-nous considérer Acoustic comme une étape destinée à nous aider à appréhender progressivement sa nouvelle approche musicale.
A suivre.