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Tiken Jah FAKOLY - Françafrique (2002)
Par NESTOR le 14 Juillet 2018          Consultée 1022 fois

En 2002, tel un métronome, Tiken Jah FAKOLY nous revient avec son troisième album, quoique cette routine ne soit pas si parfaite qu’elle en a l’air. En effet, l'Ivoirien a sorti entre-temps Le Caméleon, un album distribué uniquement en Côte d'Ivoire et dont on retrouve 4 titres ici. En termes de qualité cependant, le bonhomme se montre toujours aussi régulier et, bien que dépourvu de réelles surprises, ce Françafrique confirme tout le bien que l’on pouvait penser de Tiken Jah au regard de ses deux premiers efforts.
Ce disque tire son nom d’un néologisme créé dans les années 50 par Félix HOUPHOUET-BOIGNY, alors futur président de la Côte d’Ivoire, pour définir les bonnes relations qu’il entendait établir avec la France en cas d’indépendance. Expression ensuite détournée par l’écrivain François-Xavier VERSCHAVE dans son livre éponyme où il décrit les liens économiques et politiques nébuleux entre la France et ses anciennes colonies.
En préalable à l’écriture de son troisième album, Tiken Jah FAKOLY a d’ailleurs rencontré VERSCHAVE qui en est venu à collaborer à la conception de Françafrique, le disque.
Comme on s’en doute avec ce titre, le discours de l’artiste, nullement apaisé, continue de répandre sa vision critique et accusatrice des travers qui minent l’Afrique, en relayant la dureté de la réalité à laquelle est confrontée la jeunesse africaine.

Produit par Tyrone DOWNIE, clavier historique de Bob MARLEY, aux célèbres studios Tuff Gong, Françafrique bénéficie d’une orchestration et d’une qualité de son de tout premier ordre. Il faut dire, comme on le verra plus loin, que les musiciens participant à ce disque sont des ténors du reggae. L’utilisation très judicieuse de cuivres et de chœurs dote certains morceaux d’une puissance et d’un volume vraiment très appréciables.
DOWNIE est alors en passe de quitter sa Jamaïque natale pour s’installer dans l’Est de la France d’où il entamera de multiples collaborations avec des artistes africains (YOUSSOU N’DOUR, ALPHA BLONDY, ABDOU DAY…). Il s’adapte très bien d'ailleurs à la double identité musicale de Tiken Jah qui marie la Jamaïque et l’Afrique.
De son Afrique natale, l’Ivoirien emprunte des rythmiques locales, une utilisation de percussions et l’usage du Djoula (langue mandingue). De l’île des Caraïbes, il tire une fascination pour la mère patrie du reggae, qui le pousse à s’entourer de figures légendaires et tutélaires. En plus de Tyrone DOWNIE, on peut citer U ROY qui intervient sur "Justice" et "Missiri", les deux membres du célèbre duo SLY and ROBBIE (le batteur Sly DUNBAR et le bassiste Robbie SHAKESPEARE) et Earl « Chinna » SMITH, guitariste de BURNING SPEAR, Bob MARLEY, Peter TOSH. Mais on y croise aussi des figures plus récentes de la scène jamaïcaine, à l’image d’ANTHONY B qui contribue à "On A Tout Compris". On note également la participation du Martiniquais Yanis ODUA sur "Y'en A Marre".
Ce mariage des deux cultures n’est toutefois pas équilibré, tournant clairement à l’avantage du reggae jamaïcain dont FAKOLY se fait un très digne représentant des traditions. En effet, à l’exception des titres en Dioula, qui ont généralement un rythme plus posé et une coloration plus africaine, Tiken Jah nous propose ici de très bons morceaux de Reggae « à l’ancienne ».

A de nombreuses occasions, le résultat est plus que probant : "Françafrique", "On A Tout Compris (Mangercratie)", "Le Pays Va Mal", "Déliverance", sont autant de tubes en puissance qui allient des mélodies et rythmiques efficaces avec un message qui fait sens.
Mais, à côté de ces derniers, on en trouve de bien plus dispensables qui peinent à se différencier les uns des autres. C’est le cas de "Soungourouba" ou de "Missiri" qui ronronnent doucement sans parvenir à convaincre. Une explication peut-être est à chercher dans l’usage de la langue. Ce n’est probablement pas un hasard si les titres chantés en français se révèlent les plus efficaces, au détriment de ceux chantés en Dioula au pouvoir de séduction moindre. Les textes de Tiken Jah revêtent une telle importance que ne pas les comprendre amoindrit considérablement l’impact de ses morceaux.
Il est toutefois dommage que malgré la qualité du son de l'album le chanteur n’apporte pas plus de soin à sa diction et qu'il se laisse aller parfois à marmonner ses textes qui en deviennent plus ardus à appréhender.
De fait, Françafrique, qui contient pourtant beaucoup de futurs classiques de Tiken Jah FAKOLY, ne parvient pas à totalement convaincre, ces petits bijoux se voyant entourés de morceaux sans relief ni personnalité.

En définitive, nous avons là un album légèrement schizophrénique qui donne à écouter pour moitié un Tiken Jah à son meilleur niveau, et pour le reste des morceaux bien dispensables.

Note réelle : 3,5/5

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   NESTOR

 
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- Robbie Shakespeare (basse)
- Sly Dunbar (batterie)
- Earl «chinna» Smith (guitares)
- Tyrone Downie (claviers)
- Tiken Jah Fakoly (chant)


1. Françafrique
2. On A Tout Compris (mangercratie) (featuring Anthon
3. Justice (featuring U-roy)
4. Soungourouba
5. Y'en A Marre (featuring Yaniss Odua)
6. Le Balayeur
7. Nazara
8. Missiri (featuring U-roy)
9. Africa
10. Le Pays Va Mal
11. Politiciens
12. Déliverance



             



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