Après un premier album remarqué par la critique et les fans, Lenny KRAVITZ ne peut décevoir son monde à l’heure d’un deuxième opus qui s’annonce comme un masterpiece. Voyez donc notre artiste qui campe d’ailleurs la rock star ultime avec ses sapes immettables et une pose pour le moins racoleuse. Il faut admettre que l’animal est une bête marketing depuis ses débuts et que le piston qui l’a propulsé direct au firmament de ce monde musical est tout sauf discret. D’ailleurs, puisqu’on en parle, comptez avec moi les gars : ce n’est pas 4 ni 5 ni 6 mais bien 7 singles qui sortent pour assurer la promo de cet album, Richard Branson croit en son poulain !

Alors, bien sûr, quand retentit le riff et le beat joufflu de "Always On The Run", on se dit que c’est la putain de merveille et que les cintrés du ciboulot de SLY AND THE FAMILY STONE ont resuscité, non ? SLASH alors en pleine bourre avec les GUNS N ROSES est là bien en place et impose sa charismatique présence pour ce titre qui est depuis devenu un classique indémodable. C’est complètement jouissif et quasi impossible de ne pas bander à l’écoute de cette petite pépite de funk rock. Lenny y laisse libre cours à toute sa remarquable créativité, et... oui, ça sonne facile !

Et bien sûr, lorsque vous aurez compris que le single suivant est "It Ain’t Over ‘Til It’s Over", le refrain de cette petite comptine qui doit autant à la funk qu’à l’écoute de Ravi SHANKAR le tout saupoudré d’une bonne dose de weed, vous saurez que le sieur KRAVITZ est désormais l’un des maîtres du show biz mondial. Cette mélodie tourne furieusement dans ma tête malade très régulièrement, ce qui est le gage d’une bonne came, non ?

Nous retrouvons Lenny en pleine fumette de blunt pour "Fields Of Joy", le titre ne trompe pas et on imagine le grand Peter TOSH fier de son fils spirituel, alors que le break nous amène vers des imageries plus southern, presque sonnant LYNYRD SKYNYRD. Quel drôle d’oiseau que cet artiste qui a digéré une bonne partie de la musique moderne pour arriver à une telle fusion, une synthèse improbable ! La reprise est très enfumée et vraiment cool et donne une autre identité à ce super titre.

Nous en sommes déjà au quatrième single lorsque sort le slow "Stand By My Woman". Un instant de douceur et de quiétude comme peut savent les pondre, avec un refrain dont la classe égale l’esthétique. Les influences les plus diverses remontent à la surface et cette fois on entend du ROXY MUSIC sur "What The Fuck Are We Saying ?", avec même quelques intonations à la Bryan FERRY. Improbable. D’ailleurs, le single floppe et ne charte presque pas. On atteint le smooth sur "What Goes Around Comes Around" où Lenny chante d’une quasi voix de fausset. Un funk simpliste sympa, on reste sur des terres funky avec la répétitive "Stop Draggin Around", qui se défend pas mal.

On reste scotché devant la force développée par le mid slow "More Than Anything In This World". L’orgue magnifique et sépulcral impose une ambiance liturgique à ce titre qui est une merveille d’ambiance et de douceur… C’est dit, Lenny sait tout faire ! Peut-être le titre à retenir en priorité de cette livraison. "The Difference Is Why" est aussi du grand art, un slow qu’on voudrait avoir composé et qui semble… à nouveau… facile. Une marque de fabrique chez le surdoué pistonné. Largement conseillé car inconnu et pourvu d’un magnifique solo de gratte.

Il fallait qu’il la fasse, alors voilà son hommage à sa fille Zoé, et cela nous donne "Flowers For Zoe", un slow aux relents hard dont on attend vainement l’explosion. "All I Ever Wanted" est un autre slow dans lequel Lenny fait preuve de sa belle technique vocale. La courte "Butterfly" le voit seul avec sa gratte ; on l’y sent à l’aise il sait que l’opus s’achève bien, comme il a commencé. Enfin, on a l’impression d’entendre un titre de HENDRIX qu’on ne connaît pas avec "When The Morning Turns To Night" pas mal.

Et voilà, plus de huit millions d’exemplaires de cet opus s’écoulent de par le monde, c’est une quinte royale pour le métis qui arrive à imposer son blend de funk et de rock psychédélique et de pop au monde entier. Il faudra compter sur lui à dater d’aujourd’hui ; il va beaucoup faire pour le développement des minorités raciales avec sa musique et ses textes pas si couillons. Cet album, un classique évident, mérite une forte note, enlevons les quelques titres seulement moyens et nous sommes sur un 5.