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POST PUNK   |  STUDIO

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1986 Album
2023 End Of World
 

- Style : Virgin Prunes
- Membre : Leftfield, The Sex Pistols , Siouxsie And The Banshees, Magazine, Painkiller

PUBLIC IMAGE LIMITED - End Of World (2023)
Par PSYCHODIVER le 12 Septembre 2023          Consultée 1303 fois

PIL. PUBLIC IMAGE LIMITED millésime 2023. Sous titré : des anciens punks perdus dans le no future tant redouté.

45 ans de carrière. Dernier des groupes clés du post punk UK à maintenir un bon rythme de publication digne d'intérêt aux côtés de KILLING JOKE et de WIRE. Le gang de John Lydon revient enfin avec un 33 tours studio, après 8 années d'absence. Entre temps, le Brave New World ne s'est guère amélioré, John a traversé moult épreuves... Place au bilan.

Sous une pochette toujours en provenance du pinceau déglingué de John, sorte de détournement Van Gogh sous acide de celle du A Saucerful Of Secrets du FLOYD, se cache un brûlot aussi généreux et électrique que triste et personnel. Dans la chronique consacrée à l'émouvant single "Hawaii" paru en janvier dernier, je prévoyais un album quasi introspectif d'un Lydon lassé de l'engagement et des pérégrinations sociétales, préférant s'en remettre à une sorte de carpe diem post punk. End Of World correspond à 80% à ces prédictions.

À 80% parce qu'à peine sorti il suscite déjà la polémique. Deux chansons sont dans le viseur des scribouillards tièdes et adeptes du premier degré. "Being Stupid Again" et "Walls". La première vilipende la jeunesse actuelle, celle des branchouilles abrutis et des gamins immatures qui récupèrent des causes légitimes qu'ils ne maîtrisent pas et qu'ils finissent par corrompre (Greta en plus). La seconde, directe mais plus subtile que prévu, se livre à quelques réflexions sur la violence de plus en plus décomplexée, la division qui gangrène les populations et le potentiel retour de "murs" destinés à protéger ce qui peut encore l'être. "Horreur ! John a viré ultra sécuritaire et anti jeunes !" s'écrieront les tanches à la solde des Inrocks et compagnie. Surtout que le rouquin destroy, fidèle à lui même, a récemment multiplié les déclarations incorrectes et s'en est pris à "sa majesté" Charles III, à la politique occidentale où le clivage gauche/droite sert de façade à un élitisme barbare, à l'IA et aux mouvements estampillés woke. Déplorant notamment les castings progressistes (racistes et déshumanisants) à la Netflix (beurk) où les acteurs de couleur sont employés au nom de leurs origines et réduits à ces dernières. Toujours résolu à ne pas se faire des amis le John. Quelle que soit l'époque.

Mais ce serait vite partir en besogne que d'affirmer que PIL s'est transformé en congrégation de droitardés (vous savez ? Ceux qui sur Twitter n'en ratent pas une pour se couvrir de ridicule au nom de leur étiquette qui ne signifie plus rien ?). Car End Of World, bien qu'en apparence dépourvu d'une narration, se révèle écoute après écoute comme très conceptuel, réfléchi et s'impose désormais comme le PIL le plus désabusé, le plus sombre et le plus terre à terre. Mais de noirceur psychédélique tortionnaire du genre de celle qui imprégnait les "Flowers Of Romance" et en partie la "Metal Box", il n'en sera pas question. Abordant des thèmes dénués de la moindre particule de positive attitude, allant du désespoir moderne, du désir d'exister, de la nécessité d'une insurrection spontanée des jeunes générations (entre déplorer la bêtise des gosses/adulescents et les appeler à reprendre les choses en main en s'émancipant de leurs géniteurs dont le niveau général avoisine la pauvreté crasse, règne une certaine différence, écoutez donc le conquérant "Penge" pour vous en rendre compte), de la difficulté de faire le deuil d'un être cher ("Hawaii" donc, qui prend une dimension encore plus poignante à présent que Nora "Madame Lydon" Forster est au Ciel), sans oublier un règlement de comptes entre anciens PISTOLS ("LFCF" où Steve Jones déguste, lui qui s'était compromis avec l'héritage de McLaren et le has been Danny Boyle sur l'indigente série "Pistols", Disney non plus n'est d'ailleurs pas épargné), End Of World n'est pas le récit de la fin du monde, mais bien celui de la fin d'un monde.

Musicalement, le disque est très spontané. Digne successeur des opus les plus orientés guitares du combo, Album et Happy, dans lesquels pour rappel, respectivement, Steve Vai et John McGeoch se donnaient sans compter. End Of World marque ainsi l'apogée de Lu Edmonds, prodigieux de A à Z et multipliant les interventions brillantes, ravageuses et inspirées. Assaut frippiens (le riff démentiel du morceau éponyme), errances curesques (le tragique et rageur "Down On The Clown", un des grands moments de ce nouveau volet), coups de poignards typiquement post-1977, délires dance et white funk cold... Le Leland Sklar de la six cordes punk nous livre un sacré numéro. Le requin Scott Firth n'a rien perdu de son sens des arrangements efficaces (l'electro rock imparable de "Car Chase") et jamais ses lignes de basse n'avaient été mises autant en avant. Les deux surprises majeures nous viennent finalement de John, vocalement impeccable et qui livre sa meilleure performance depuis le retour de PIL en 2012, ainsi que de Bruce Smith, dont la batterie sous reverb et compression sonne très 80's. Un ancrage dans l'une (si ce n'est la) décennie la plus atroce totalement justifiée par l'ambiance indus urbaine du disque (l'angoissé "Strange"). PIL replonge dans le dédale abyssal et fantomatique de sa mythique "Metal Box". À la différence qu'en 1979, il s'agissait d'une exploration suivie d'un retour à la réalité. Ici, l'autre côté s'est invité et a pris le dessus sur le réel. Il n'y a donc pas d'issue. Il faut vivre avec. Et ce ne sont pas quelques bons moments de déjante tels "Dirty Murky Delight" (où John ressuscite Vivian Stanshall) et l'irrésistible "Pretty Awful" (que l'on croirait évadé de "This Is What You Want This Is What You Get") qui iront apporter un peu de lumière à cette fresque fataliste mais lucide, que Monsieur Lydon dresse avec un timbre mature, narquois, déterminé, blasé, trop humain.

Baroud d'honneur ? Poursuite d'une discographie passionnante avec promesse de suites ? Quoi qu'il en soit, End Of World est un grand, un très grand PIL (sans doute leur meilleur depuis Happy en 1987 et malgré la présence entre deux de l'excellent come-back This Is PIL). Si l'avenir est supposé appartenir aux nouveaux venus, ce sont principalement les vieux de la vieille qui maintiennent à flot la presque épave qu'est la musique rock contemporaine. Dans l'attente des prochains albums de Peter GABRIEL et THE CURE : on constate que l'année 2023 appartient déjà à THE CHURCH, HAWKWIND et PUBLIC IMAGE LIMITED.

Une bande son en adéquation totale avec son contexte d'écriture. Les cinéphiles pour qui le nom de "Southland Tales" évoque une poignée de souvenirs délirants et radicaux devraient pouvoir s'y retrouver.

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   PSYCHODIVER

 
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- John Lydon (chant)
- Lu Edmonds (guitare)
- Scott Firth (basse, claviers)
- Bruce Smith (batterie)


1. Penge
2. End Of The World
3. Car Chase
4. Being Stupid Again
5. Walls
6. Pretty Awful
7. Strange
8. Down On The Clown
9. Dirty Murky Delight
10. The Do That
11. Lfcf
12. North West Passage
13. Hawaii



             



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