DALIDA c’est une voix qui pleure, qui vibre, qui aime fort. Les années 60 ne lui sont pas des plus évidentes. Le succès est énorme mais en France on la juge facilement. Cependant, savoir chanter en dix langues différentes est un sacré plus et elle vend d’ailleurs, à cette période, plus de disques à l’international notamment en Europe de l’Est ou même en Amérique du Sud qu’en France. En 1964 sort Amore Scusami, un album qui condense le charme tragique et la grandeur romantique de l’artiste.

Elle trouve d’ailleurs un second souffle artistique en chantant en italien pour les Italiens et fait paraître plusieurs disques, et ça lui sied parfaitement. En France, elle continue de reprendre et d’interpréter les plus grands succès italiens, rappelons que c’est en partie grâce à elle que le public français, dans les années 50, s’était ouvert et familiarisé avec des mélodies du monde (russes, portugaises, italiennes…). Dans cet album, c’est "Amore Scusami" qui est à l’honneur. Un piano doux tout en arpèges qui accompagne toute l’orchestre riche aux cordes lyriques. Les chœurs derrière la voix expressive de DALIDA donnent un côté théâtral. C’est le style dans lequel elle domine, épanouie entre chanson française et chanson italienne.

"La Valse Des Vacances" propose un autre climat. La mélodie tourbillonne, légère et estivale, presque insouciante, mais toujours avec ce petit accent dramatique. On sent dans la guitare, un rythme méditerranéen associé à un léger souffle musette modernisé. Un tourbillon charmant où DALIDA est accessible, charmeuse et un brin nostalgique. S’en suit "Allo… Tu M’entends ?" une ballade narrative chaleureuse et enveloppante portée par une guitare qui réchauffe l’atmosphère.

Puis, viennent des titres plus classiques et lyriques. "Je N’ai Pas Pu T’oublier" à l’introduction théâtrale. L’orchestration est soignée, où nous retrouvons une tension harmonique, ce goût du tragique contenu donnant à la musique un caractère grave sans tomber dans le pathos. "Chaque Instant De Chaque Jour" est une jolie pièce chantante, dansante et expressive. Nous y croisons l’élégance d’un orchestre classique qui emporte la voix. "Je T’aime" se déploie en un rythme percussif ternaire, des motifs courts et répétés, des cordes languissantes. Une ballade orchestrale, toujours théâtrale presque cinématographique et un rythme assez solennel, qui contraste avec le lyrisme enveloppant de l’interprétation.

"À Chacun Sa Chance" s’inscrit dans un univers pop plus moderne. Basse rythmique, tempo plus rapide sur lesquels DALIDA adapte son style. Son phrasé est moins lyrique et plus parlé dans la même mouvance que "Ne Lis Pas Cette Lettre", un peu twisté avec une trompette festive. Le rythme binaire apporte un côté dansant, entraînant et dynamique.

Un disque à la fois ancré dans son époque et fidèle à l’identité de l’artiste. Il est plutôt bien équilibré. Les orchestrations sont soignées et harmonieuses. Ballades orchestrales, accents pop et clins d’œil à la musique latine s’entremêlent dans un joli écrin. Comme toujours, elle s’adapte au moment mais comme une artiste en pleine possession de son art elle ne se perd pas. Ainsi, nous retrouvons, dans cet album, une DALIDA typique que l’on connaît et reconnaît.