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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Les Croquants

Jacques BREL - Mathilde (1964)
Par EMMA le 9 Janvier 2025          Consultée 1420 fois

Une année, une sortie de disque de BREL. En 1964, voici venu le temps de l’album Mathilde. Nous sommes à un moment clef de sa carrière, une reconnaissance internationale, toujours plus de représentations, si bien que sachant piloter des avions, il se rend d’un récital à un autre par ce moyen. Un peu plus tard cette même année il illuminera une nouvelle fois l’Olympia. En attendant cette performance, il nous livre un huitième opus où douleur et beauté, grotesque et sublime s’entrelacent pour une nouvelle plongée dans son univers.

C’est enfin au tour de l’emblématique "Mathilde" de rayonner. Dès l’ouverture, l’explosif "Mathilde est revenue" nous saisit. BREL narre le retour tumultueux d’un ancien amour en dépeignant le portrait caractéristique de ses personnages féminins transformant Mathilde en métaphore de l’amour destructeur et passionnel, oscillant entre désir et douleur. La théâtralité dans toute sa splendeur, BREL se livre corps et âme et habite la chanson si fort qu’il nous fait ressentir les tumultes de cette passion. Ces montagnes russes émotives où l’on alterne sans fin excitation et éclat entrecoupés de moments plus sombres sont rythmées par des crescendos typiquement breliens et une musique qui accompagne chaque oscillation dans un rythme frénétique. Elle s’affirme comme pièce maitresse du répertoire, et est d’ailleurs, souvent choisie pour clôturer ses concerts dans une ultime exaltation.

La grandeur de BREL, on le sait, réside dans sa capacité à interpréter, raconter et transmettre une histoire accompagnée de son orchestre dont les arrangements ont beaucoup évolué depuis ses débuts. Ils s’enrichissent et se complexifient pour suivre avec justesse les émotions qu’il souhaite véhiculer. Avec "Jef", on plonge dans une mélancolie profonde qui va crescendo et explose avec un puissant accordéon, les paroles, elles, sont articulées avec une exagération théâtrale. Le tout donne donne des airs de comédie musicale, et une scène banale "On ira manger des moules et puis des frites, des frites et puis des moules et du vin de Moselle" devient une scène de vie grandiose. L’interprétation, portée par des intonations appuyées et une orchestration magistrale, confère à l’ensemble une dimension quasi cinématographique. BREL exploite donc différents styles musicaux pour enrichir ses récits. Il utilise le tango pour livrer une satire au rythme entraînant dans "Le Tango Funèbre". "Titine" se distingue par une avalanche d’arpèges au piano, ponctuée de cuivres festifs évoquant l’ambiance de cabarets. "Les Bergers", pièce un peu faiblarde de cet album, partage un moment guilleret.

"Les Bonbons" est un morceau aux airs naïfs porté par un arrangement musical presque enfantin et un accent natal volontairement accentué frôlant le grotesque. Il met en scène une histoire d’amour irréelle que le narrateur se plait à croire où il illustre une tentative maladroite de séduction en offrant des bonbons. C’est une pièce aussi amusante que dérangeante, ridicule qu’attendrissante. En contraste complet, "Le Dernier Repas" pose un cadre grave et pesant où l’accent est sur la voix plutôt que sur des envolées musicales. Le tempo pesant et implacable accompagné de progressions harmoniques parfois inattendues donne un sentiment d’ambiguïté entre humour noir et gravité. Et allez, "Au Suivant". Le chant atteint des moments presque parlés. À l’image d’une file d’attente, ce morceau dénonce avec une précision acerbe la déshumanisation. Le rythme strict et répétitif symbolise la mécanique froide des systèmes oppressifs qui broient les individus. Encore une pièce de théâtre où BREL incarne les paroles et qui, de la résignation à l’indignation, dans un tourbillon de crescendos et d’orchestrations atteint un point culminant et rend "Au Suivant" intemporel et viscéralement marquant par sa forme.

Mathilde est un album riche en tout point. L’audace de l’accompagnement musical parvient magnifiquement à suivre la cadence et à vivre au rythme des paroles effrénées de BREL accompagnant sa voix théâtrale. Cet opus marque un jalon dans sa carrière musicale où l’on peut suivre l’évolution de son art, les sujets se font moins légers, les textes et les interprétations plus poignantes encore. Si à ce stade BREL n’a plus à prouver quoi que ce soit, cet opus ne confirme que davantage son génie et avec des titres tels que "Mathilde", "Jef", "Au Suivant" ou "Les Bonbons", impossible de mettre en dessous de cinq.

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1. Mathilde
2. Le Tango Funèbre
3. Les Bergers
4. Titine
5. Jef
6. Les Bonbons
7. Le Dernier Repas
8. Au Suivant



             



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