AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Winds Of Change est la troisième et dernière participation d’Alec R. COSTANDINOS à une bande originale de film, et sa deuxième B.O. complète après Trocadéro Bleu Citron (1978). Changement total de registre, entre une toute petite comédie romantique à la médiocre réputation, et un anime pour le moins ambitieux puisque s’agissant d’une adaptation de cinq épisodes de la mythologie grecque antique contés dans les Métamorphoses d’Ovide, réalisée par Takashi Masunaga et animée à Hollywood, pour une avant-première en 1978 à Albuquerque au Nouveau-Mexique. Pour chacune de ces légendes, le héros principal est incarné par un même petit personnage, tel un acteur fictif.

Si les deux bandes originales sont de structure semblable, c’est-à-dire une longue suite sur une face et plusieurs courtes pièces pop suivies d’un instrumental sur l’autre, le gain de qualité est remarquable. D’une sucrerie à l’arrière-goût de variétoche, nous passons à une œuvre Disco élaborée. La suite-titre est l’une des toutes meilleures jamais composées par Alec R. COSTANDINOS. Celui-ci s’est surpassé et il n’y a guère que le refrain qui soit légèrement édulcoré, et encore, sur ce plan là, c’est nettement mieux que les thèmes de "Romeo & Juliet", "Trocadéro Bleu Citron" ou "You Must Be Love". Cette commposition a été dispersée dans le film pour fournir des illustrations instrumentales. Ainsi que la seconde face du précédent album You Must Be Love, la formation instrumentale est celle de BAD NEWS TRAVELS FAST, formation jazz-funk française produite par Alec. La section de chœurs est bien moindre que sur la plupart des autres albums d’Alec et ce n’est pas plus mal.

La seconde face aligne donc des compositions plus conventionnelles. La première chanson "Red Hot River Of Fire" est interprétée par la chanteuse afro-américaine Pattie BROOKS alors signée chez Casablanca. Les quatre suivantes voient la participation d’Arthur Simms, lequel réalisera l’année suivante un album en commun avec son frère John, avec Alec en tant que producteur. Le résultat est une nouvelle fois bien meilleur que les niaiseries chantées par SHAKE sur Trocadéro Bleu Citron. Même les deux ballades "Future Legend" et "You Gave Me Dreams" se suivent sans peine, grâce à un juste équilibre entre élaboration et consensualité. "Creation Of Man", l’instrumental de clôture (et le thème du générique du film), est, du haut de ses quatre minutes et demie, une superbe composition à tiroirs.

Chaque légende, à l’exception d’une (Mercure, Athéna et Invidia), est illustrée par une ou deux chansons: Persée missionné par Zeus pour vaincre Méduse, la troisième Gorgone ("Where Are You Going, Perseus?" et "Future Legend"), le chasseur Actaeon châtié par Diane, déesse de la chasse ("You Gave Me Dreams"), Orphée et Eurydice ("Star Child" et à nouveau "You Gave Me Dreams"), Phaeton subtilisant les chevaux de feu d’Hélios, dieu du Soleil ("Red Hot River Of Fire", également présent au générique de fin), en alternance avec des extraits de la suite "Winds Of Change" comme dit plus haut, et des thèmes inédits, pour certains composés par les Américains Billy Goldenberg et Robert Randles. Certains thèmes portent clairement le style d’Alec, mais pour d’autres, il est difficile de trancher. Il s’agit de passages instrumentaux, électroniques ou orchestraux, rythmés ou non, souvent de toute beauté, et qu’il est fort regrettable de ne pas avoir publié sur disque – on a bien fait des albums multiples pour Saturday Night Fever et Thank God It’s Friday, non?

En conclusion, ce film est intrigant à défaut d’être excellent, à mi-chemin entre le Disney-like pour la technique et la japanimation pour la mise en scène, ce qui aboutit à quelques séquences lunaires (la scène des fées…) mais à d’autres tout à fait captivantes. La bande-son est des plus réussies, y compris les passages inédits sur album, et vaut à elle seule le visionnage du film.