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- Membre : Caravan

Murray HEAD - Nigel Lived (1973)
Par MARCO STIVELL le 27 Janvier 2013          Consultée 4116 fois

D'origine celte, Murray HEAD naît le 5 mars 1946 d'une mère actrice (Helen Shingler) et d'un père (Seafield Head) producteur et réalisateur de documentaires. Il est ainsi très vite en contact avec le milieu artistique, cinématographique bien sûr mais aussi musical. Après avoir passé plusieurs années au lycée français de Londres (il tombera amoureux de la France), il signe son premier contrat avec EMI à 17 ans puis, entre les projets de films (Sunday Bloody Saunday de John Schlesinger notamment), il participe à de prestigieuses comédies musicales telles que Hair et Jesus Christ Superstar. Le succès engendré avec elles et celui de ce premier album solo forme un beau décalage.

Nigel Lived est le premier album de Murray HEAD et son plus ambitieux. Il s'agit en réalité d'un concept-album, oui messieurs-dames. Un songwriter trouve le journal de Nigel, et va s'en servir de base pour l'écriture de ses propres chansons. Celles-ci relateront le départ de Nigel de la campagne pour la ville et sa vie d'acteur avec les succès et la dégringolade nécessaires à tout opéra-rock de ce type. Grand amateur de musiques sophistiquées et savant déjà s'entourer considérablement bien, Murray qui écrit et compose toutes les chansons fait appel à des pointures telles que le musicien de jazz Tony Coe (la Panthère Rose, c'est lui), le batteur Cozy Powell, le percussionniste Ray Cooper et la harpiste Skaila Kanga (tous deux connus pour avoir joué avec Elton John), ainsi que de grands noms du rock progressif : Jimmy Hastings de Caravan, et les frères Giles de King Crimson ! Voilà qui a de quoi mettre l'eau à la bouche des anti-conformistes envers la musique grand public.

Effectivement, ce disque de quatorze chansons est une sorte de salade composée des musiques de son époque, rock progressif, jazz, pop, folk, mais à la sauce piquante. Les quatre premières chansons sont marquées par les séquences obligatoires de bruits urbains, lorsque Nigel arrive en ville, et forcément cela entraîne des considérations plutôt blues ou jazz, où le duo chant-guitare acoustique est accompagnée par une batterie échevelée, une basse vrombissante et une kyrielle de saxophonistes, en groupe ou en solo. Il faut retenir également les prestations pianistiques époustouflantes de Peter Robinson et de Fiachra Trench. On retrouvera plus tard cette ambiance sur l'étonnant «Dole», aux saxos rageurs et qui donne l'impression de se retrouver dans un troquet enfumé à quatre heures du matin. On notera déjà l'envie de l'artiste de s'éloigner pour le moment -ces trois derniers mots sont à souligner au gros feutre rouge- des mélodies et arrangements conventionnels, au point qu'il soit difficile d'y trouver un quelconque relief.

Arrive alors «Ruthie» et son ton purement folk, inscrivant Murray dans la lignée des chanteurs tels que Cat Stevens. Dans la même lignée, il y a «Miss Illusion» et «When You Wake Up in the Morning». Le ton ensuite est très changeant. On tombe sur un rock'n'roll («City Scurry»), un blues appelé «Why Do We Have to Hurt Our Friends» où Murray tente d'imiter Bob Dylan, le très pop «Nigel, Nigel» qui donne l'effet d'un «Eleanor Rigby» façon HEAD (au début en tout cas, après ça change encore), ou une rêverie funèbre aux grands orgues totalement inattendue («Pity the Poor Consumer»). Plus on avance vers la fin de l'album, plus celui-ci se révèle aventureux. «Religion» passe facilement d'un élan folk à une variation en calypso où brillent les steel drums si exotiques, pour se terminer avec des choeurs grégoriens ! Et «Junk», du haut de ses presque neuf minutes, remporte la palme de la chanson la plus longue et expérimentale jamais écrite par Murray. Deux tournes acoustiques encadrent toute une série de séquences diverses, bruitistes ou musicalement maléfiques.

Nigel Lived est d'emblée un album intéressant pour tout cela, pour cette volonté de recherche et cette richesse de propos. Néanmoins vous avez bien vu ma note qui est plus que subjective, même si je pourrais parier sur le fait de ne pas être le seul à le ressentir ainsi. Nigel Lived ne me procure, et je le regrette, presque aucun plaisir. J'ai essayé de nombreuses fois, mais même en l'écoutant avec une oreille détachée de l'amour habituel pour les mélodies et autres choses séduisantes, je n'arrive à retenir aucun grand moment de l'ensemble. Je ne retiens que «Pity the Poor Consumer» pour son côté impressionnant, «Religion» pour ses steel drums bien trouvées, et surtout «Ruthie», seule vraie belle chanson offerte. Pour le reste, l'idée était louable, mais j'ai l'impression que Murray s'est laissé dépasser par l'ambition du concept. Reste le chant, déjà habité et fort. Il sera alors désarmant de constater le décalage, encore un, entre les résultats artistiques de cet album et du suivant...

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   MARCO STIVELL

 
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- Murray Head (chant, guitare)
- Mark Warner (guitares)
- Peter Giles (basse)
- Dave Wintour (basse)
- Clive Chaman (basse)
- Phil Chen (basse)
- Spike Heatley (basse, contrebasse)
- Michael Giles (batterie, percussions)
- Cozy Powell (batterie)
- Glen Lefleur (batterie)
- Barry Desouza (batterie, congas)
- Miguel Barrados (batterie, steel guitare)
- Ray Cooper (percussions)
- Franck Ricotti (percussions)
- Chris Karan (tablas)
- Peter Robinson (pianos, orgues, clavinette)
- Fiachra Trench (piano, orgue, claviers)
- Nick Decaro (accordéon, arrangements des cordes et cuivres)
- Jimmy Hastings (saxophone, clarinette)
- Tony Coe (saxophone, clarinette)
- Jim Chester (saxophones, clarinette, hautbois)
- Tommy Whittle (saxophone, clarinette)
- Chris Mercer (saxophones ténor, baryton, jouet et électrique)
- Henry Lowther (trompette, cor)
- Ralph Ho (cor)
- John Donnelly (trompette, cor, bugle)
- Dave Chaman (cor)
- David Chapman (trombone)
- Martin Fry (tuba, cor)
- Christopher Neil (harmonica)
- James Harpham (flûtes à bec)
- Michael Rennie (cordes)
- Jack Rothstein (cordes)
- Graham Preskett (violon électrique, mandoline)
- Skaila Kanga (harpe électrique, harmonica)
- Timothy Bond (direction du choeur)
- Sue Glover (choeurs)
- Sunny Leslie (choeurs)
- Kay Garner (choeurs)
- Sue Garner (choeurs)


1. Pacing On The Station
2. Big City
3. Bed And Breakfast
4. The Party
5. Ruthie
6. City Scurry
7. When You Wake Up In The Morning
8. Why Do We Have To Hurt Our Friends
9. Pity The Poor Consumer
10. Dole
11. Nigel, Nigel
12. Miss Illusion
13. Religion
14. Junk



             



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