Il fallait bien que Murray HEAD sorte son propre disque de reprises, à une époque où tous les artistes internationaux, plus ou moins vendeurs, sont soumis à un tel carcan. Remarque, ça le change un peu aussi des reprises qu'on lui demande de faire de lui-même.

D'un autre côté, il faut voir aussi le peu de remous que crée son retour à la composition en 2007. Depuis Rien N'est Ecrit, cinq années ont passé. Arrive My Back Pages et forcément, on se réintéresse quelque peu à l'interprète pourtant décrit inoubliable de "Say It Ain't So" et "One Night in Bangkok". Néanmoins, le disque ne se vend pas par camions non plus.

Certains journalistes soulèvent quand même un point non négligeable : des reprises fidèles et des reprises étonnantes. C'est tellement rare qu'un artiste du niveau de Murray HEAD parvienne à étonner lorsqu'il s'approprie une ou des chansons d'un autre ou des autres. J'avoue ne pas m'être jeté sur l'album pour autant, l'écoute s'est faite plus que tardivement.

My Back Pages reprend la même idée que beaucoup d'autres du même genre, privilégiant les chansons qui ont marqué l'artiste. Seulement, dès le départ, on sent une énergie communicative, une chaleur rock et soul qui rompt avec l'esprit folk et pop soft des derniers albums de HEAD. Les guitares crachent de la saturation dès le début de "One, Two, Three", et Murray chante avec la même puissance que lorsqu'il chantait pour Jesus Christ Superstar.

Sa fille et chanteuse préférée, Sophie, est présente mais pas davantage, hélas une fois de plus ! La rythmique et les cuivres jouent fort, on goûte à un son rétro parfaitement assumé. Cet ensemble revient plus loin sur une reprise du "Beds Are Burning" de MIDNIGHT OIL, version blues-rock des familles. Et c'est plutôt bon !

Murray HEAD n'oublie pas qu'avec le temps il est devenu un grand nom de la musique folk et enchaîne avec bonheur les reprises de "Going Back" (Carole KING, différente de celle de Phil COLLINS trois ans plus tôt, donc), de "My Back Pages" (Bob DYLAN), et de "Won't Get Fooled Again" (THE WHO).

Cette dernière obtient la palme de la reprise la plus originale, avec ses violons orientaux qui reprennent le thème de synthé du début, et la suite de la chanson orientée folk et country. Chose loin d'être ridicule, il suffit d'avoir écouté les anciens disques de HEAD pour le savoir à l'avance. Nul besoin de se mesurer à Roger Daltrey et sa bande sur un terrain rock téléphoné, sachant que l'originale est imbattable.

Rien à redire concernant le reste non plus. Le choix des chansons, sympathique, renvoie au meilleur de ROXY MUSIC (puisque leur dernier album, Avalon, en fait partie), comme "Dust in the Wind" qui ferme la période dorée de KANSAS. Pas de nouveauté ici, juste le plaisir d'entendre HEAD poser, sur ces merveilles, sa voix qui n'a rien perdu en beauté.

La fin du disque est encore très classieuse avec des chansons plus récentes, "Missing" du groupe EVERYTHING BUT THE GIRL, "You Gotta Be" de la chanteuse DES'REE et "White Flag", un des plus beaux morceaux de DIDO. De la pop aérienne qui sied bien à notre chanteur anglo-pyrénéen.

Et voilà, rien à ajouter sinon que ce disque (qu'on n'espère pas comme son dernier !) est vraiment bien fait, avec des arrangements qui peuvent sonner un peu lourds parfois, mais ça passe. Et, surtout, ce n'est pas un album pépère de star du troisième âge (HEAD a 66 ans) pour retraités nostalgiques. On croit même entendre un jeune premier !