In Your Face débute par ce qui est sans doute le titre le plus percutant et le plus direct proposé par KINGDOM COME dans sa carrière : « Do you like it », véritable tube hard rock qui, au moment de sa sortie 1989, dépassait de la tête et des épaules tout ce que le hard rock américain, pourtant en pleine bourre, pouvait proposer de meilleur. Lenny Wolf, conscient que la popularité acquise par son jeune groupe après la sortie de son premier album (tiens, Led Zeppelin s'est reformé?), avait alors à cœur de démontrer toute l'étendue de son talent. Malheureusement, l'album qui devait être celui de la confirmation s’avérera être celui de la désillusion.

En s'adjugeant les services du producteur Keith Olsen, alors très en vogue dans le milieu hard rock (Rick Springfield, Scorpions, Ozzy Osbourne ou Whitesnake feront appel à lui), KINGDOM COME part sur de bonnes bases, évitant d’édulcorer sa musique avec des claviers mielleux, pourtant très en vogue (seul « Gotta go » en souffrira légèrement). In Your Face est, comme son titre l'indique, un album mordant et énergique, duquel se dégage une évidente envie d'en découdre. Épaulé par une équipe de compositeurs compétents (parmi lesquels son frère Marty), Lenny Wolf se fait l'auteur d'une dizaine de titres hard rock ou bluesy intéressants et chaloupés, dégageant pour la plupart une sensualité apportée principalement par des rythmiques lentes et la voix suaves du chanteur (« Just like a wild rose »).

Les quatre premiers titres sont à classer parmi ce que le groupe américano-germanique a écrit de meilleur. Le brûlot « Do you like it » bien sûr, dont le clip décoiffant retranscrit parfaitement l'énergie du morceau, « Who do you love », lumineux et racé, « The wind », titre blues-rock au riff plombé, et « Gotta go », morceau doté d'un des refrains les plus inspirés du groupe. Sans faire de démonstration outre mesure de ses capacités, KINGDOM COME propose un hard rock travaillé, interprété par des artistes de talent.

La deuxième moitié de l'album s'avère néanmoins légèrement en deçà du reste. Si « Highway 6 », titre bluesy se transformant rapidement en pépite hard rock épique, « Perfect O » (qui, il faut le reconnaître, rappelle fortement Led Zeppelin) et « Mean Dirty Joe », titre agressif inutilement lent et pesant, déçoivent légèrement. « Overrated », avec son riff à la AC/DC et son refrain persistant, et surtout le titre final, « Stargazer », pièce réflexive et ultra-mélodique, dont les paroles et les mélodies donnent un avant-goût des réalisations futures du groupe, viennent terminer l'album en beauté.

La valeur intrinsèque d'In your Face ne sera néanmoins pas suffisante pour assurer à KINGDOM COME un avenir radieux, et la déception commerciale engendrée par l'album signera la fin du groupe, tout du moins sous cette forme, chacun s'en allant naviguer sous d'autres cieux, à l'exception bien sûr de la tête-pensante Lenny Wolf. L'album reste malgré tout chaudement recommandable pour les amateurs d'un hard rock racé et épidermique.