Après Barson en 85, c'est au tour de Woodgate et Bedford, soit la section rythmique de MADNESS - pas rien dans un groupe de ska ! - , de quitter le navire, qui prend donc très sérieusement l'eau de toutes parts. C'est le moment ou Cathal Smyth, notre Chas Smash à tous, se sent pousser des ailes et tente de reprendre la direction de nos londoniens en pertre de vitesse en cette fin des eighties. Le fier vaisseau se mue donc en barquasse de sauvetage, avec une équipe réduite ou la gratte de Forman, le sax de Kix et la voix de Suggs se doivent de faire la différence à eux seuls. il faut aussi changer la donne, changer de nom... Malgré l'aide d'une armée de fans, les mecs se décident pour le pis aller de "THE MADNESS"... Mouais, il semble qu'on manquait d'idées...

Les deux chanteurs cinglés vont donc confisquer la composition de l'opus dans sa quasi intégralité. C'est d'ailleurs Suggs qui se charge avec Chrissie Boy de la programmation des parties de batterie... On est en 88, le règne de la bécane à rythme.. Le son prend d'ailleurs une belle claque à cette occase. Certes il est propre, mais est-ce la finalité d'un groupe de ska ?

Nous avons donc moult compositions de l'homme orchestre de Camden : avec "Nail down the days" Chas revisite de manière totale les influences du groupe en insistant sur l'aspect alternatif, sa voix sonne d'ailleurs presque comme celle de son pote Morrissey des SMITH. Une grosse gratte, des cuivres plus pop que ska et une volonté de reconstruire sur de nouvelles bases, c'est évident, cela nous donne le meilleur morceau de l'album. S'ensuit le premier single "What's that" et son esprit "jazzy" ainsi que les aiment Chas, pas désagréable mais pas transcendant. Je ne suis pas fan de "Flashings" ou de "Oh", en revanche la très pop "Song in red" a de la qualité. Pas la moindre trace de ska pour finir sur "Gabriel's horn", cela se veut plus moderne et mainstream, mais aussi beaucoup moins fun...

Suggs tente de prendre la relève : c'est l'orientalisante "In wonder" qui débute de jolie manière, puis enfin nous avons du ska avec la sympa "Nightmare nightmare" et son Mellotron à la Stevie WONDER. La poppy "Thunder and lightning" se laisse apprivoiser mais le reste des titres se révèle anecdotique... Pour le reste des compos de l'album, on réintégre pas mal les rangs de la new wave avec "Be good boy", et le single "I pronounce you" surnage tout de même grâce à la jolie guitare de Forman qui lui donne un air caribéin et un petit parfum de jouvence renaît alors... Il était temps d'y revenir.

Il faut regarder les choses en face : malgré ma tendresse pour les deux chanteurs de MADNESS, je dois admettre que les pertes conjuguées de Barson et de la section rythmique à haute vibration du groupe ont fondamentalement changé la donne. Chas et Suggs ont souhaité repartir de presque zéro, mais les choix effectués si on excepte le premier titre, ne sont clairement pas à la hauteur de ce que nos olibrius préférés ont pondu jusqu'à présent... Cet album est donc un échec artistique. Le risque pris était certes admirable, mais le pari n'est pas tenu...

Le succès va les ignorer et cet opus signe la fin du groupe pour un paquet de temps....