PAN ! Redistribution des cartes dans le groupe des fous furieux ! Exit le maître à penser fondateur Mike 'Mr Barso" Barson. Il va falloir trouver les moyens de rebondir ! Les deux chanteurs Suggs et Chas prennent alors les choses en main. On embauche tout d'abord un clavier qui restera dans l'ombre pour faire le job. Et puis matez donc cette couverture, en hommage à "With the Beatles" deuxième album des scarabées et son coup de dés photographique. Ici cependant, les deux vocalistes sont trois fois plus gros que les autres membres de MADNESS. Attention aux querelles d'égo... Et c'est ainsi que se lance les gars de Camden pour ce sixième opus, nous sommes en 85.

C'est pourtant le guitariste "Chrissie boy" Forman qui propose les deux premiers singles, le premier "Yesterday"s men" au tempo lent, ressemble à s'y méprendre à du Sir Elton JOHN de l'époque. Le deuxième "Uncle sam" est un petit rocksteady de bon aloi à la vidéo - comme toujours - super amusante. Enfin le troisième single est une reprise- très rare chez MADNESS - de SCRITTI POLITI, un obscur groupe galois - Des potes de beuverie sans doute - "The sweetest girl" au ton très new wave, est éloignée des préoccupations habituelles de nos loustics. "Ghost train" a ensuite été rajouté aux bonus de l'album, un bon titre dans la tradition. Tout ceci n'est pas de la dernière rigolade !

C'est définitivement ailleurs que dans les singles qu'il faut nous sustenter pour cette livraison : C'est la superbe "Time" du joyeux dégénéré Chas Smash qui tient la corde à mon sens dans cet album. Un titre d'une trempe rare chantée avec beaucoup de décontraction par ce bon Suggs. C'est à nouveau de la new wave poppy de grande qualité. J'aurai vraiment choisi ce morceau comme single... L'orchestration de "Coldest day" se veut plus moderne, on touche clairement au domaine de la pop sur cette song très réussie, on croirait presque du EURYTHMICS. les influences new wave sont toujours présentes et toute trace de ska a ici disparu, le chant de Suggs ressemble à s'y méprendre à celui de Dave Gahan chez DEPECHE MODE. Enfin, la très pop "White heat" - encore une compo de Chas ! - est une petite merveille mélodique que tout le monde devrait apprécier.

La quasi totalité des titres est cependant sympa. "I'll compete" est un titre new wave mainstream dans la plus grande tradition, ça n'en fait pas un chef d'oeuvre pour autant, mais ça fonctionne. On soulignera aussi le chtit rythme jamaïquain de "Tears you can't hide". Les aspects psychiatriques de "Mad not mad" sont un écrin de choix pour un titre pareil ! Quand on y songe, un groupe prénommé Folie", qui appelle un de ces titres "fou pas fou" sur une musique totalement parano.... Il y aurait de la psychothérapie dans l'air ?

L'absence de Mike Barson, le grand architecte du son de MADNESS, n'a finalement été guère préjudiciable au groupe de ska. Certes la musique a subit une mutation évidente mais la relève a brillamment été assurée. On jouxte des terrains plus proches de la pop, moins démentiels, mais la qualité reste de mise, et la production certes moins vintage trouve une place de choix très "eighties". Un album très correct de Chas, Suggs and Cie.