Il aura fallu plus d'une décennie et bien des détours pour que MADNESS parviennent à se regrouper. De réunions chocs en happening célèbres - Nous verrons plus tard l'incroyable live Madstock de 92 -, nos échappés de l'asile finissent par prendre le taureau par les cornes en cette fin de millénaire et ainsi naît l'album de la résurrection, ce bien nommé Wonderful - Merveilleux ! - positif et qui semble malgré les années passées toujours aussi insouciant. Cela n'est pas allé sans tirer les conclusions qui s'imposaient : Mr Barso a réintégré son statut de chef d'orchestre et notre équipe de hand ball est au complet pour ce huitième album ! On notera toutefois le surprenant retrait de Chrissie boy Foreman des compositions.

Le single "Lovestruck" porte les espoirs des rois de la 2 tone dans le billboard britannique. La magistrale mélodie va remettre tout le monde dans le droit chemin, le groupe comme les fans, fraîche comme un crachin matinal sur Londres, elle montera jusqu'au top 10, une première pour eux depuis 83 ! C'est le duo magique reconstitué de Barso et Kix qui en est responsable. Chas pond le suivant "Johnny the horse", une chronique sur la vie des sans abris alcooliques qui peuplaient alors les rues de Londres, un ska mid tempo de fort belle extraction. Enfin, l'hilarante "Drip fed fred" achève les élans du groupe en cette année 99, on trouve en guest le légendaire ian DURY au chant, juste avant son décès quelques mois plus tard, un titre absolument loufoque signé à nouveau par le duo Barso Kix.

Cela dit, le titre de gloire de cette livraison est à ne pas rater, je vous engage vivement à l'écouter, il s'agit de la dynamique "The wizard" qui n'est pas une reprise du titre de BLACK SABBATH, non elle est bien mieux, sortie dieu seul sait comment de l'esprit enfiévré de Chas, elle doit autant au ska qu'à la fanfare avec son assise de cuivres en béton armé, et le refrain asséné par Suggs est un régal de bonne humeur - quelque part, ce titre les rapproche de nos NEGRESSES VERTES - même niveau de consommation d'alcool et même folie furieuse d'ailleurs - ! Bref, suivez-moi la dessus, car il est peu connu ! "4am" pourrait être tiré du catalogue des BEATLES, cela ne choquerait personne, les arrangements y sont superbes de simplicité... Cette simplicité qui est vraiment la marque de fabrique des gars de Camden town.

On retrouve le grand Chas au chant sur l'unique "The communicator" au ton enjoué et rigolard. Comme dab, on ne se prend guère au sérieux dans tout ce bordel ! Nous rettiendrons aussi la guitare Shadows, les lignes psychiatriques de claviers ainsi que les choeurs de "Going to the top", un autre morceau à retenir. Enfin, comme cet album est plein jusqu'à la gueule de surprises innombrables, je vous enjoins vivement l'écoute de "Elysium", un autre ovni dans leur discographie, un melting pot de toutes leurs influences, particulièrement réussi. Il reste à évoquer le cas de "If I didn't care" un vieux titre des années 30 vendu à l'époque à près de 20 millions d'unités, la version proposé par les boys est fort sympa, Suggs parvient à lui donner une identité plus moderne sans lui faire perdre son charme.

Bah, il est indéniable que cette fois, le pari de la reformation a porté ses fruits, plus juteux et gorgés de soleil que jamais. La musique de MADNESS s'est enrichie de la maturité inhérente à l'âge, mais n'a rien perdue de son mordant et de sa folie. Quand on y pense, quelle longévité dans la qualité ! Admirable et fortement conseillé !