Par ma foi, voilà le treizième album des tordus de MADNESS, leur précédent opus You Cant Touch us Now datant déjà de 2016, comme le temps passe ! Bien sûr, on déplore toujours l’absence de Chas Smash, parti faire le pitre sous d’autres cieux, c’est regrettable tant le second vocaliste du groupe apportait une patte essentielle. Mais nos joyeux lurons ne sont pas en reste quand il s’agit de foutre le bordel, il y a de quoi faire ! Et voyez donc cette superbe couverture qui met en scène les membres du groupe, toujours aussi doués pour faire les cons !

Mr Barso a ramené dans sa besace du moment les 2 singles, comme le plus souvent : "C’est la vie" porte bien son nom : les gars s’y fendent d’un refrain en sauce française, alors que Mr Barso nous pond une jolie ritournelle en guise de bridge au clavier. Pas le meilleur de l’histoire des fondus de Camden, mais il se laisse bien écouter, ce petit rythme rocksteady. Le suivant est "Baby Burglar", bâti comme une comptine jamaïcaine, avec toujours la petite touche de folie furieuse qui caractérise si bien les compos de nos spécialistes de Nutty Walk. Pas de réelle surprise sur "Hour Of Need", qui propose une belle orchestration psychiatrique, mais personne n’en doutait. "The Law According To Dr Kippah" à nouveau chantée par Kix Thompson, se présente comme une des bonnes surprises de l’opus. "Beginners 101" ne me semble guère convaincante, le génial clavier des dingues a déjà été beaucoup plus original et brillant, c’est beaucoup de bruit pour rien, malgré un délire bien psychiatrique en terme de son.

On remonte le temps jusqu’à la fin des sixties pour "If Go Mad", construite comme c’est rarement le cas sur un riff de guitare pondu par Graham "Suggs" McPherson. C’est inhabituel pour le groupe, mais le chanteur principal a proposé deux autres chansons : l’éponyme "Theatre Of The Absurd" qui penche plus vers une pop aux forts relents britanniques. On y sent l’influence des groupes majeurs tels les BEATLES ou les KINKS. "In My Street" poursuit cette quête des années de gloire avec quelques éléments ska. Pas de quoi en pondre des caramels mous, mais tout ceci est bien sympa.

Le gratteux rose Chris Foreman s’est pointé avec plusieurs titres sous le bras : "What On Earth Is It" renoue avec les éléments loufoques du groupe où les cuivres tressautent sous la voix du dingo Kix le sax. Seul MADNESS joue de cette manière, même si "Lockdown And Frack Off" sonne carrément reggae par instants, ne serait-ce que l'entêtante gratte qui donne envie de sauter dans tous les sens, un des moments rois de cette galette. "Is There Anybody Out There" est plus entendu, plus pop, toujours agréable. "Run For Your Life" est un brin répétitive, alors que "Set Me Free" œuvre dans un registre pop évident. "Round We Go" est une composition du batteur Woodgate pour une coda cool.

Pour ma part, je ne mettrai pas cette sortie dans les principales de MADNESS, le partage des compositions me semble moins efficace qu'autrefois où la complémentarité et la cohésion semblaient plus fortes. Je peux me tromper d’autant que, pour la première fois, le disque atteint la première place du billboard grand-breton, une performance rare à souligner pour les ténors de la ska two tone. Les SPECIALS sont toujours en bonne compagnie. Malgré les années qui passent, rien n’y fait, le succès est toujours là. Je suis mitigé sur la plupart des compos, toujours de bon aloi avec quelques fulgurances mais pas de quoi mettre plus de trois étoiles.