AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

[Nous chroniquons ici l'album original, la réédition de 1999 comporte d'autres morceaux présents dans le film, mais qui sont également disponibles sur des albums précédents des BEATLES, les chroniquer ne présente donc pas d'intérêt]

En 1968, tout est bon pour traire la machine BEATLES jusqu'à la dernière goutte. Même les impliquer dans un long métrage animé naïf et auto-glorifiant, qui s'appuie sur la célèbre chanson enfantine de l'album Revolver (1966). A l'époque de la naissance du psychédélisme on peut accueillir avec bienveillance un délire coloré d'1h30 qui ressemble aux chouettes animations de Terry Gilliam dans le Flying Circus (qui, elles, ont la bonne idée de se limiter à une minute). Aujourd'hui, même si le graphisme et les couleurs sont des témoins éclatants de la créativité de l'époque, il est plus difficile de se le farcir sans broncher. En gros, c'est l'histoire d'un pays imaginaire (Pepperland) attaqué par des méchants qui vident ce pays de ses couleur... un sous-marin jaune est envoyé pour chercher les sauveurs qui seront qui-vous-savez. Vous voyez le genre. Le fan hardcore peut y trouver des moments de félicité (j'avoue), mais pour les autres, faut être prêt mentalement pour un voyage peu conventionnel.

Plein de chansons des Fab Four illustrent ce cartoon (c'est le but !), les transitions étant composées par George MARTIN – la moitié du disque n'est donc même pas un album des BEATLES... Parmi les chansons de la face A, seules 4 sur les 6 sont inédites. Nous ne parlerons pas ici de « Yellow Submarine » et « All You Need Is Love », présentes sur d'autres albums.

Parmi les 4 morceaux inédits, trois sont carrément dispensables, chose rare à l'époque pour les rois de la pop sixties. « All Together Now » est une scie boy-scout sans inventivité indigne de John et Macca. « Only a Northern Song » permet à George de recycler sa mélodie de « If I Needed Someone » en croyant que personne ne va le gauler (cette chanson lui sert à régler ses comptes avec Northen Songs Ldt, société d'édition des compos du groupe)... et « It's All Too Much » ressemble à un fond de tiroir enregistré sans conviction, dont les 6 minutes essaient d'installer une transe qui ne fonctionne absolument pas.

Heureusement il y a « Hey Bulldog » ! Son gimmick de piano diaboliquement rock, repris par les guitares ensuite, la voix agressive de LENNON sur la basse incroyable de McCARTNEY, les aboiements de la coda... un régal ! Elle seule justifie l'acquisition du disque.

Toute la face B est remplie d'instrumentaux de George MARTIN qui ne présentent pas d'intérêt particulier, ni dans les mélodies, ni dans l'orchestration ou l'écriture. Pas désagréables, ça non, mais leur écoute en dehors du contexte du film n'a que peu de sens. Son immense talent d'arrangeur et de producteur lui permet de faire une version orchestrale du morceau-titre, elle aussi totalement anecdotique.

Un des rares disques des BEATLES qui ne soit pas indispensable.