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The BEATLES - Let It Be (1970)
Par DANTES le 21 Août 2008          Consultée 28366 fois

Ah, Let It Be…. Que n’a-t-on dit et surtout tu, au sujet de cet album…

Douzième et avant dernier album du groupe (en comptant les galettes des quatre films), Let It Be souffre de s’être vu attribuer, tout du moins dans la psyché collective des amateurs du quatuor, le fort peu affriolant titre de « Pire album des Beatles », titre qu’il conserve, envers et contre tout, près de quarante années après sa naissance.
Et oui, Let It Be est, si on ne devait n’en conserver qu’un seul, « L’album de la controverse » et cela bien au-delà des querelles de chapelles sans importances qui agitent généralement les discussions enflammées des fans du combo (juste pour rire, engagez la conversation avec plusieurs fans en leur demandant le titre du meilleur album du groupe, normalement, ça devrait saigner dru…).

Vilipendé par la masse critique, Let It Be souffre donc d’un douloureux déficit affectif, à un tel point que se sont formés au fil des années, un grand nombre de préjugés -parfois véridiques, souvent injustes- contribuant à alimenter la légende noire de l’album.
Peu objectif, ce comportement reste malgré tout, parfaitement compréhensible. En effet, Let It Be eut, et ce n’est là qu’un doucereux euphémisme, une histoire chaotique. Histoire qu’il convient absolument de dévoiler afin de permettre à tous de comprendre ce qui clocha dans la réalisation de cet album, et, ce n’est là qu’une modeste ambition de ma part, peut-être le juger sous un jour plus clément.

Nous sommes au début de l’an de grâce 1969. Après avoir, l’an passé, créé leur propre label et avoir sorti à quelques mois d’intervalles, le double blanc et Yellow Submarine, les Beatles se retrouvent aux studios de cinéma de Twickenham afin de préparer leur prochaine galette.
Or, à ce niveau, les problèmes et contradictions qui naquirent à l’époque de la gestation du double blanc refont surface, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont nombreux.

Tout d’abord, Paul est le seul à être vraiment enthousiaste, c’est lui qui a l’idée de répéter en studio des morceaux inédits qui se retrouveront sur un album capté en live. C’est cela le concept de base de Let It be : un album direct, épuré et sans fioritures (officiellement, le propos était le même pour l’album blanc mais les diverses expérimentations et la durée du disque auront eu raison de cette volonté de concision). Le brave homme a aussi l’idée d’amener quelques cameramen en studio histoire de filmer le groupe et, pourquoi pas, proposer ainsi un nouveau film ?
Seul problème, les autres membres du groupe ne sont pas très chauds. John, accro à l’héroïne et à Yoko, se fatigue de cette routine beatlienne tandis que George semble trouver plus de plaisir à jammer avec ses amis extérieurs au groupe (Dylan et surtout Clapton) que de servir de musicien de studio à un Paul devenu de plus en plus envahissant.

Let It Be sera, plus que tout autre, LE disque de Paul : devenu la seule véritable dynamique du quatuor, c’est lui qui insufflera quasiment toute l’énergie au groupe et signera logiquement la quasi-totalité des morceaux.
Mais bon, toute la bonne volonté du bassiste ne peut rien y changer : l’ambiance, dans ces froids studios, est pourrie, les engueulades fréquentes, George quitte même le groupe durant une petite journée, et pour couronner le tout, John amène de nouveau Yoko en studio, histoire de rajouter un protagoniste à ce choc des ego qui secoue le studio… Car c’est bien de cela qui s’agit : après des années et des années de travail en commun, la magie semble s’être évaporée……

Pour remédier à cette situation de blocage institutionnel inédit dans son histoire (bien que la gestation de l’album précédent ne se fit pas sans heurts), le groupe migre vers les studios d’Apple, place aux dimensions plus humaines, et se voit renforcé par l’apparition d’un cinquième membre temporaire, l’organiste de jazz Billy Preston.
Ravivés par cette nouvelle dynamique, les quatre compères regagnent un peu de mordant et terminent l’écriture de l’album. Dans la foulée, le groupe décide de mettre son projet de live à exécution : par pure fainéantise, (c’est que c’est lourd un ampli, mine de rien !) le matériel est installé sur le toit d’Apple, là sont joués, enregistrés et filmés une demi-douzaine de titres avant que la police ne vienne interrompre le spectacle.

Le groupe ne disposait donc pas d’assez de matériel pour envisager la sortie d’un réel album live et compensa logiquement en rajoutant des prises studios de titres non joués lors du live. Le tout, produit par George Martin et Glynn Johns, dormira de nombreux mois dans les armoires d’Apple (le film n’étant pas encore réalisé) avant que Allen Klein, manager du groupe, ne confie les bandes au très dérangé Phil Spector pour qu’il reproduise le tout.

Le résultat final est l’album que voici.

MUSICALEMENT (ben, oui, mais que voulez vous, on ne peut pas faire l’impasse sur le contexte de création de ce disque si l’on veut le comprendre…) Let It Be est le fidèle reflet de ces péripéties, reliquat des difficultés qui ont émaillé sa conception…

Physiquement, l’album comprend 12 titres, dont deux bouches trous (façon couplet/refrain), Dig It et Maggie Mae de respectivement 40 et 50 secondes absolument anecdotiques.
Pour le reste, l’album reste malgré tout, plutôt homogène. Si l’on fait l’impasse sur les deux titres surproduits par Phil Spector (« Across the universe » et « The long and wining road ») qui ne s’intègrent que très relativement à l’album, on se penchera sur les huit compositions qui forment le cœur de l’opus.
Presque toutes écrites par Macca (à l’exception de « I Me Mine » et « For Your Blue » écrites par George), ces chansons au format pop (aucune ne dépasse les 4 minutes) se voient gorgées de sonorités blues et d’une énergie rock and roll réellement communicative : même les titres les plus calmes comme «Let It Be» ou «For Your Blue» sont chargés de feeling et, après quelques écoutes, dévoilent leurs qualités. Et ce n’est rien en comparaison des titres les plus directs comme « I’ve Got a feeling » ou « Get Back », proprement jouissifs, surtout quand l’ami Paul se laisse aller à crier comme un beau diable (bon, ok, il ne s’est pas métamorphosé en Iggy pour autant mais il fait plaisir à entendre). Parmi ces compositions solides, on notera la présence discrète mais toujours juste de Billy Preston et les progrès effectués par George à la guitare. Ici, presque toutes les compositions sont dotées de solides solos bluesy (sur « One after 909 » notamment) rappelant l’amitié liant le guitariste moustachu à un certain Eric Clapton…
Quand aux deux titres « incriminés » par la production de Phil Spector, bien qu’ils aient quasiment perdu leur raison d’être de ballades intimistes, ils n’en restent pas moins poignants, surtout « Across the Universe » seule composition originale de John, rescapée des séances du double blanc…

En définitive, et après de très nombreuses écoutes, le verdict se doit de tomber : Let it Be n’est pas « le plus mauvais album des Beatles », il serait même……un bon album des Beatles ! Certes, Let It Be a été bâclé, partiellement mal produit, je concède son manque de cohérence et regrette les conditions de sa mise en boîte mais malgré tout, Let It Be est un album sincère, comprenant de bonnes (et parfois très bonnes) chansons et qui n’a, en conclusion, pas à rougir des albums qui l’ont précédé ni de celui qui l’a suivi.

Un bon album à redécouvrir.

3.5/5

P.S : la chronique de la version non produite par Phil Spector (« Let It Be…..Naked ») sera bientôt rédigée, histoire de satisfaire tout le monde.

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   (2 chroniques)



- Paul Maccarteney. (chant, basse, piano)
- George Harisson. (guitare solo, chant)
- John Lennon. (guitare rythmique, chant)
- Ringo Starr. (batterie)
- Billy Preston. (orgue)


1. Two Of Us
2. Dig A Pony
3. Across The Universe
4. I Me Mine
5. Dig It
6. Let It Be
7. Maggie Mae
8. I’ve Got A Feeling
9. One After 909
10. The Long And Wining Road
11. For Your Blue
12. Get Back



             



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