Barbra STREISAND a tellement de succès en cette année 1965 que CBS se met en tête de produire plusieurs émissions télévisées sur le thème de la chanteuse, c’est beaucoup ! Il y en au trois, toutes occasion de sortie d’un album dont le premier est celui que vous tenez entre les mains. Un exercice de style assez spécifique, peu de show télévisés de ce genre sont restés dans les mémoires, on citera celui du retour du king en 68. Mais, Barbra passe tellement bien à l’antenne qu’elle va ainsi passer de star de la chanson à petite fiancée de l’Amérique après ses shows. Tout est construit autour d’elle, enfance, passion, amour... tout est passé au crible. Voici donc le premier album Je m’appelle Barbra.

L’immense Leonard BERNSTEIN a fait don de l’introduction de ce spectacle télévisé, courte mais diablement efficace : "My Name Is Barbra" se lance. On continue dans la découverte de la vie de l’artiste au travers des chansons qui la symbolisent le mieux ."A Kid Again" et "I’m Five" évoquent l’enfance regrettée, de manière sensible ou dynamique, et notre Barbouze le fait passer avec talent pour ses cinq ans. C’est vraiment l’Amérique onirique qui se veut parfaite puisque lorsque Barbra chante "My Pa", elle se souvient de ce qu’elle n’a jamais connu. Mais je suppose que cela faisait pleurer dans les chaumières américaines. Ce détail mis à part, la chanson se laisse bien écouter. "Jenny Rebecca" décrit la vie rêvée d’une petite Américaine dans l’Amérique triomphante de l’après-guerre. Beaucoup de vibrations dans la voix de Barb. Enfin, les rapports avec les animaux sont de la partie dans "Sweet Zoo" qui vaut avant tout pour le décorum spectaculaire du show télévisé. Voilà pour l’enfance !

Puis c’est un amoncellement de classiques ! Barb retrouve toute la puissance de sa voix sur "Where Is The Wonder", toujours aussi originale et unique. La sublime "I Can See It" reste dans le domaine de la variété internationale certes, mais la dynamique de la composition ne s’en laisse nullement compter, on pourrait aisément comparer le style à celui du gallois Tom JONES ou de la bristish Petula CLARK à la même époque, carrément trépidant et cool. On entre dans le grand kitsch des musicals ricains avec "Why Did I Choose Yo". Rien à dire sur la prestation de miss STREISAND, cela dit. Si on doit chercher et choisir, ce titre a une belle gueule pour servir de classique. Ca chaloupe à mort sur "If You Were The Only Boy In The World", un chacha de superbe extraction, avec une Barb qui se livre à fond, mais sait-elle faire autrement ?

Et nous avons donc ce qu'on appelle des standards : le super classique des GERSHWIN "Someone To Watch Over You" aurait-il trouvé en Barbra l’interprète idéale ? La composition appartenait pour moi à Frank 'The Voice' SINATRA jusqu’à présent. Et là … la chanteuse ajoute toute sa capacité innée à faire sienne les plus belles chansons et...j’ai besoin de recul pour en décider mais sa performance est juste faramineuse. A nouveau la magie opère sur "I’ve Got No Strings"… Ouais je vous l’accorde, c’est encore pétri de bons sentiments mais putain ! Quelle maestria, non ? Jusqu’à cette deuxième portion de la compo qui la fait devenir presque rock, et miracle, c’est encore mieux ! Vivement qu’on entende ce qu’elle donne sur du rock ! "My Man" est la version anglaise de "Mon Homme"… Alors, la liste est longue ; les versions de Billie HOLIDAY et d’Ella FIZGERALD sont un brin surannées, je préfère la percussive de Peggy LEE ou la vaporeuse de Sarah VAUGHAN, mais au final, le tempérament de Barbra STREISAND me semble enterrer la décision. Chez nous bien sur la version de Juliette GRECO est celle à écouter.

Pas beaucoup de doutes sur la qualité de l’ensemble ! Barbra domine son sujet de la tête et des épaules et le monde entier se rend compte à cette occasion qu’elle est aussi sympa et maligne que sa voix est fabuleuse. Plusieurs classiques indémodables, un ensemble de belle extraction, même si on sourira à l’écoute des comptines pour enfants du début de disque. Mais elle joue si bien son rôle ! C’est donc un nouveau quatre évident pour ce sixième opus de Barbouze.