Six mois que la discographie du Marshall Tucker Band est en attente de mon bon vouloir. Six mois que je me trouve des tas de mauvaises raisons pour ne pas l’attaquer. En réalité, la vraie, l’unique raison, celle qu’il faut bien confesser, est que j’aime tellement leur musique, que j’ai un peu de mal à prendre le recul nécessaire. Aussi, je vais tenter de ne pas coller cinq étoiles à tous leurs albums.

Le MTB c’est la musique de l’Amérique, celle des grands espaces, celle des régions du Deep South, celle qui passe sur les radios FM. Certes le groupe est quasiment inconnu en France (d’accord cela ne prouve rien et ce n’est pas une référence) pourtant il est énorme dans son pays. Dans la catégorie classement par genre, il figure à la rubrique southern-rock, pourtant, vous en connaissez beaucoup des groupes du coin avec un flûtiste ? Alors, ne partez pas les petits gars, du southern-rock il en joue. "Mais pas que" comme ils disent dans les Tontons Flingueurs

C’est le mariage réussi de la country, attention pas celle que produit Nashville maintenant, aseptisée, calibrée, enregistrée à longueur d’année par les mêmes requins de studio. Ici c’est celle des campagnes, que les gars du coin viennent écouter le soir dans un rade au milieu de nulle part, en éclusant des bières, pendant que leurs meufs tentent vainement de les entraîner sur la piste pour danser. La musique du MTB raconte cette vie, les couchers de soleil sur la plaine, le bruit des chevaux sur la piste, regardez la pochette c’est un parfait résumé de l’ambiance.

C’est comme souvent une affaire de famille avec les frangins Caldwell, Tommy à la basse, Toy à la guitare, pour rappel, j’explique dans la chronique de l’album Live From Spartanburg l’origine du nom du groupe. New Life est le second album studio du groupe, enregistré encore au prestigieux studio Capricorn de Macon (Georgie), et sort quelques mois après leur premier LP éponyme.

L’album est très fortement teinté de country et ne possède pas de morceau moteur comme "Can’t you see" sur le précédent. Et il faut attendre la dernière chanson pour trouver une chanson plus originale "Fly Eagle Fly" avec ses paroles : "Makes me fly like an eagle /Higher and higher every day/Cause in my mind and in my dreams/I can't get her away".

On déplore toutefois deux fautes de goût, à savoir l’utilisation d’un mellotron dans "You Ain't Foolin' Me" et "24 Hours At A Time" et l’omni-présence du violon de Charlie Daniels dans le très country "A New Life" où Toy Caldwell fait péter son banjo, et encore sur le pourtant superbe Southern Woman". Mais "Blue Ridge Mountain Sky" est superbe, la voix de Doug Gray ajoutant de la majesté à la musique. Le genre d’éléments à faire baisser une note.

On peut considérer A New Life comme une transition entre l’excellent premier album et le suivant Where We All Belong où le groupe atteint un sommet.