Chers amis, je m’adresse à tous ceux qui ont l’esprit ouvert. Vous êtes fan de rock, de jazz, de country ou de blues ? Vous aimez ce qui sort des sentiers battus ? Mieux : vous êtes un dingue de western, de John Wayne, des grands espaces américains, d’une nature immense et généreuse ? Pire : vous aimez le drame, les histoires d’amour qui finissent mal ? Enfin vous chérissez plus que tout ces groupes dont tous les membres meurent les uns après les autres, pris par la faucheuse, piétinés par un troupeau de bisons en rogne ?
Ne cherchez pas plus loin, l’histoire que je m’apprête à vous conter est faite pour vous.

Le Marshall Tucker Band n’est pas un groupe comme les autres. On peut les rapprocher des Allman Brothers pour leur propension à digresser sur des thèmes ralliant toutes les musiques populaires américaines. Car nous sommes au pays de l’oncle Sam, ça oui ! Plus ricain tu meurs, tellement d’ailleurs que le groupe est quasiment inconnu dans nos contrées européennes, malgré un statut quasi culte aux US.

Cet album éponyme à la belle couverture contient le grand classique du Marshall Tucker : il s’agit de la complainte « Can’t you see », introduite par la flute de Jerry Eubanks, spécificité du groupe. Doug Gray, le chanteur principal s’impose d’emblée avec une belle voix chaude et vibrante. ^Mais toutes les compositions sont issues de Toy Caldwell, véritable leader du groupe, guitariste et fondateur du Tucker. « Can’t you see » est son hymne définitif, chanson représentative du groupe et pierre angulaire de leurs concerts. Et oui ! Car le Marshall Tucker joue du Southern Rock de tradition, même si leur approche n’est pas hard comme celle des Blackfoot, ni mainstream comme celle de 38 Special. Ils se rapprochent plus des Outlaws, nantis de cette fibre countrysante si originale. Le second frère Caldwell, Tommy, est à la basse et tient avec le batteur Paul Riddle une section rythmique de grande qualité.
Dés « Ramblin » on prend conscience des capacités de Toy en matière de soli de guitare, et des capacités du groupe à improviser de longues minutes sur un thème, quel qu’il soit.

Courte introduction, l’album propose des titres très variés: « Hillbilly band » est un véritable ovni, une agressivité évidente notamment dans le chant, des instruments traditionnels -violon et flute-, des soli partout. On y trouve même du chicken pickin proche du bluegrass, jusqu’à l’emballage final digne des plus grandes chevauchées du sudiste. Sacré ambiance !
« See you later I’m gone » et « Losing you » sont carrément country mais abritent quelques espaces jazzy de bon aloi, la lap steel y est cependant omniprésente. Plongez dans votre canapé, fermez les yeux et vous verrez John Wayne chevaucher dans Monument Valley, vraiment cool. La star multiplatine de la country américaine Garth Brooks les considère d’ailleurs comme un groupe légendaire et une de ses principales influences.
« AB’s song » donne un aspect traditionnel à l’album, alors que les gimmicks gospelisants de « My jésus told me » nous plongent dans une ambiance soudainement religieuse. Tout ceci étant d’excellente qualité, et servi par des instrumentistes remarquables.

L’ensemble n’a finalement pas beaucoup vieilli. Les radios américaines proposent à longueur de journée des titres du Marshall Tucker. Ce premier album dans la pléthorique discographie du groupe, un classique pour tout amoureux de musique populaire américaine est donc chaudement recommandable.
Et puis avouez : « The Marshall Tucker Band », ça sonne carrément mythique non ?