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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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2013 The Raven That Refuse...
2015 Hand. Cannot. Erase.
2016 4 ½
2017 To The Bone
2018 Home Invasion
2021 The Future Bites
2023 The Harmony Codex
 

- Membre : Porcupine Tree, Blackfield, Asia, Asia Featuring John Payne
- Style + Membre : No-man

Steven WILSON - To The Bone (2017)
Par AIGLE BLANC le 21 Février 2018          Consultée 3895 fois

A 51 ans, Steven WILSON livre avec To The Bone, son cinquième album solo et demie (si l'on tient compte du mini 4 1/2 qui s'intercale entre lui et Hand, Cannot, Erase), l'opus de vérité. En effet, l'auteur-compositeur-interprète se libère d'une image qui peut-être ne lui correspondait plus trop : celle d'un artiste quelque peu autiste et boulimique, multipliant les projets jusqu'à s'y perdre (NO-MAN, BLACKFIELD, PORCUPINE TREE), au point d'être traité de génie, du moins de musicien surdoué, par une partie de la presse spécialisée alors que la généraliste l'ignore totalement.

Nous pensions Steven WILSON hermétique à la notion de succès commercial. Alors que son groupe initial, PORCUPINE TREE, semblait au bord de la célébrité, il l'avait contre toute attente mis de côté pour se lancer, tardivement, à pas moins de 41 ans, dans une carrière solo, suivant ainsi le parcours inverse de beaucoup d'artistes qui ne choisissent de diversifier leurs activités qu'après avoir obtenu le succès et la reconnaissance souhaités. Une telle décision n'est pas sans rappeler celle, encore plus suicidaire, de Mark KNOPFLER dissolvant DIRE STRAITS, au moment où culminait la célébrité de son groupe, pour se consacrer, lui aussi, à une carrière solo étonnamment discrète après avoir tutoyé les cimes du succès. Mais ne faisons pas d'amalgame ni de contre-sens : Mark KNOPFLER avait dissous son super-groupe par ras-le-bol du succès.
La raison ayant poussé Steven WILSON à laisser PORCUPINE TREE au garage (pour combien de temps ?) est probablement aux antipodes de celle de M. KNOPFLER. A force de multiplier les projets musicaux, le chanteur au look d'éternel étudiant stagnait dans un relatif anonymat tandis que le succès honorable de PORCUPINE TREE lui faisait de l'ombre, l'entité étant bien plus connue que le patronyme de son unique maître d'oeuvre.

Les débuts solo de S. WILSON s'accompagnaient d'une volonté d'accéder enfin à une notoriété trop patiemment attendue et qu'il souhaitait accélérer. Le seul point auquel il n'avait pas pensé, c'est sa position d'artiste au sein de l'industrie musicale. Quand on a été abreuvé par son père, dans ses jeunes années, à la scène progressive (Mike OLDFIELD, JETHRO TULL, KING CRIMSON...), il n'est pas évident de s'imposer dans un registre honni pendant de nombreuses années suite au coup de gueule des Punks qui ont fustigé les dinosaures du rock progressif dont les suites à rallonge s'éloignaient de l'esprit initial du rock jusqu'à le tuer. Aujourd'hui, le rock progressif jouit d'un regain d'estime auprès de notre époque exsangue condamnée aux sempiternels revivals.
Dès son premier opus en solo, Steven WILSON assumant enfin ses inspirations progressives proposait des titres à la construction savante lorgnant du côté de son maître Robert FRIPP, chef de file de KING CRIMSON. Si le succès était assuré par une partie de la critique spécialisée, et par un public fidèle au bonhomme depuis PORCUPINE TREE, le constat était accablant : en créant une musique aussi savante, S. WILSON ne pouvait pas assurer un succès populaire comme il en rêvait. Car si sa vie depuis l'âge de 15 ans est entièrement dévolue à la musique, au détriment d'une vie de famille qu'il n'a jamais embrassée par le choix de n'avoir aucune relation amoureuse, ce n'est pas simplement par monomanie, mais parce qu'il pensait que seul un travail acharné était en mesure de lui ouvrir les portes de la reconnaissance populaire.

C'est ainsi que débarque To The Bone (A l'os), avec son titre symbolique par lequel s'affirme la volonté de WILSON de se libérer de tous les oripeaux qui brouillaient son image artistique. Son ambition enfin assumée (accéder au succès populaire), il livre un album étonnant où s'exprime son ouverture d'esprit qui le guide dans ses choix artistiques. Steven WILSON aime la pop et il le clame dans "Permanating" où le fantôme d'ABBA est assumé jusqu'au bout. Il ne manque rien à la panoplie, que ce soit la rythmique disco de Jeremy Stacey, l'orgue hammond de Adam Holzman ni la ligne vocale haut perchée, et dédoublée, de Steven WILSON. Passé le choc de la première surprise, force est cependant de reconnaître que ce titre hyper-accrocheur, qui transpire ABBA jusque dans ses fibres, bien que parfaitement composé et exécuté, ne dépasse pas le cadre du simple exercice de style, aussi doué que soit S. WILSON. Il est un pas entre l'hommage sincère et l'opportunisme que ce titre amorce dangereusement.
Les surprises ne s'arrêtent pas là : l'artiste nous bluffe franchement avec un Song of I que n'aurait nullement renié le grand PRINCE. Encore une fois, il pousse le mimétisme à un degré confondant, aussi bien la rythmique syncopée à souhait, déployée par la batterie de Craig Blundell et les programmations de S. WILSON, que le duo vocal qu'il forme avec Sophie Hunger (L'ombre du "Kiss" de PRINCE plane en filigrane), sans oublier le pont central où la section des cordes de Dave Stewart réactive brillamment la grande époque de la Soul de Millie JACKSON et d'Ann PEEBLES.

Le reste de l'album demeure plus proche des ambiances habituelles de Steven WILSON. Il semblerait que le caractère savant de sa musique se soit légèrement atténué, ce qui ne constitue en rien un défaut rédhibitoire. Cependant, le programme que propose l'artiste avec ce 6ème album solo se présente souvent comme le simple prolongement de ses travaux précédents. Sa musique, et surtout son style, marquent le pas d'une progression suspendue. Rien ne surprend ici l'auditeur familier de son auteur. Aucune faute de goût n'est à déplorer, mais sans aller cette fois jusqu'à l'enthousiasme auquel nous invitaient les derniers opus depuis The Raven That Refused To Sing.
Steven WILSON et son excellent groupe délivrent des titres pop-rock à tendance progressive où alternent passages atmosphériques, montées en puissance lyriques ("To the Bone"), refrains accrocheurs hérités de BLACKFIELD ("Nowhere Now"), aériens à souhait, brusques cassures noisy suivies d'amples passages gilmouriens ("The Same Asylum as Before"). On y croise aussi des relents de blues-rock soulignés par l'harmonica sinueux de Mark Feltham ("Refuge"). Il confirme encore brillamment la sensibilité avec laquelle il aborde les ballades rock avec notamment l'émouvante "Song of Unborn" qui conclut l'album sur une tonalité apaisée, sans oublier bien sûr la magnifique "Pariah" où Ninet Tayeb, déjà aperçue dans Hand, Cannot, Erase, livre une performance vocale de toute beauté et dont la dernière partie déploie un shoegazing lyrique irradiant : à coup sûr, mon coup de coeur de l'opus. La tendance de plus en plus marquée de l'artiste à faire appel à des choristes féminines, qui assurent parfois le chant principal ou des duos avec S. WILSON, est à mettre au crédit des apports positifs de sa musique. Cette présence féminine se fond aisément dans l'arrière-plan toujours très sensible de l'auteur.
"Detonation", titre le plus long du haut de ses 9 minutes sans remplissage, déploie dans les couplets une voix filtrée tandis que le refrain, puissant et aérien, offre un contre-poids toujours aussi magique à la noirceur de la composition. La dernière partie, instrumentale, plonge l'auditeur dans des rythmes funky, à coups de guitare slapée et de basse énorme, suprême hommage au Miles DAVIS des années 80. Un titre décidément virtuose.

To The Bone reste définitivement un bon album, tellement supérieur à la moyenne des productions de ces dix dernières années. Cependant, le virage populaire qu'il amorce suscite une interrogation. Quel visage abordera le prochain opus de Steven WILSON ? L'incertitude domine concernant l'intégrité de sa discographie à venir. Il a su nous étonner et nous convaincre, jusque dans ses volte-face précédentes. Alors, accordons-lui notre confiance, il la mérite amplement.

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   AIGLE BLANC

 
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   (3 chroniques)



- Steven Wilson (chant, guitare, claviers, mellotron, programmation)
- Ninet Tayeb (chant, chœur)
- Dave Kilminster (chœur)
- Sophie Hunger (chant)
- David Kollar (guitare solo)
- Paul Stacey (guitare solo)
- Robin Mullarkey (basse)
- Nick Beggs (basse)
- Mark Feltham (harmonica)
- Synergie Vocals (chorale)
- Adam Holzman (piano, clavinet, orgue)
- Jeremy Stacey (batteries)
- Craig Blundell (batteries)
- Pete Eckford (percussions)
- The London Session Orchestra (cordes)


1. To The Bone
2. Nowhere Now
3. Pariah
4. The Same Asylum As Before
5. Refuge
6. Permanating
7. Blank Tapes
8. People Who Eat Darkness
9. Song Of I
10. Detonation
11. Song Of Unborn



             



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