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2011 Grace For Drowning
2013 The Raven That Refuse...
2015 Hand. Cannot. Erase.
2016 4 ½
2017 To The Bone
2018 Home Invasion
2021 The Future Bites
2023 The Harmony Codex
 

- Membre : Porcupine Tree, Blackfield, Asia, Asia Featuring John Payne
- Style + Membre : No-man

Steven WILSON - The Harmony Codex (2023)
Par BRADFLOYD le 14 Octobre 2023          Consultée 1717 fois

Imaginez que vous arrivez dans un lieu idyllique où vous avez tout à satiété. Tout, en particulier la nourriture. Vous ne savez que choisir parce que vous aimez tout, absolument tout. Alors, tels les morfales en balade, vous prenez de tout. Vous savez que vous ne pourrez tout ingérer, alors vous en prenez de petites quantités. Mais de tout, tout en ayant peur de gâcher, d'avoir les yeux plus grands que le ventre. Mais c'est plus fort que vous, c'est le premier jour. Vous craignez de passer à côté de quelque chose de vachement chouette. Alors vous vous servez, et vous resservez. N'avez-vous rien oublié ? Et, au bout, vous êtes repus avec ce sentiment de ne pas avoir apprécié. Trop riche, trop lourd, trop bon. Mais vous êtes déçus. Alors, comme vous restez plusieurs jours, vous décidez de vous sustenter de manière plus raisonnable. Vous mangerez de tout, mais pas dans le même repas. Vous alternerez et vous apprécierez. Et plus le temps passera, plus vous apprécierez. Et, à la fin de votre séjour, comme c'est la dernière impression qui compte, vous mettrez la meilleure note possible parce que, ce que l'on vous a proposé, c'était une tuerie.

C'est exactement l'effet que me fait depuis plus d'une semaine The Harmony Codex, le dernier-né de Steven WILSON. Je sais que beaucoup parmi vous, et en particulier certains chroniqueurs (n'est-ce pas ELK ?), devaient se demander ce que je faisais à ne pas sortir la chronique d'un album tant attendu et paru le 29 septembre dernier. C'est que j'étais fortement ennuyé. Pour vous dire, quelque peu circonspect. Bon, si je vous raconte un peu ma vie, j'étais en plein déménagement et la première fois que j'ai écouté l'album, c'est dans le camion qui m'emmenait de la Normandie vers l'Auvergne. Pas les conditions idéales pour se concentrer sur un album comme celui-ci. Je me suis rattrapé depuis sur ma chaîne Hi-Fi en mettant les baffles à fond. M'en fous, je n'ai pas de voisins immédiats.

Première impression : le son. Monstrueux. Au delà de la création musicale, un travail extraordinaire d'un orfèvre en la matière. Seconde impression : gros travail sur le, je devrais dire sur les rythmes. Qu'ils soient électroniques ou effectués par des batteurs, en particulier Craig Blundell, c'est ce qui ressort le plus. Complexe, cette rythmique, voire cette arythmie, traverse les 64 minutes, avec des montées et des descentes de tension qui vous oblige à une extrême attention. Avec une nécessité d'écouter autre chose de plus 'habituel' pour mieux y revenir et apprécier le sujet. The Harmony Codex n'est pas un album que l'on écoute d'une manière distraite.

Ensuite, le premier ressenti global tient dans la complexité musicale ou plutôt le fait que Steven WILSON a écrit un opus peu facile à appréhender. Un opus qui mérite de nombreuses écoutes pour s'approprier les mélodies, certaines peu évidentes d'emblée. Et après quelques écoutes, vous vous rendez compte que vous êtes entré dans son univers, sans vous en être véritablement aperçu. Musique exigeante s'il en est, The Harmony Codex s'ouvre alors à vous et vous dévoile toutes ses subtilités.

Complexité écrivais-je. En fait Steven WILSON aborde tellement de styles en les entremêlant dans ce disque que cela devient amusant de les nommer (metal, shoegaze, pop, dance, jazz, free) et rechercher les références. Mais surtout, l'impression qu'il a digéré l'ensemble de sa carrière tout en se rapprochant des univers de ses deux albums les plus extraordinaires post-PORCUPINE TREE que sont The Raven et Hand.Cannot.Erase. Et, en même temps, il est capable de vous proposer encore et toujours quelque chose de nouveau, s'affranchissant des diktats de l'industrie musicale. Intégrez cela, Steven WILSON ne fait que ce qu'il veut, ce qui le rend aussi singulier. Et son public, malgré certains grincheux qui considèreront toujours que 'c'était mieux avant', ne fait que croître, et ce malgré la crise covidaire dont il a particulièrement souffert en ne pouvant défendre The Future Bites sur scène. Un disque qu'il analysait, d'ailleurs avec un certain recul, comme étant asynchrone avec l'époque durant laquelle il était sorti.

Pour cet album, SW a fait appel à son équipe habituelle, augmentée de musiciens capables de l'accompagner pour élargir son univers en lorgnant notamment vers le jazz.

Ça commence comme une mélopée orientale et puis, ce rythme atypique, mélange des instruments qui se répondent sur "Inclination", calme puis relance de la rythmique pour un chant qui est un immense couplet, sans refrain avant un solo de guitare, strident, atonal. Pas évident d'approche et pourtant déjà si addictif. Et puis, après ces 7'15 tout en folie maîtrisée, le titre le plus 'classique' de l'intéressé, le plus proche de ce qu'il fait avec BLACKFIELD. Seul titre, au demeurant, où il crée un solo de guitare à la GILMOUR, laissant les autres leads dans les titres futurs à des musiciens plus atonaux. Le calme après la tempête ? Que nenni. On y retourne avec un des points d'orgue du disque, "Economies of Scale", avec ses bidouillages et expérimentations sonores. Nous sommes à cheval entre The Future Bites et NO MAN. Désarçonnant. Et vient la pièce maîtresse, "Impossible Tightrope", qualifiée par son auteur de 'mash-up de rock progressif, de jazz spirituel et d'électro', qui emprunte autant au heavy metal qu'à KING CRIMSON. Un travail furieux sur la batterie, un solo de sax partant dans tous les sens avant que le titre ne se transforme avec claviers, piano et voix céleste seule puis chœurs. Progressif au sens plein du terme. Et les notes des guitares projetées dans tous les sens. Avec un jeu sur cet instrument (de retour après qu'il l'ait quelque peu délaissée) faisant penser au GENESIS de la période The Lamb Lies Down On Broadway, plus précisément le travail sur la structure sonore de "The Grand Parade Of Lifeless Packaging". Un véritable OMNI (objet musical non-identifié), de la dentelle et de la haute voltige en même temps. Le genre de titre incompréhensible nécessitant plusieurs écoutes.

Et puis on bascule sur "Rock Bottom", de facture plus classique, avec un travail sur les voix et en particulier celle fantastique de Ninet Tayeb, compositrice en l'espèce. Oui, vous avez bien lu, ce n'est pas SW qui a composé ce titre. Sur son album solo ! Prémices d'une collaboration envisagée pour un disque en commun des deux artistes. Une chanson magnifique qui mène à "Beautiful Scarecrow", laquelle, après une partie spatiale et onirique dans les premières minutes, se déploie dans la seconde moitié avec un rythme lourd et industriel. Là encore, quel travail sur la batterie ! Craig Blundell et Sam Fogarino ont fait un travail fantastique sur ce skeud. Et puis, c'est comme si, avec ce titre et les suivants, nous basculions dans une autre direction, où la partie spatiale est plus mise en avant que dans la première partie qui flirte avec le free jazz. Dans le morceau-titre, c'est son épouse Rotem (et oui, le stakhanoviste des studios, qui refusait toute relation amoureuse pour se consacrer à la musique, a trouvé son âme-soeur) qui tient le micro (très jolie voix) dans un moment de poésie planante avec une petite touche finale d'arpèges très Oldfieldiennes. "Time is Running Out" devient donc une excellente transition et introduction, dans la grande tradition wilsonnienne des chansons à multiples influences, avec "Actual Brutal Facts", un titre hautement prenant où SW rythme ses mots en rappant, ou plutôt slammant, avec une voix méconnaissable passée par les filtres pour la rendre plus grave. Etonnant et pourtant un titre très fort de ce disque. Perso, j'adore.

Et enfin, "Staircase" clôt magnifiquement le disque, où, en plus de 9 minutes, on a en quelque sorte un résumé de ce que Steven WILSON nous a proposé durant 64 minutes. Une conclusion toute en maîtrise, plus traditionnelle dans sa construction, où les guitares sont de sortie, avec un magnifique solo central de Niko Tsonev avant que les claviers ne prennent le lead final. Une conclusion qui donne envie de revenir à l'écoute de l'ensemble de cet album qu'il faudrait imposer aux jeunes oreilles afin qu'elles découvrent ce que sont la musique, la vraie, et une production aux petits oignons qui donne foi au disque plutôt qu'au son dématérialisé créé dans sa cuisine.

Au final, The Harmony Codex est une synthèse incroyable de l'univers de Steven WILSON depuis les débuts de PORCUPINE TREE jusqu'aux albums solos, NO-MAN, BASS COMMUNION, IEM, ou BLACKFIELD. Peut-être pas son chef-d'œuvre, mais se rapprochant de l'excellence qui avait prévalu au début de la décennie 2010. Avec l'aide de son équipe habituelle, tout en donnant à ses musiciens plus de latitude dans leurs propositions, contributions à distance oblige*, Steven WILSON nous a sorti un album qui pourrait devenir une véritable référence dans le domaine du son. Et, rien que pour cela, au-delà même de la qualité de la musique, The Harmony Codex mérite très largement que l'on y jète une oreille particulièrement attentive.

4,5 sera ma note, que je réduis à 4 pour les besoins de la notation FP, tout simplement parce qu'il ne me semble pas être au niveau de The Raven et de Hand.Cannot.Here. Mais cela ne retire en rien ses hautes qualités. Et puis, il existe une version Deluxe qui mérite vraiment le détour avec certains titres retravaillés ("Economies Of Scale" par les MANIC STREET PREACHERS) ou autres remix par Orzabal (TEARS FOR FEARS) ou Mikael Akerfeldt (OPETH). Malheureusement, épuisée lors des préventes avant même la sortie officielle de l'album. Le côté pénible de la démarche de WILSON que je dénonce depuis des lustres. Mais bizarrement, il ne m'écoute pas et ne lit pas FP… incompréhensible !!


* L'album a été composé et enregistré dans la solitude (COVID oblige) avec des performances à distance de ses collaborateurs depuis plusieurs albums tels que Ninet Tayeb, Craig Blundell et Adam Holzman ainsi que de nouveaux partenaires dont Jack Dangers (MEAT BEAT MANIFESTO) et Sam Fogarino (INTERPOL)

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   BRADFLOYD

 
   ELK

 
   (2 chroniques)



- Steven Wilson (vocaux, guitares, claviers, sampler, basse, percus)
- Ninet Tayeb (vocaux
)
- Craig Blundell (batterie
)
- Sam Fogarino (batterie)
- Pat Mastelotto (batterie)
- Nate Wood (batterie)
- Jason Cooper (percussions)
- Nate Navarro (batterie)
- 
adam Holzman (claviers
)
- Jack Dangers (claviers)
- Guy Pratt (basse)
- Nicholas Beggs (chapman stick)
- Nikolai Tsonev (guitares)
- David Kollar (guitares)
- Lee Harris (guitare)
- Theo Travis (saxophones and flutes)
- Nils Petter Molvær (trompette)
- Ben Coleman (violon)
- Rotem Wilson (voix)


1. Inclination
2. What Life Brings

3. Economies Of Scale
4. 
impossible Tightrope

5. Rock Bottom

6. Beautiful Scarecrow

7. The Harmony Codex
8. 
time Is Running Out

9. Actual Brutal Facts

10. Staircase



             



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