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Steven WILSON - Insurgentes (2008)
Par ELK le 18 Août 2022          Consultée 1259 fois

Nous sommes en 2008 et Steven WILSON, leader acclamé de PORCUPINE TREE, a des envies d’expériences nouvelles. Bourreau de travail, il s’attelle, durant la tournée de promotion de Fear of a Blank Planet, à Insurgentes qui devient la première œuvre signée de son propre nom. Le disque est enregistré dans différents lieux du globe, notamment à Mexico, dans un studio situé sur l’immense avenida Los Insurgentes qui donne son nom à l’album. On peut y voir évidemment une forme de rébellion contre la 'monotonie' de sa carrière avec PORCUPINE TREE, et une forte envie de sortir du cadre et de tenter des choses différentes.

Dès la pochette, on comprend que l’heure n'est pas à la franche rigolade : Steven y apparaît caché derrière un masque à gaz dans un paysage crépusculaire. Les photos du livret sont encore plus déprimantes et le contenu du disque est à l’avenant : la musique est extrêmement bien pensée, écrite et produite, mais nous plonge dans une atmosphère étouffante voire angoissante. Steven élabore sa musique à partir d’éléments disparates, parfois issus de ses projets antérieurs, parfois totalement nouveaux, mais semble surtout vouloir explorer l’ensemble du champ de ses possibilités.

Avec "Harmony Korine", qui ouvre l’album, nous restons plutôt en terrain connu : un très bel arpège de guitare soutenu par une seconde guitare plaintive, des claviers discrets et la batterie virtuose de Gavin Harrisson avant une forte montée en puissance de grosses guitares saturées. La suite s'avère nettement plus rude : "Abandoner", "Salvaging", "Twilight coda" et surtout "Get all you deserve" (humour british ?) révèlent un univers oppressant et écrasant. Ces titres sont bâtis autour d’un chant minimaliste, le plus souvent susurré, et de la montée progressive de textures sonores d’une épaisseur et d’une noirceur implacables. Steven confie qu’il a pensé ces titres comme une expérience cinématographique, s’attachant plus à l’ambiance qu’aux mélodies. Il n’a pas lésiné sur les moyens pour y parvenir : empilement de couches sonores, bruitages hypnotiques, recours à une guitare drone ou à un orchestre classique (co-drivé par Dave Stewart). Le résultat est saisissant.

Heureusement, quelques titres viennent alléger le propos : "Veneno para las hadas" où la clarinette de Théo Travis et le piano de Jordan Rudess enrichissent le thème de départ de belles harmonies, ou encore le morceau titre "Insurgentes" qui débute en mode piano voix, avant l’arrivée d’une superbe mélodie, jouée par Michiyo Yagi à la basse Koto, qui éclaire ce morceau spirituel et émouvant. Dans la même veine, "Significant Other" fait retomber la pression, porté par une belle mélodie à la guitare et un chant aérien et apaisé au service d’un joli texte empli de spleen. "Only Child" est le morceau le plus 'entraînant' de l’album (attention, ce n’est pas "Alexandrie-Alexandra") grâce à un riff de basse entêtant qui drive une mélodie répétitive ponctuée de nombreux effets vocaux et de bruitages divers et un chant enfin plus affirmé et mélodique.

Reste le titre le plus disruptif et audacieux, "No Twilight Within the Courts of the Sun", très crimsonien dans son essence et son interprétation. Un riff répétitif et jazzy à la basse, soutenu par la batterie de Gavin Harrisson, et traversé par des guitares saturées en mode Free Jazz. La texture sonore se densifie tout au long des 8’37. Un chant murmuré et des chœurs apportent un répit de courte durée, de même que le piano de Jordan Rudess, avant l’orgie sonore finale qui nous laisse KO.

Cette première œuvre solitaire de Steven WILSON est finalement assez déroutante et difficile à décrypter. Ce disque très exigeant semble avant tout constituer une vaste expérience sonore. Le chant est retenu, un peu comme si Steven avait encore du mal à s’affirmer de ce côté (on sait qu’il le fera pleinement quelques disques plus tard) alors que l’exécution instrumentale est plus que parfaite. Nous sommes finalement plus proches d’une forme de musique savante contemporaine que d’un disque de musique populaire. Cet album est néanmoins une expérience marquante, qui satisfera les auditeurs les plus exigeants, mais n’apportera à son auteur que très peu de nouveaux fans (ce qui n’était probablement pas le but recherché à l’époque).

Note : 3,5 arrondis à 3 car Steven WILSON fera vraiment mieux par la suite.

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- Steven Wilson (chant, guitares, pianos, harmonium, mellotron, bas)
- Gavin Harrisson (batterie)
- Tony Levin (basse)
- Mike Outram (guitare)
- Dirk Serries (guitare drone)
- Jordan Rudess (piano)
- Théo Travis (flûte, clarinette)
- Michiso Yagi (basse koto)
- Sand Snowman (guitare acoustique, flûte)


1. Harmony Korine
2. Abandonner
3. Salvaging
4. Veneno Para Las Hadas
5. No Twilight Within The Courts Of The Sun
6. Significant Other
7. Only Child
8. Twilight Coda
9. Get All You Deserve
10. Insurgentes



             



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