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2017 To The Bone
2018 Home Invasion
2021 The Future Bites
2023 The Harmony Codex
 

- Membre : Porcupine Tree, Blackfield, Asia, Asia Featuring John Payne
- Style + Membre : No-man

Steven WILSON - The Harmony Codex (2023)
Par ELK le 12 Octobre 2023          Consultée 855 fois

C’est peu dire que chaque nouvel album de Steven WILSON est attendu impatiemment par une cohorte croissante de fans. Le britannique sait d’ailleurs de mieux en mieux faire monter la sauce grâce à un marketing efficace ponctué cette fois par la parution de pas moins de quatre titres avec vidéos en amont de la sortie du disque. C’est également d’autant plus vrai que l’opus précédent The Futur Bites, sorti début 2021 en plein Covid, marquait une rupture assez nette avec le style pratiqué habituellement par Steven, dévoilant une orientation clairement électro-pop. Oui, mais entretemps, et un peu à la surprise générale, notre infatigable créateur a relancé son groupe originel PORCUPINE TREE en publiant l’excellent Closure / Continuation et en assumant totalement et brillamment sur scène ce retour vers les sonorité gorgées d’un Heavy-Prog qui firent principalement son succès.

Du coup, il était bien difficile d’imaginer à quoi s’attendre avec cet Harmony Codex dont la gestation date de la période Covid et qui, en rupture avec les pratiques habituelles de Steven, a été essentiellement travaillé à distance avec l’aide d’une brochette de complices talentueux sur lesquels nous reviendrons. Steven allait-il persister dans ses expérimentations électro, ou bien revenir à une musique plus organique voire pourquoi pas au rock progressif ? La réponse est loin d’être binaire : cet album représente en quelque sorte la substance et toutes les nuances de ce que Steven a cherché à mettre en place depuis le lancement de sa carrière solo. Les expérimentations sonores et la musique électro sont bien présentes, mais on retrouve dans l’album des accents pop, folk, jazz, rock, et surtout une ambition et une démarche clairement assimilables à celles des musiciens progressifs. Le britannique revendique par ailleurs la dimension "cinématographique" de son œuvre telle qu’elle irriguait également ses premiers opus en solo mais en nettement plus sombre. Pas question de rester enfermé dans des formats et des styles rebattus, il utilise tout le spectre de ses éclectiques influences et de ses compétences pour élaborer et proposer une musique totalement novatrice et qui n’appartient qu’à lui. Le tout avec une inspiration qui reste incroyablement fertile, et une qualité de production proprement ahurissante !

Avant d’entrer dans le vif du sujet, précisons qu’en dépit de certaines apparences et de la part de mystère que génère le titre de l’opus, nous n’avons pas affaire à un concept album. La pochette nous en avertit avec ses 10 carrés de différentes couleurs sur fond de grisaille, représentant les teintes et nuances des titres proposés au long des 1H04 de l’album. On voit que malgré leur diversité, leur juxtaposition forme une sorte d’escalier ascensionnel qui renvoie au titre éponyme et à « Staircase » le dernier extrait de l’opus. Ces deux morceaux sont par ailleurs connectés à une nouvelle se trouvant à la fin du livre Limited Edition Of One (paru en 2022) et narrant, dans un registre onirique et symbolique, l’ascension dramatique de deux enfants jusqu’au sommet d’un immense escalier au cœur de Londres.

Pour revenir à la musique, difficile cette fois d’éviter le titre à titre tant il y a à dire sur une œuvre aussi riche et variée, qui nécessite un certain nombre d’écoutes attentives pour être pleinement apprivoisée. Précisons encore que nous retrouvons au fil des morceaux nombre des complices habituels de Steven (tous d’incroyables pointures), notamment le pianiste Adam Holzman, le spécialiste des instruments à vent Théo Travis, les guitaristes David Kollar et Niko Tsonev, les bassistes Dave Navarro et Nick Beggs, le batteur Nate Wood, la chanteuse Ninet Tayeb, ainsi que le producteur et programmateur David Kosten.

"Inclination" débute avec des sonorités orientales et des bruitages très organiques, avant l’arrivée d’un beat rythmique et le recours à de nombreux instruments électroniques et même une trompette pour nous plonger dans une ambiance exotique gorgée de mystère. La voix de Steven vient nous lancer une invitation au voyage, alors que le titre évolue vers des harmonies de plus en plus riches et profondes, parfaitement soutenues par les invités virtuoses de Steven, et par l’émergence de somptueuses parties vocales. Intrigant et inspirant.

"What Life Brings" nous plonge dans l’univers de BLACKFIELD ; il s’agit d’une magnifique ballade très sobre et classique, où certains reconnaitront également des accents floydiens. Ce titre met en valeur la jolie voix de Steven, qui se fend même d’un solo de guitare gorgé de feeling (oui, il en joue encore !), et son sens aigu de la mélodie et de l’orchestration (mention spéciale aux chœurs de Ninet Tayeb). Simple et brillant.

"Economy Of Scales", est le premier titre sorti en amont de la parution de l’album. Construit à partir d’un motif de synthé répétitif proposé par Adam Holzman, il brille surtout par son rythme sophistiqué et l’impressionnant travail sur l’édifice de voix entremêlées qui le parcourent. Ce n’est pas mon morceau préféré, mais il fait joliment son chemin avec le temps. Entêtant et addictif.

"Impossible Tightrope" s'annonce comme le morceau qui va ravir tous les amateurs de musique progressive : il s’agit d’une brillante et frénétique échappée de plus de 10’, drivée par la guitare et magnifiquement soutenu par la batterie virtuose et experte des contre-temps de Nate Wood. L’ambiance générale est très jazz, sentiment prolongé par le superbe solo de saxo de Théo Travis, avant une accalmie riche en harmonies vocales et une formidable reprise ponctuée par un solo de piano de Holzman qui vient parachever l’effort. Ce morceau est une véritable tuerie, écho aux compositions de la période progressive de Steven. Virtuose et jouissif.

"Rock Bottom" constitue le seul titre qui échappe à l’écriture de Steven, puisqu’il est l’œuvre de Ninet Tayeb qui le chante en duo avec le britannique. Dans une atmosphère à la "Comfortably Numb", nos deux complices illuminent le moment de leurs voix magnifiques, mention spéciale à l’Israélienne au timbre si personnel et émouvant et dont la puissance emporte tout sur son passage. A noter en sus un superbe solo de guitare de Niko Tsonev. Lumineux et poignant.

"Beautiful Scarecrow" lance la seconde partie du disque, dans une ambiance profonde et intrigante qui évoque fortement les deux premières œuvres en solo du britannique. On y retrouve une texture sonore très pesante, un jeu de batterie puissant soutenu par des rythmes électroniques, ainsi qu’une forte ligne de basse "chapman stick" jouée par Nick Beggs. Les parties chantées sont plus intimistes, et l’ensemble très prenant et parfaitement réussi. Intense et abouti.

"The Harmony Codex" est un de mes gros coups de chœur de l’album. Dans une ambiance spatiale et planante (on pense beaucoup à 2001 Odyssée de l’espace), Rotem, la femme de Steven, vient réciter un texte magnifique et très émouvant. Le reste est une merveilleuse progression atmosphérique et onirique qui nous transporte dans les étoiles, bien loin de tout. C’est un titre inépuisable à écouter seul dans le noir ; je l’adore. Sublime et fascinant.

"Time Is Running Out" est une nouvelle grande réussite. Un arpège de piano, la voix de Steven, une magnifique mélodie, et nous voici plongés dans une superbe ballade qui me fait irrésistiblement penser au GENESIS de la meilleure époque. Les loops électroniques et effets vocaux qui viennent l’accompagner en renforcent encore l’attrait et confèrent à ce titre un fort potentiel de séduction. Emouvant et emballant.

"Actual Brutal Facts" déploie une ambiance prodigieuse avec de superbes arpèges de guitare et des synthés célestes, bientôt appuyés par un fort beat rythmique et la basse de Nate Navarro. Le chant est cette fois "slammé" et alterne avec des motifs de guitare et une montée progressive de sonorités et bruitages étranges agrémentés de superbes chœurs, avant un brillant solo de guitare de David Kollar. Magistral et envoutant.

L’album s’achève avec "Staircase" : des motifs électro viennent accueillir la voix très dépouillée de Steven, avant que le titre prenne un superbe envol porté par de riches rythmes de batterie et des beats électro. Après un joli solo de guitare de Tsonev, la mélodie chantée par Steven revient alors que les harmonies s’enrichissent, avant un solo mémorable de Begg à la "chapman Stick". Le tout se termine avec le retour de la voix de Rotem Wilson, réminiscence du titre éponyme. Profond et épanoui.

En choisissant de ne pas choisir entre les différentes facettes de son art, et de faire subtilement et intelligemment écho à toutes ses œuvres antérieures, Steven réussit un coup de maître. Ce disque abolit les genres et les frontières pour ne laisser parler que la musique et l’inépuisable inspiration d’un artiste d’exception. L’interaction entre les sons électroniques et ceux plus organiques générés par les instruments traditionnels est cette fois parfaitement dosée, totalement novatrice, et probablement fondatrice tant la proposition est ici séduisante et devrait essaimer malgré la complexité de l’ensemble.
Ne passez pas à côté de ce grand disque et parlez-en autour de vous, Steven WILSON est un des plus grands créateurs de notre temps et mérite d’obtenir un succès éclatant, à la hauteur de son immense talent !

NB : la version Deluxe de l’album (à télécharger sur le site de Steven) contient en sus une version de "What Life Brings" remixée par Roland Orzabal (TEARS FOR FEARS), très différente de l’original mais très réussie. On y trouve également le titre "Time Is Running Out" dans une superbe version dépouillée chantée par Mikael Akerfeldt (OPETH) ainsi que des extraits audios de Steven narrant la genèse du disque.

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   (2 chroniques)



- Steven Wilson (vocaux, guitares, claviers, sampler, basse, percus)
- Ninet Tayeb (vocaux
)
- Craig Blundell (batterie
)
- Sam Fogarino (batterie)
- Pat Mastelotto (batterie)
- Nate Wood (batterie)
- Jason Cooper (percussions)
- Nate Navarro (batterie)
- 
adam Holzman (claviers
)
- Jack Dangers (claviers)
- Guy Pratt (basse)
- Nicholas Beggs (chapman stick)
- Nikolai Tsonev (guitares)
- David Kollar (guitares)
- Lee Harris (guitare)
- Theo Travis (saxophones and flutes)
- Nils Petter Molvær (trompette)
- Ben Coleman (violon)
- Rotem Wilson (voix)


1. Inclination
2. What Life Brings

3. Economies Of Scale
4. 
impossible Tightrope

5. Rock Bottom

6. Beautiful Scarecrow

7. The Harmony Codex
8. 
time Is Running Out

9. Actual Brutal Facts

10. Staircase



             



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