Bretonne de Nolwenn LEROY, c'est un peu le folklore armoricain pour les nuls. La belle ex-star cacadémicienne part perdante : il lui manque la légitimité de ceux qui oeuvrent depuis des années pour la redécouverte d'un patrimoine riche et qu'il est important de préserver. Et puis, la chanteuse, malgré un timbre de voix sympathique, n'est pas Cécile Corbel. Malgré toute la bonne foi perceptible dans son interprétation de ces classiques bretons, elle ne porte pas en elle cette chaleur organique qui rend habituellement les interprètes de ce répertoire si sympathiques et convaincants. Lorsque Nolwenn chante "Greensleeves", on se dit que, décidément, ce titre magnifique aurait pu être transcendé par une chanteuse du calibre de Sinead O'Connor, alors qu'il est ici simplement convaincant, sans plus.

C'est sur les titres se rapprochant le plus de son répertoire habituel que la belle bretonne se fait la plus convaincante : "Brest" (Miossec) se voit ici parfaitement interprétée, s'adaptant au timbre chaleureux de la chanteuse, tout comme "Je ne serai jamais ta parisienne", délicate et tendre. Et si l'accent français de Nolwenn fera sans doute rire les Bretons de souche, il faut bien avouer qu'elle se débrouille de manière acceptable sur "Karantez Vro", bien mieux en tout cas que sur les interprétations de ces morceaux popularisés par Tri Yann tels que "La jument de Michao" et "Les prisons de Nantes".

Reste que Bretonne peut être apprécié pour ce qu'il est : un album-hommage sympathique qui, s'il ne casse pas des briques, devrait permettre aux novices d'ouvrir une première brèche dans un patrimoine extrêmement riche et foisonnant, pour ensuite découvrir les fondateurs, ceux qui ont les premiers défriché ce terrain à la profondeur insondable.