En 1969, LED ZEPPELIN a fait un erreur des plus graves. Au lieu de laisser les gens digérer et encaisser le choc qu'a été leur premier album, les membres ont sorti immédiatement un deuxième opus. C'était certes la norme à l'époque, mais il aurait été possible de fermer les yeux si cet album n'était pas aussi mauvais.

En créant un album encore plus blues-rock que le précédent, le groupe rend sa démarche assez trouble. L'inverse aurait été plus intéressant. Mais ce qui frappe au premier abord, c'est surtout le taux de remplissage qui augmente de manière dramatique. Il commence d'ailleurs dès "Whole Lotta Love", considéré comme un titre de légende, mais surtout incroyablement surestimé. Les musiciens ne sont pas en cause (encore que parfois, on se demande ce que fait Page), ce sont les compos. Sur "What is and what should never be", les effets sur la voix de Plant font clairement hausser les sourcils, sans compter que la chanson en elle-même ne provoque aucun feeling. Pour la suite, il faut vraiment s'accrocher pour ne pas zapper furieusement en espérant que la prochaine sera la bonne. Mention spéciale à "Moby Dick", soit l'un des soli de batterie les plus médiocres jamais vus. John Bonham semble se retenir, et cela ne lui va pas.

Le Led Zep deuxième du nom n'est pas non plus un cataclysme. Si Plant énerve quelque peu, sa performance n'est pas formellement mauvaise. L'album contient surtout deux chansons des plus réussies, et pas qu'un peu. "Heartbreaker" mérite ainsi d'être célébrée comme une grande chanson. Rien que pour la puissance qu'elle dégage, elle ne ne peut pas être dénigrée. Idem pour "Living Loving Maid", sonnant certes un peu plus vieillot au niveau de la composition, mais terriblement accrocheuse. A noter que ces deux titres se succèdent au milieu de l'album, ce qui en fait le « ventre plein » - par opposition au ventre creux dans un bon album. "Ramble On" aurait pu faire partie de ce ventre, mais le final gâche vraiment tout.

Avec deux chansons bonnes sur neuf, le ratio est bien évidemment négatif. L'ennui n'est pas présent (faut pas déconner, quand même), mais laisse volontiers sa place à l'agacement. Mais d'un autre côté, il est dur de vraiment en vouloir à Led Zep. Ce n'est pas un groupe attaché à la composition, LED ZEPPELIN c'est du hard rock qui se vit à 100 à l'heure. Il va falloir attendre avant d'égaler le précédent effort studio.