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- Membre : Robert Plant , California Breed, Page & Plant, Them Crooked Vultures, Plant & Krauss
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LED ZEPPELIN - Iv (1971)
Par MR. AMEFORGÉE le 24 Mai 2011          Consultée 10679 fois

Il y a ce petit rituel quand on place le disque de Led Zeppelin IV dans la platine : marquer un temps d’arrêt, se camper sur ses appuis tel un boxeur prêt à esquiver, redresser les épaules, bomber le torse et prendre une grande rasade d’air : quand Robert Plant entre en scène, on a déjà commencé à chanter. « Hey, hey, mama, said the way you move, Gonna make you sweat, gonna make you groove »... Il est notre choriste et l’on est le centre de l’univers. Très vite après, on mouline des bras et l’on trouve que John Bonham est un peu mou de la baguette, comparé à la belle énergie que nous déployons dans le rythme. « Mais pourquoi tu es si lent, mec ? » L’introduction de « Black Dog » a le côté magique des séquences connues par cœur, qui fait qu’on est immédiatement plongé au cœur de l’action. C’est un peu la même chose avec la Neuvième de Beethoven, lorsqu’on s’échine à faire jaillir des vagues soniques de trente mètres en agitant les bras : une espèce d’emballement corporel qui nous fait cesser toute activité et juste vivre la musique. Tsunami : « Oh yeah, oh yeah ! »

1971, l’accueil critique du troisième album est un peu mitigé. Le quatrième ici présent est enregistré en quelques mois, mais demandera un travail de mixage prolongé, le rendu ne satisfaisant pas les membres du groupe. Dès la sortie en novembre, l’album rencontre le succès, et avec le recul historique, nous savons que ce sera le plus rentable de toute la discographie, avec plusieurs milliards d’exemplaires vendus dans toute la galaxie, du bras de Persée au bras de Sagittaire-Carène, sans parler bien évidemment de notre « home-sweet-home », le bras d’Orion, avec son petit bourrelé musculeux de culturiste obèse qui fait pleurer les filles.

On retrouve avec Led Zeppelin IV les éléments constitutifs de l’identité du groupe, qui ont fait le succès des opus précédents, le bon gros blues violent et le folk plus doux, mais des différences apparaissent dans les dosages et l’ambiance obtenue : manifestement, par moments nous ne sommes plus aux Etats-Unis perdus dans les champs de coton : place ici aux terres pluvieuses d’Europe, la forêt de Brocéliande, les contes et légendes du vieux continent, et ses druides qui batifolent, et ses barbares en peau de bête qui se torgnolent. Par la barbe en poudre de Merlin : la musique gagne un souffle épique.

Le folk « Battle of Evermore », chanté en duo avec la regrettée Sandy Dennis de Fairport Convention, illustre particulièrement bien cet aspect, porté par les accords miroitants à la mandoline jouée par Jimmy Page, qui confèrent au morceau toute sa saveur. Il y est question dans la tradition manichéenne d’un combat entre les forces de la lumière et celles des ténèbres, qui mélange, par allusion, différentes légendes ; l’on verra ainsi les anges d’Avalon croiser la route des Spectres de l’Anneau... « Going to California » est tout aussi champêtre, et même si les propos s’enracinent plutôt ici dans le vécu du groupe, le jeu des métaphores enveloppe le tout d’une aura onirique.

« When the Levee Breaks » est l’un des grands moments du disque et du haut de ses sept minutes constitue une conclusion en beauté. Comme ce sera le cas plus tard avec « In My Time of Dying », il s’agit d’une reprise d’un blues qui tient davantage de la réinterprétation, le poisson rouge mué en Léviathan. La rythmique est extrêmement plombée, un harmonica volette au dessus d’un sol de guitares poussiéreuses, tandis que la voix un peu lointaine de Plant vient nous narrer la crue et la dévastation.

Il nous faudra par ailleurs admettre que l’album possède un petit creux, avec l’enchaînement du pesant et enfumé « Misty Mountain Hop » et « Four Sticks », plutôt prétexte à démonstration des talents du batteur qu’autre chose, mais c’est peut-être pour contrebalancer les deux puissants hard-rock-blues qui ouvrent l’album et laisser un os à ronger aux critiques en mal d’arguments, aigris, aux petits yeux cruels injectés de sang et aux incisives proéminentes particulièrement adaptées.

Et puis il y a le cas « Stairway to Heaven ». Je pourrais me draper d’une auguste cape de mots et me prétendre supérieur au commun des mortels en lâchant un verdict aussi bref que peu sincère: « pfff, surestimé ». Je lèverais les yeux au ciel et me retournerais alors, m’en allant dans le soleil couchant en me moquant de vos faces de rats médusées. Mais ce n’est pas comme cela que ça marche en vérité. On se doit d’aller chercher au fond de nos tripes. J’ai écouté ce morceau plus de cinquante mille fois, en maintes occasions, en voiture, en train, à pieds, en avion, à cheval et en tapis volant. Dans ma chambre, à lire, à faire le ménage ou l’amour, à rompre, à rire ou à pleurer, à jongler avec des chaussettes ou à refaire le monde, à rechercher désespérément le sens de la vie ou juste à écrire. Et chaque fois, je me dis, c’est sûr, je vais me lasser et je saurai que c’est surestimé. Et chaque fois, il y a ce Bonham qui rentre à mi-morceau, et chaque fois, il y a cette sinueuse progression jusqu’à la fameuse exclamation grandiloquente « pom pom pom », et chaque fois, il y a ce solo de guitare qui s’emballe, et cette batterie qui cascade, et cette voix qui revient en pur feulement sauvage… « Et elle achète l’escalier pour le paradis… » Toujours la même redécouverte incrédule, éternellement oubliée, éternellement réapprise : chaque instrument, chaque intervention est à sa place, miraculeusement, on ne pourrait rien y changer. C’est l’histoire du nez de Cléopâtre, en somme. Un jour, je finirai peut-être par me lasser, découvrir enfin le bonheur de planer au-dessus des hommes, libéré de toute faiblesse sentimentale. Le jour de mon enterrement, sûrement.

Led Zeppelin IV, ayant eu le défaut de naître après le premier Led Zeppelin, n’est pas toujours considéré comme aussi essentiel, aussi fondateur. On n’est pas loin de flirter avec la tautologie, il faut l’avouer, néanmoins l’album reste monumental, et s’il passe pour vieillissant, année après année se chargeant de la patine qui sied aux antiquités édentées, il continue malgré tout de fédérer des hordes de jeunes, et de rayonner dans ce royaume fictif des mythes du rock en bonne place près du trône, à siroter une pinte d’hydromel et à engloutir des bouchées d’ambroisie. Ensuite, Led Zeppelin amorcera doucement son déclin, même si les deux albums suivants compteront encore son lot de défenseurs zélotes et zélés. Mais ceci est une autre histoire.

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   (6 chroniques)



- Jimmy Page (guitares, mandoline)
- Robert Plant (chant, harmonica)
- John Paul Jones (basse, claviers, mandoline)
- John Bonham (batterie)


1. Black Dog
2. Rock And Roll
3. The Battle Of Evermore
4. Stairway To Heaven
5. Misty Mountain Hop
6. Four Sticks
7. Going To California
8. When The Levee Breaks



             



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