En cette année 90, le succès de BLACK SABBATH est en courbe descendante, proportionnellement inverse à la qualité de ses albums. Enregistré avec presque le même line-up que Headless Cross, à un Cottle près, Tyr largement inspiré par les mythologies nordiques reste l'un des albums les plus boudés du groupe. Pourtant à la simple vue de cette pochette, on devrait avoir compris !...

Non en fait, y a pas grand-chose à comprendre. Bien qu'appartenant au genre heavy-metal, c'est-à-dire synonyme de lourdeur sonore, Tyr n'en reste pas moins un très grand album de riffs, de mélodies et d'ambiances. Dès les premières secondes, nous sommes happés par cette intro toute en guitare clean sur claviers et harmonies vocales (à s'y méprendre, on dirait du Yes). "Anno Mundi (the Vision)" est un titre grandiose, propice aux ambiances les plus sombres du groupe comme ce break avec orgue d'église et voix éthérées.

Le reste ne l'est pas moins. "The Law Maker" repose sur un rythme punk et des nappes très subtiles derrière le chant tandis que "Heaven in Black" est joué en ternaire, Iommi relevant la sauce avec une wah-wah inédite. La power-ballad "Feels Good to Me" et le non-moins épique "Jerusalem" contiennent de magnifiques parties instrumentales et vocales (les choeurs sont décidément une des grandes forces de ce disque). "The Sabbath Stones" est pus fidèle au passé doom du groupe, tandis que la suite centrale brille par sa fluidité et la diversité de ses ambiances, de l'acoustico-planant au rock le plus lourd !

En fait ce qui caractérise cet album, c'est plus encore que les compositions elles-mêmes (et pourtant déjà solides), sa maturité dans l'orchestration et le traitement des voix. Une prouesse sachant que les éléments de base sont les mêmes que d'habitude, et bien sûr un régal du début à la fin, doublé d'une certaine élégance.