Cela suffira. Les prétendantes au trône de reine de la pop détenu depuis vingt-cinq ans par Madonna n'ont pas fait des performances mémorables cette année donc un album médiocre suffira. Tout de même, ce MDNA est déjà surfait... un joli coup commercial avec son concert au Super Bowl, un bon petit single bien clinquant, quelques critiques complaisants, des rumeurs de retour aux sources, tout laissait à penser que MDNA allait facilement dépasser son album précédent, le correct Hard Candy. Mais non, décidément, le retour aux manettes de William Orbit ne suffit pas à recréer la magie du temps de Ray of Light, pas plus qu'on ne retrouve grand chose de sa musique originelle des années 80. Si le son est assez riche, on a un ensemble globalement dance à la fois trop éclectique – donc pas assez cohérent – et peu original, avec des paroles et des mélodies peu inspirées.

Passons en revue le contenu. Outre Madonna elle-même, l'écriture et la production sont partagées avec William Orbit, les cousins Benassi, Martin Solveig et quelques autres. On sera plus convaincu par les contributions des Benassi : le single acceptable «Girl gone wild» qui ouvre l'album avec entrain, et surtout «I'm addicted» qui me semble être le moment le plus riche et le plus beau du disque. Du côté de Solveig, on trouve le single d'accroche, «Give me all your luvin'» ainsi que «I don't give A». Dans les deux, on notera les contributions convaincantes de Nikki Minaj. Le single est un bluff mais on s'y laisse volontiers prendre, bien qu'il souffre la comparaison avec d'anciens succès comme «Beautiful Stranger». «Turn up the radio» et «Superstar» (produite avec Indiigo) sont ce qu'on appelle du remplissage.

Je suis plus réservé au sujet des morceaux avec Orbit. Au moins, «Gang Bang» peut créer une polémique intéressante pour la chanteuse... avec sa basse hardcore et ses paroles vulgaires et agressives, elle ne laisse pas indifférent. Elle est d'ailleurs la seule cause possible du logo «Explicit lyrics» sur la pochette, un peu comme la chanson-titre de American Life, mais en bien plus maladroit. La chanson est tout de même intéressante sauf la fin, insupportable. Dans le même ordre d'idées, «Some Girls» joue l'effet techno, avec une mélodie archi-monotone... le son est cool mais c'est quand même à deux balles. Pour le reste, «I'm a sinner» est agréable mais rappelle trop, de nouveau, «Beautiful Stranger». «Love spent» (où on note l'auto-citation de «Hung up», qui elle-même vient d'ABBA...) et «Masterpiece» amènent poussivement vers la fin, la très jolie «Falling Free». Elle ne fera pas oublier un «Mer Girl» mais fait bonne figure.

Au final, MDNA est peut-être bien le moins bon album de Madonna, et pourtant on peut difficilement le rejeter totalement, ce qui indique, si c'était nécessaire, à quel point la chanteuse est charismatique. On est bien obligé, surtout devant le manque d'originalité et d'inspiration, d'infliger une note de médiocrité, ce qui n'empêche pas de prendre pas mal de plaisir à écouter ce disque. Le public devrait de toute façon marcher, comme toujours avec Madonna.