Il faut reconnaître que le retour de BLACK SABBATH fait rudement plaisir. Comme un souffle de vie supplémentaire sur une scène hard rock préhistorique, qui voit ses derniers mastodontes s'éteindre les uns après les autres. Car à part Deep Purple et Scorpions, et dans une moindre mesure Uriah Heep et Judas Priest, il ne reste désormais plus aucun groupe formé dans les 60's encore en activité. Comme un pied de nez à la mort donc, ce qui, lorsque l'on connaît l'état de santé de Tony Iommi, prend tout son sens.

La qualité de l'album, 13, n'a finalement que peu d'importance. Ce que l'on salue c'est la performance, et le baroud d'honneur d'un groupe qui a donné naissance à tant de vocations. Tout naturellement, la période post-Ozzy s'éclipse au profit de la bouffée nostalgique que génère ce nouvel opus de la bande. Éclipsée également cette annonce, aux allures de pétard mouillé, qui voyaient les 4 membres originels faire leur retour en grandes pompes avant que Bill Ward ne prenne la poudre d'escampette. Ce qui compte, c'est que le Sabb' vienne faire un nouveau tour de manège.

13 n'est pas un album des plus emballants. Bien foutu, oui. Digne de la légende, c'est certain. Reste que l'ensemble sonne de manière plate et ne génère que rarement un intérêt véritable. Les passages calmes sont aussi bruyants que les passages plus enlevés. Peu ou pas de progression sur l'album, et peu d'évolution en intensité : l'album est à l'image du dernier encéphalogramme d'Ozzy, c'est-à-dire totalement plat.

Le semblant de ballade qu'est "Zeitgeist", le single "God is dead ?" (mais avec 8 minutes, peut-on parler de single ?) valent le coup, tout comme le plus énergique "Methademic" et son intéressante ligne mélodique. Le reste s'écoute sans que l'on en retienne grand chose, mais sans que l'on ne parvienne à formuler de réel grief à l'encontre des Britanniques. La voix d'Ozzy, bien entendu, est insupportable, mais elle est à l'image des prestations du bonhomme sur les albums dits "classiques" du groupe, et ne peut en ce sens être sujette à critique.

13, s'il est le chant du cygne de BLACK SABBATH, est donc un album honorable. On aurait aimé que le groupe ose un peu se frotter à son époque au lieu de se cantonner dans une nostalgie assumée, reste que l'opus fonctionne et se tient autant que possible, ce qui n'est pas loin d'être un petit exploit. Pas de quoi ressortir sa veste à patchs malgré tout.