Avec Jamma nich, Nena se rattrape un peu niveau qualité, même si pour être franc, elle est encore loin de refaire de la bonne musique tout au long d'un album. La chanteuse allemande doit maintenant décider comment revenir durablement dans les charts et marquer de nouveau les esprits. Que faire, donc ? Continuer dans la veine de l'album de 1997 ? Pourquoi pas, après tout, tant qu'elle ne replonge pas dans les travers de Und alles dreht sich (1994)... Ou bien alors, faire un retour aux sources rock. Ça, c'est un projet qui peut marcher. Exit les boites à rythme et les synthés baveux, on ressort les grosses guitares et la caisse claire. Et ainsi nait en 1998 Wenn alles richtig ist, dann stimmt was nicht. On se contentera de la première partie du nom de l'album.

Un retour rock, donc, orchestré notamment par le guitariste Philipp Palm, simple instrumentiste additionnel sur Jamma Nich, et qui cumule ici les casquettes de batteur et de producteur, tandis que Lukas Hilbert co-écrit tout l'album avec Nena. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le retour en question est réussi. L'album dans son intégralité est vraiment agréable à écouter, et contrairement aux autres albums de la même décennie, il donne vraiment envie d'y revenir avec plaisir. Une preuve que le rock est la meilleure musique ? Et puis quoi encore. Non, c'est juste que Nena, au fond, elle est une rockeuse, et que plonger trop loin dans la pop lui est néfaste. Une chanson comme "Es ist in Ordnung", assez punk-rock dans les faits, le traduit très bien. Les arrangements sont classiques et ne cassent pas trois pattes à un canard, c'est sûr, mais tout de même, comme premier vrai morceau ("Wilkommen" ne compte pas), il donne le la. Et effectivement, le retour au rock n'est pas qu'une annonce péremptoire : les rythmiques électriques tronçonnent "Mein kleine heile Welt" et c'est un riff rageur qui mène "Wir sind modern". Comme quoi, mettez un poisson dans l'eau et il revit.

Il y a cependant une grosse ombre au tableau. Wenn alles richtig ist ne commet pas l'erreur d'être un album qui cavale à 100 à l'heure tout au long de ses raisonnables 40 minutes. Entre deux morceaux rock bien tranchants, il faut des pauses plus lentes pour respirer. Le souci ici, c'est que des pauses, Nena, elle en fait trop. Et le côté rock de l'album, en fait, n'est pas prégnant. Elles ne sont pas mauvaises pour autant, une chanson telle que "Es muss raus" fait son effet positif. De même, "Was hast du in meinem Traum gemacht" est bien sympa, côté romantisme. À côté, on a "Dann fiel mir auf", qui se passe de commentaires avec ses cordes larmoyantes, et superflu quand il y a plus loin "Das ist normal", soit la même en plus réussie – et pas seulement grâce à la section rythmique. Trop de mid-tempos et de ballades, donc. Mais il y a aussi en fin de piste "Wir machen keine Kunst" (« Nous ne faisons pas d'art »), qui aurait pu passer pour un délire final, au même titre que "Der bus is schon' weg", sur Fragezeichen (1984). Il est cependant beaucoup trop long et passe pour la blague qui s'éternise et ne devient plus drôle.

Wenn alles richtig ist est donc le meilleur album par défaut de la carrière solo de Nena dans les années 90. La pente artistique se remonte, à faible vitesse, mais il y a clairement mouvement. Côté ventes en revanche, c'est déjà plus modeste, pour le succès à grande échelle, Nena repassera plus tard. Mais tout de même, le bout du tunnel est en vue, à l'horizon.