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Johann Sebastian BACH - Magnificat Bwv 243 (herreweghe) (1733)
Par CHIPSTOUILLE le 1er Octobre 2006          Consultée 9891 fois

L'inconvénient avec la musique liturgique de BACH, c'est son côté difficile d'accès. Le compositeur s'inscrivait dans la mouvance de l'école allemande, avec son côté très technique, peu avenant, chanté dans une langue qui malgré sa richesse n'est pas très chantante et par dessus tout, souvent entrecoupée de passages récitatifs peu mélodiques, ce qui ajoute à cette impression de fermeture. L'avantage, finalement, c'est que le jour où BACH écrit de la musique pour une oeuvre en latin, sans récitatif et avec un soin tout particulier apporté à la structure de l'ensemble, on peut crier au génie sans avoir l'impression d'être pris pour un fou aux yeux (ou plutôt aux oreilles) des néophytes.

Le Magnificat de BACH est donc cette exception, ce joyaux précieux que personne ne s'imaginerait retoucher pour mieux s'accommoder des mœurs actuels (et si on les coupait, ces satanés récitatifs, hein?). Il s’agit de la première de ses compositions après avoir été nommé Cantor à Leipzig en 1723, juste avant de passer six années à composer une cantate par jour, lors de sa deuxième période propice à la création d’œuvres lyriques religieuses. Sans doute le compositeur bénéficiait-il encore de toute sa fraîcheur venue de Cöthen, alors qu'il composait principalement des oeuvres instrumentales, et qu'il désirait ardemment reprendre ses travaux sur musique lyrique religieuse.

Toujours est-il que le Magnificat a cette espèce de concision dans le propos, une grosse demi-heure de musique lyrique divine, technique et mélodieusement hors de tout reproche, confinée dans ce thème premier à la française, repris en toute fin dans le Gloria. Les airs s'enchaînent, on reconnaît cette énergie propre au compositeur à savoir allier plusieurs lignes mélodiques riches, en les associant les unes aux autres, faisant revenir les mêmes phrases à intervales réguliers sur plusieurs voix.

Le meilleur vient dans les enchaînements, lorsque l'Aria "Quia respexit humilitatem" entonné par la première soprano vous berce d’une douceur exquise, aux courbes féminines voluptueuses, et le choeur "Omnes generationes" de reprendre cette femme qui s'évanouit sur un véritable mur de trois lignes mélodiques à la fois, les basses soutenant la charpente robuste de cette orgie ecclésiastique, perçant l'aria de part et d'autre, gagnant du même coup votre petit cœur battant la chamade, encore sous le choc. Les chœurs vociférent alors ces lignes aux courbures tremblantes, nappant l'espace de ce jeu de vocalises, avec pour seul objet une unique voyelle subissant les à-coups somptueux d'un architecte digne du palais de l'Alhambra.

Difficile par la suite de choisir un passage plutôt qu'un autre, quel est le meilleur, le thème au violoncelle balancé du "Quia fecit mihi magna"? Le chœur "Fecit potentiam" qui de nouveau écrase le somptueux duo précédent? Ou bien est-ce finalement ce succulent trio (quatuor avec le hautbois?) dramatique, "Suscepit Israel", créant dès ses premiers instants une tension continue pliant à intervalles réguliers sous les intonations divines de ses muses angéliques ? Il semblerait que la réponse se trouve dans les questions elles-mêmes...

Après ce pur moment de bonheur, Philippe Herreweghe (cf. chronique des cantates BWV 21 & 42) accompagne ce Magnificat de la cantate BWV 80. Celle-ci date en partie de l'époque Weimar - BWV 80a - mais fut retouchée par la suite à Leipzig pour être jouée cette même année 1723. Elle fut enfin retouchée par Wilhelm Friedmann BACH après la mort de son père (Johann Sebastian donc). Il ajouta 3 trompettes et une timbale, version qui nous est rétribuée ici. Cette cantate n'est pas avare en chœurs et bien qu'elle soit pourvue des défauts précités communs à la plus grande partie du répertoire lyrique du compositeur, elle suit la lignée de grandeur du Magnificat. On remarquera cependant la disparition du nappage des chants, le "stress" mélodique étant cette fois-ci davantage apporté par les instruments (les cordes, notamment) que par les lignes vocales. La cantate est de qualité certaine, mais peine peut-être derrière un Magnificat irréprochable.

Un enregistrement de Kuijken, encore récent, propose le Magnificat accompagné de la cantate BWV 21. Le menu est alléchant, mais je n'ai aucune idée de la qualité de l'interprétation. Philippe Herreweghe maîtrise en revanche son sujet sur ces deux oeuvres, apparues sur deux CD distincts. Libre à vous de partir à l'aventure, mais même si cette cantate 21 semble être un choix plus enviable, la 80 ne dépareille pas et fait de ce CD un choix tout à fait judicieux. Reste que l’œuvre marquante est pourtant le Magnificat, véritable apothéose du talent du compositeur, capable du meilleur comme du pire (j'extrapole...), les deux étant régulièrement indissociables. Ici il n'y a que le meilleur alors profitez-en.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Barabara Schlick (soprano)
- Agnès Mellon (soprano)
- Gerard Lesne (alto)
- Howard Crook (ténor)
- Peter Kooy (basse)
- La Chapelle Royale - Collegium Vocale
- Philippe Herrewghe (direction)


- magnificat Bwv 243
1. Choeur 'magnificat Anima Mea Dominum'
2. Aria (soprano 2) 'et Exultavit Spiritus Meus'
3. Aria (soprano 1) 'qui Respexit Humilitatem'
4. Choeur 'omnes Generationes'
5. Aria (basse) 'quia Fecit Mihi Magna'
6. Duo (alto, Ténor) 'et Misericordia Eius'
7. Choeur 'fecit Potentiam'
8. Aria (ténor) 'deposuit Potentes'
9. Aria (alto) 'esurientes'
10. Trio (sopranos 1 Et 2, Alto) 'suscepit Israel'
11. Choeur 'sicut Locutus Est'
12. Choeur 'gloria'
- cantate Bwv 80 'ein Feste Burg Ist Unser Gott'
13. Choral 'ein Feste Burg Ist Unser Gott'
14. Aria (basse + Choral) 'alles, Was Von Gott Geboren
15. Recitativo (basse) 'erwäge Doch'
16. Aria (soprano) 'komm In Mein Herzenshaus'
17. Choral 'und Wenn Die Welt Voll Teufel Wär'
18. Recitativo (ténor) 'so Stehe Dann'
19. Duetto (alto, Ténor) 'wie Selig Sind Doch Die'
20. Choral 'das Wort Sie Sollen Lassen Stahn'



             



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