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Johann Sebastian BACH - Cantate Bwv 80 (herreweghe) (1731)
Par CHIPSTOUILLE le 8 Février 2014          Consultée 3261 fois

Peut-être avez-vous déjà vu cette image frappante d’un prêtre clouant sur la porte de sa propre église une feuille de papier. Le 31 Octobre 1517, Martin Luther affichait ainsi ses divergences avec l’église catholique romaine en faisant connaître ses « 95 thèses ». Cette plaidoirie contre les indulgences, réduction du temps de purgatoire que la Pape accordait contre espèces sonnantes et trébuchantes fit date dans l’Histoire comme le début de la réforme protestante. Cette veille de la Toussaint, méconnue dans un calendrier hérité d’une tradition catholique, est célébrée par les protestants comme étant l’anniversaire de la réforme. 2017 sera l’occasion de fêter un demi-millénaire.

Le début du XVIIIe siècle est encore marqué par l’exode des Huguenots depuis le royaume de France, lourde conséquence de la révocation de l’édit de Nantes par celui de Fontainebleau en 1685, une belle étourderie du fameux Louis XIV. Outre Rhin, il en est tout autre, les protestants y sont majoritaires et font la vie religieuse. Cette date anniversaire de la réforme que l’on célèbre avec faste en Saxe, fut l’occasion pour Jean-Sébastien BACH d'écrire sa cantate BWV 80 « Ein feste Burg ist unser Gott » (Une forteresse sûre est notre Dieu).

Sa date de composition est toutefois relativement imprécise. Héritée en premier lieu d’une cantate différente, BWV 80a « Alles, was von Gott geboren » composée en 1715 à Weimar et probablement non créée alors. Le cantor de Leipzig l’augmenta de plusieurs mouvements en 1723 pour donner une première version BWV 80b qui adaptait déjà le texte de Luther. Elle fut reprise à nouveau dans une version BWV 80 « simplifiée » en 1724 ou entre 1728 et 1731. On sait que la cantate a été régulièrement retouchée les années suivantes. Wilhelm Friedman BACH, l’un des 4 fils musiciens, rajouta également les parties de trompette dans les premiers et cinquièmes mouvements après la mort de son père. C’est cette version maintes fois remaniée qui nous est donc aujourd’hui parvenue.

Pourvue de chœurs abondants, traversant les périodes, la cantate BWV 80 montre ainsi différentes facettes du compositeur. Le premier mouvement, qui donne son nom à la version finale, ne donne pas l’impression d’une introduction traditionnelle chez BACH. L’ajout des trompettes aurait presque tendance à gommer cette particularité. Ce chœur dense mais léger, presque joyeux, contraste habilement avec les traditionnels démarrages plus « à la française » qui donnent habituellement une part généreuse aux cuivres. Ce que paradoxalement le cinquième mouvement, habile réponse à ce démarrage qui déjoue nos attentes, réussit très bien. Le duo en deuxième position soprano et basse, haché par un violoncelle téméraire, est sans doute la pierre précieuse de ce bijou. BACH, encore une fois, fait contraster la contrainte imposée de son rythme et de la structure, avec une aisance surprenante en ce qui concerne les lignes mélodiques des chanteurs. Le mouvement suivant qui échange son duo contre une soliste, perd un petit peu de cette liberté, sans renoncer à la qualité. La fin est moins enthousiasmante, si ce n’est ce chœur conclusif, léger et unanime, entrecoupé de silences, rappelant avec bonheur les passions dans lesquelles cet exercice était régulier.

Malheureusement, cette cantate, comme bien d’autres, est entrecoupée de deux immondes récitatifs. Dans l’interprétation de Philippe Herreweghe, dont l’enchainement avec le magnificat est probablement justifié par quelques phrases en latin, la cassure nette qu’impose la première note discordante et obligatoire de ces passages narratifs ne peut que provoquer une grimace chez l’auditeur. Ce « défaut » auquel on finit par s’habituer avec les années, ruine réellement le plaisir ici. Sans commune mesure avec des contreparties bien plus réussies, comme par exemple les superbes enchaînements dans les passions avec des chœurs jubilatoires. Ici les récitatifs ne font que creuser l’écart qualitatif avec le Magnificat, œuvre comparable en style, mais bien supérieure en qualité à cette cantate qui, sans toutefois faire office de remplissage, ne fait rien pour atténuer ses lacunes.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Barabara Schlick (soprano)
- Agnès Mellon (soprano)
- Gerard Lesne (alto)
- Howard Crook (ténor)
- Peter Kooy (basse)
- La Chapelle Royale - Collegium Vocale
- Philippe Herrewghe (direction)


- magnificat Bwv 243
1. Choeur 'magnificat Anima Mea Dominum'
2. Aria (soprano 2) 'et Exultavit Spiritus Meus'
3. Aria (soprano 1) 'qui Respexit Humilitatem'
4. Choeur 'omnes Generationes'
5. Aria (basse) 'quia Fecit Mihi Magna'
6. Duo (alto, Ténor) 'et Misericordia Eius'
7. Choeur 'fecit Potentiam'
8. Aria (ténor) 'deposuit Potentes'
9. Aria (alto) 'esurientes'
10. Trio (sopranos 1 Et 2, Alto) 'suscepit Israel'
11. Choeur 'sicut Locutus Est'
12. Choeur 'gloria'
- cantate Bwv 80 'ein Feste Burg Ist Unser Gott'
13. Choral 'ein Feste Burg Ist Unser Gott'
14. Aria (basse + Choral) 'alles, Was Von Gott Geboren
15. Recitativo (basse) 'erwäge Doch'
16. Aria (soprano) 'komm In Mein Herzenshaus'
17. Choral 'und Wenn Die Welt Voll Teufel Wär'
18. Recitativo (ténor) 'so Stehe Dann'
19. Duetto (alto, Ténor) 'wie Selig Sind Doch Die'
20. Choral 'das Wort Sie Sollen Lassen Stahn'



             



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