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Johann Sebastian BACH - Cantate Bwv 42 (herreweghe) (1725)
Par CHIPSTOUILLE le 28 Février 2014          Consultée 3342 fois

La cantate n°42 de Bach fût composée pour le premier dimanche après Pâques de l’année 1725. Cette année-même, il composa la cantate (BWV 249a, aujourd’hui perdue) qui servit de base à son futur « Oratorio de Pâques ». Ce dimanche possède plusieurs noms : fête de Quasimodo (1), Octave de Pâques, deuxième dimanche de Pâques, dimanche in albis et enfin dimanche de Saint-Thomas. Ce jour pour les chrétiens est l’occasion d’évoquer les faits ayant suivi la résurrection du christ. L’épisode le plus connu est sans doute celui de l’incrédulité de Saint Thomas. L’apôtre qui n’était pas présent lors des premières réapparitions de Jésus demanda à toucher les plaies avant de croire lui-même à la résurrection. Cet épisode se conclut par une réplique du ressuscité « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui ont cru sans m’avoir vu ! ». Ironiquement, Saint Thomas est aujourd’hui pris en référence afin de se justifier du contraire. Qui n’a jamais entendu : « Je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ». Le plus étonnant est que cela soit repris par des personnes n’ayant pas une culture chrétienne.

Le texte de la cantate de Bach ne fait pas référence à cette scène pourtant connue, et s’attarde plutôt sur les persécutions des juifs à l’égard des disciples de Jésus. Plusieurs épisodes de réapparition sont en effet relatés dans le nouveau testament. BACH voulu ici évoquer le tout premier, et seuls « deux ou trois » disciples sont ici mentionné sans être nommés. Une peinture de Rembrandt à ce sujet montre deux hommes dont l’un est difficile à deviner dans la pénombre, une femme s’occupe d’attiser le feu dans le fond, ce qui pourrait du coup expliquer le « ou trois » très imprécis. La cantate faute de réelle histoire à raconter est assez courte. Le sujet n’aurait d’ailleurs rien d’intéressant si Jésus n’était pas supposé (2) être mort quelques jours plus tôt…

Musicalement, la cantate fait le minimum syndical. C'est-à-dire qu’elle est plaisante à écouter, sans toutefois sortir du lot. Elle est pratiquement dénuée de chœurs. La tomanerchor, la formation de jeunes solistes que BACH dirigeait habituellement étant durant cette semaine-là très sollicitée. Outre une sinfonia introductive, l’air "Wo zwei und drei versammlet sind" du haut de ses dix minutes constitue l’essentiel de la cantate. La sinfonia serait en réalité tirée d’un concerto aujourd’hui perdu, dont un autre mouvement pourrait avoir inspiré l’un des airs qui suit. Nous sommes loin des cuivres pétaradants habituels, ce sont ici les bois et les cordes qui sont à l’honneur. On pourra par exemple penser au concerto pour violon et hautbois BWV 1060, bien qu’ici les bassons soient mis en valeur.

L’air précité possède une section instrumentale généreuse, nous faisant profiter à nouveau des bassons. Vient se poser un chanteur alto sur l’ensemble, appuyant ses syllabes de façon affligée, sans originalité particulière. La bonne surprise de cette cantate s’avère être les parties de violons de l’air "Jesus ist ein Shild der seinen", deux virtuoses s’imitant avec allégresse, répétant leurs soubresauts en partant dans les graves. Le chœur conclusif, l’unique, s’inscrit dans la droite lignée des multiples itérations de phrases déclamatrices que l’on retrouve en quantité dans les deux passions. Une recette toujours aussi agréable, mais qui manque cependant cruellement d’originalité chez BACH.

C’est donc plutôt l’interprétation de Philippe Herreweghe avec La chapelle royale et son Collegium Vocale qui justifieront une écoute. La cantate BWV 42 est en effet utilisée afin de compléter la superbe BWV 21 (Ich hatte viel Bekümernis) sur disque. J’évite volontairement le terme « remplissage », trop péjoratif pour une œuvre tout de même appréciable. Cela étant, un écart qualitatif notable existe entre les deux œuvres.

(1) Le personnage de l’œuvre de Victor Hugo tirerait son nom à la fois du jour où l’enfant fût trouvé, ainsi que l’expression latine signifiant « de la même façon que », qu’il faut comprendre péjorativement, comme étant un « quasi-homme ».
(2) Interprétation libre en fonction de vos croyances ou non croyances, mais la phrase peut s'interpréter dans les deux sens de toutes façons.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Barbara Schlick (soprano)
- Gérard Lesne (alto)
- Howard Crook (ténor)
- Peter Kooy (basse)
- La Chapelle Royale
- Collegium Vocale
- Philippe Herreweghe (direction)


- ich Hatte Viel Bekümmernis Bwv 21
1. Sinfonia
2. Chorus - Ich Hatte Viel Bekümmernis
3. Aria - Seufzer, Tränen
4. Recitativo - Wie Hast Du Dich, Mein Gott
5. Aria - Bäche Von Gesalznen Zähren
6. Chorus - Was Betrübst Du Dich, Meine Seele
7. Recitativo - Ach Jesu, Meine Ruh
8. Aria, Duetto - Komm, Mein Jesu
9. Chorus - Sei Nun Weider Zufrieden, Meine Seele
10. Aria - Erfreue Dich, Seele
11. Chorus - Das Lamm, Das Erwürget Ist
- am Abend Aber Desselbigen Sabbats Bwv 42
12. Sinfonia
13. Recitativo - Am Abend Aber Desselbigen Sabbats
14. Aria - Wo Zwei Und Drei Versammlet Sind
15. Choral, Duetto - Verzage Nicht, O Häuflein Klein
16. Recitativo - Mann Kann Hiervon Ein Schön Exempel S
17. Aria - Jesus Ist Ein Schild Der Seinen
18. Whoral - Verleih Uns Freiden Gnädiglich



             



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