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MUSIQUE BAROQUE  |  OEUVRE

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Johann Sebastian BACH - Cantate Bwv 4 (richter) (1707)
Par CHIPSTOUILLE le 28 Août 2009          Consultée 8221 fois

Cette fois-ci on évitera les accroches douteuses, cette cantate n’en n’a pas besoin. Si la cantate BWV 147 contenant le très célèbre air "Jésus que ma joie demeure" est certainement la plus connue de toutes, la cantate n°4 "Christ lag in Todesbanden" est celle qui pour les connaisseurs, supplante la majorité des autres. Alors âgé de 22 ans, BACH parvient ici dès le début de sa carrière à démontrer qu’il est un compositeur extraordinaire. On ne dira pas « hors pair », car coïncidence des dates, son alter-égo HANDEL devait lui aussi accoucher d’un chef d’œuvre de la musique sacrée en 1707, le Dixit Dominus. On ne sait pas précisément à quelle occasion la cantate fut créée, mais de fortes suspicions portent sur une cantate de démonstration qu’il joua afin d’être recruté comme organiste à Mülhausen.

BACH apprit à composer en retranscrivant de nombreuses partitions de compositeurs dont il admirait le travail. Parmi les plus célèbres aujourd'hui figure VIVALDI, dont les traits sont aisément identifiables dans les concertos pour violon du compositeur Allemand. On pourrait croire que ce lien est également flagrant dans cette cantate BWV 4 "Christ lag in Todesbanden". Les similitudes avec le Magnificat du prêtre roux sont en effet frappantes. Pourtant, il n’en n’est rien. Car VIVALDI, en 1707, bien que jouissant d’une certaine renommée à Venise en tant que violoniste, n’avait pas encore brillé dans les messes ou l’opéra. Il faut donc aller chercher l’usage intensif de violons ou la coloration italienne dans des influences communes aux deux hommes, le style italien du haut-baroque qui rayonnait alors dans toute l’Europe (Allessandro SCARLATTI peut-être ?).

La cantate est essentiellement constituée de chœurs massifs accompagnés de violons dans des tonalités tragiques. Cette cantate mènera le compositeur allemand sur la route des passages les plus sensationnels de ses passions ou de son propre Magnificat. Imposante musique de masse, on ne peut rester insensible à la méconnue cantate n° 4. Cette façon de faire toute en vigueur est d’ailleurs régulière dans ses œuvres de jeunesse, comme les cantates BWV 8, 12 ou 21. On ne pourra finalement que lui reprocher de ne montrer qu'une seule facette du compositeur; la plus explosive, la plus brutale, celle qui ne plaira qu'aux amateurs de sensations fortes.

Côté disque, l’interprétation de Karl Richter a pour singularité de dater de 1969, soit quelques années avant que Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt viennent changer la donne. La division des interprètes de musique baroque en deux camps : les "romantiques" et les "baroqueux" n’a alors pas eu lieu. Contrairement à la plupart des interprétations aujourd'hui présentées sur Nightfall, celle-ci fait donc partie de la tribu des romantiques. Son ultra propre, basse continue soit en retrait soit absente, effet de noyade dû à des chœurs surnuméraires, violons sans accrocs au son quasi-électrique (flagrant sur l'air "Bereite dir Jesu, noch itzo die Bahn"), voix de femmes plutôt que d'enfants pour les sopranos et j'en passe... Si l’aspect un peu propre et massif de l’ensemble ne sera peut-être pas du goût de tout le monde, l’interprétation romantique est ce qui sied le mieux à la musique chorale. Notons également que figurent sur le même disque deux autres cantates tout aussi exceptionnelles, à savoir la célèbre BWV 147 que nous évoquions en introduction et la BWV 202 dite « du mariage ». Ce qui fait de ce disque l’un des rares de BACH qui soit une réussite de bout en bout.

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