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MUSIQUE BAROQUE  |  OEUVRE

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Johann Sebastian BACH - Passion Selon St. Matthieu Bwv 244 (leonhardt) (1729)
Par CHIPSTOUILLE le 26 Janvier 2007          Consultée 12936 fois

Si ce n'était pour quelques saisons, une neuvième symphonie ou une flûte enchantée, il serait aisé de dire que la passion selon saint Matthieu, la "Matthäus passion" comme ils disent outre-Rhin, est l'oeuvre la plus importante de toute l'histoire de la musique classique. C’est un peu prétentieux, mais ce n’est pourtant pas si éloigné de la vérité. Johann Sebastian BACH était un compositeur de génie, qui mit un terme de par sa mort et surtout de par sa progéniture à l’époque baroque, qui régna sur les cours et les églises d’Europe pendant près d’un siècle et demi. Le paroxysme de son œuvre fut incarné par cette cantate géante, sous la forme d'un oratorio, donnée la semaine de Pâques de 1729 à Leipzig, pour la célébration de la mort et plus encore de la "résurrection" de Jésus Christ.

L’œuvre est importante du fait de sa qualité, de sa longueur, mais également de son impact historique. BACH fut pratiquement oublié après sa mort, si ce n’est par quelques érudits (ses fils bien entendu, mais aussi le fameux baron Von Swieten qui le fit découvrir à HAYDN, MOZART puis enfin BEETHOVEN…), il fut en fait redécouvert par le grand public en 1829, à la suite d’une représentation de la passion selon Saint Matthieu qui eut lieu à Berlin, sous la conduite du jeune compositeur Félix MENDELSSOHN alors âgé de 20 ans. C’est à partir de cette exécution qui connut un succès retentissant que la musique baroque qui avait alors été oubliée de tous ou presque, ressurgit du passé pour délivrer jusqu’à aujourd’hui encore, une quantité phénoménale de trésors oubliés (j’en profite pour vous conseiller une fois encore le trop méconnu requiem de LOTTI redécouvert il y a quelques années).

Mais pourquoi alors un tel accueil, en quoi cette passion pouvait bien avoir été si différente des autres oeuvres baroques qui refaisaient peu à peu surface à cette même époque (dont l'une des plus connues est le Miserere d'ALLEGRI)? La passion selon saint Matthieu s’inscrit dans la lignée de grande qualité dont font partie le Magnificat ou la Messe en si et quelques cantates de renom. Cette passion se distingue surtout de par son produit quantité par qualité. Répartie sur 3 CD, l’œuvre approche une durée de 3 heures, ce qui ne serait pas aussi impressionnant si elle n’était pas d’aussi grande tenue.

Alors, bien entendu, concernant la quantité, il y a "triche". Par là, j’entends que l’œuvre fut réalisée sous la forme d’un oratorio et est ainsi bourrée à craquer de récitatifs. Mais à l’image de ceux de la passion selon Saint Jean, ils sont entrecoupés de chœurs grandioses, tellement qu’il serait impensable de les supprimer. Le second numéro, à ce titre, en devient inaltérable, tellement ces dialogues vous transportent, aussi forts qu’ils sont abrupts, d’une efficacité sans pareille. Question "triche", quelques mouvements sont également repris d'autres oeuvres du compositeur, comme il était de coutûme à l'époque.

Je ne reviendrai pas en détail sur les différents types de mouvements, et vous invite à relire la chronique de la passion selon Saint Jean à ce propos. On retrouve donc les récitatifs, les chœurs courts, puissants et majestueux, les chœurs plus calmes qui se ressemblent un peu tous, les airs cette fois-ci plus nombreux permettant des variations bienvenues, et enfin introductions et conclusions des deux parties, ces fameux passages qui méritent tant que l’on s’intéresse à ces œuvres au premier abord.

La passion selon st. Matthieu se distingue de celle de st. Jean dans la part qu’elle accorde aux airs. Plus nombreux, plus variés, et surtout pour une bonne partie d’une qualité exemplaire, voir miraculeuse (n’y voyez ici aucune exagération de ma part). Le miracle s’incarne par exemple dans la transition du numéro 27, "So sit mein Jesus nun Gefangen". Cet air délicat, réaction de mélancolie à l'occasion de l'arrestation de Jésus, est interprété par les deux solistes sopranos, des enfants concernant cette somptueuse interprétation de Gustav Leonhardt (comme il était d’usage à l’époque), et non des femmes. Leurs voix d’une pureté cristalline sont parfois soulevées, dans une rigueur rythmique propre à BACH, par quelques intonations d’un chœur aux interventions puissantes. Dans la seconde partie "Sind Blitze, sind Donner in Wolken verschwunden" ce même choeur finit par tout dévaster à l’image de l’excellent "Omnes generationes" du Magnificat, de façon encore plus grandiose, même si à un tel niveau de prouesse on en reste tellement abasourdi qu’il devient réellement difficile de comparer.

La liste d’airs et choeurs remarquables serait trop longue pour pouvoir être contenue dans cette chronique, ainsi il m’est totalement impossible de tous les passer en revue. J’en viens donc aux, et je peux vous assurer qu’il m’en coûte, défauts. Car oui, au delà de l’amoncellement incroyable de mouvements "chef-d’œuvresques" et indépendamment d’une quantité non négligeable de récitatifs, le problème de la longueur est une barrière trop difficile à franchir pour se permettre de la négliger. Ce n’est pas tellement la première partie qui est merveilleuse à laquelle on adressera des reproches, encore moins le second CD qui n’en finit plus de nous étonner, mais le troisième, seconde moitié de la seconde partie, qui tire réellement sur les longueurs.
Il y a bien par exemple cet air tragique, voir pathétique, "Ach Golgatha", portant sur ses épaules toute la misère du monde, de même que ce final magique, digne de l’introduction de la passion selon Saint Jean. Mais sur le reste, des airs un peu moins bons peinent à convaincre, après quelques 2 heures et demi d’émerveillement presque continu.

Conclusion tragique, je n’appose donc pas l’appréciation maximale à l’un des monuments incontournables de la musique classique, si ce n’est la huitième merveille du monde. Injustice? Certains en effet, pour l’importance historique, pour l’impact, pour le côté culte, gonflent les appréciations. Mais à vouloir trop en faire, BACH nous égare dans son génie. J’aurais pour ma part préféré avoir ce qu’il est possible d’obtenir à partir de cette passion, c’est à dire 3 ou 4 chef d’œuvres de longueur et de qualité comparable au Magnificat, œuvre bien plus accessible que cette passion selon Saint Matthieu. Ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être indispensable, vous l'aurez compris.

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- Solistes
- Christoph Prégardien (tenor, évangéliste)
- Max Van Egmond (basse, jésus)
- René Jacobs (alto, choeur 1)
- Marcus Schäfer (ténor, choeur 1)
- Klaus Mertens (basse, choeur 1)
- David Cordier (alto, choeur 2)
- John Elwes (ténor, choeur 2)
- Peter Lika (basse, choeur 2)
- Tölzer Knabenchor
- Christian Fliegner (soprano, choeur 1)
- Maximilian Kiener (soprano, choeur 2)
- Gerhard Schmidt-gaden (direction)
- La Petite Bande
- Sigiswald Kuijken (direction)
- Gustav Leonhardt (direction générale)


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