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- Style : Dr Feelgood, Nine Below Zero

The INMATES - Fast Forward (1989)
Par LE KINGBEE le 31 Janvier 2018          Consultée 2277 fois

C’est quand même incroyable la poisse que peuvent traîner derrière eux certains groupes. On peut se demander si The INMATES n’ont pas décroché la palme du « mauvais œil ». Nous sommes en 1989, et le groupe enregistre son septième album après avoir subi un vrai parcours du combattant. Ils ont été publiés par un petit label français (Lolita Records), ont enregistré le Live « The Inmates Meet The Beatles (Live In Paris) »*, incontestablement l’un des meilleurs Live enregistrés durant les eighties, une décennie relativement pauvre, nos Taulards ont bien failli se retrouver en cale sèche. La faute à Sonet Records qui devait se servir d’une superbe tournée hexagonale pour promouvoir ce disque, sauf que l’album sortira tardivement avec une promotion des plus riquiqui.

Et pourtant, tout est réuni ici pour faire un grand disque : le retour de Bill Hurley, une production confiée à Vic Maile (producteur de génie, aux manettes de certaines productions de Fleetwood Mac, Hawkind, Motorhead, The Godfathers, Dr Feelgood, The Lords Of The New Church, pour ne citer que les principaux) qui décède brutalement durant l’été. Maile propose à la formation d'aller enregistrer aux Jacksons Studios, propriété de l’animateur radio vétéran Jack Jackson, là où Motorhead enregistra « Ace Of Spades », Eddie & The Hot Rods « Teenage Depression », Dr. Feelgood « Down By The Jetty », là encore où passèrent The Count Bishops, Brinsley Schwarz, Ian Dury, Tom Robinson Band, nos Dogs et plein d’autres. En clair, un studio qui retranscrit parfaitement l’énergie et le punch des groupes qui viennent y graver leurs pépites.

Nous avons donc jusqu’ici, un producteur de génie, un bon petit studio, un groupe en pleine forme, il ne manque plus que l’album. Le guitariste Pete Staines alias Peter Gunn a apporté dans ses valises cinq nouveaux titres, tandis que le tandem Bill Hurley/ Tony Oliver a coécrit un titre. A noter que si certains titres apparaissent pour la première fois en disque, la plupart d’entre eux ont été longuement rôdés sur scène.
C’est avec une véritable pièce de Rock n Roll conjuguée à du power Pop que débutent les hostilités avec « Move On » dont le jeu de guitare renvoie vers le phrasé de Roy Loney (Flamin’ Groovies). Si le groupe tempère son ardeur avec « Next To You », c’est le son déchirant de la Gretsch qui frappe les esprits. Les claviers de Paul Fisherman et une rythmique implacable viennent envelopper la guitare, un vrai adoucissant. « Dangerous Love » avec une guitare acérée renvoie aux tempos et mélodies de « Five » (5ème album du groupe), mais c’est la rythmique d’Oliver qui endosse ici, sans en avoir l’air, le premier rôle. La mélodie et la construction de « Footdown » laissent les influences de Chuck Berry prendre le dessus, la voix puissante, haute et pleine de feeling de Bill Hurley vient en contraste. Dernière compo de Peter Gunn, « Caroline » pose ses fondations sur un riff imparable. C’est simple mais ça touche la cible à tout coup. « You’re Too Much », l’unique compo de Bill et Tony, lorgne vers un répertoire preslien comme si le King venait de ressusciter après avoir passé plus de dix ans au ciel ou six pieds sous terre (c’est selon). Voilà pour les titres personnels.

Depuis ses débuts, le groupe a souvent choisi ses reprises par le biais d’une concertation complice entre les différents membres, et bien souvent cela a débouché sur des choix et des relectures judicieux. Nos taulards revisitent entièrement « Turn Back The Hands Of Time », une merveille de balade Soul que Tyrone Davis fit monter sur la plus haute marche des charts R&B en 1970. Le titre avait connu d’excellentes tentatives de la part des Ruffin Brothers, ou de Vernon Garrett, mais ces essais restaient proches de la version originale et s’annonçaient même presque serviles. Là, on change tout, grosse ligne de basse, rythmique groovy, seconde guitare épurée et un chant porté par des changements de nuances, le falsetto passant du grave à l’aigu, fracassant ainsi les schémas de la Soul traditionnelle. On pourrait presque regretter la durée de la piste (tout juste 3 minutes). Si Mike Hucknall, ex chanteur de Simply Red, avait repris plus récemment le morceau, avouons que là, on n’est pas sur la même planète. Si avec cette reprise, le rythme s’orientait vers la douceur, il en est tout autrement avec « Everything’s Alright », petit hit des Mojos au milieu des sixties. Si le titre connaît une seconde vie, David Bowie l’intégrant à son album de reprises « Pinups » dans une version Glam guère probante, les Inmates dynamitent le tempo pour nous offrir un Pub Rock porté par une guitare sonnant Cochran et un chant renvoyant vers Rod Stewart (époque Faces). Autre bonne pioche avec « Goodbye So Long », un Rockin’ Blues d’Ike Turner porté par la voix de Tina et des chœurs intempestifs. Le groupe explose carrément les compteurs en transformant le titre en un pur Rock n Roll. A noter que c’est avec ce titre que le groupe clôturait les concerts lors de sa tournée hexagonale (on ne prend pas en compte les rappels).
Mais n’allez pas croire que les membres ne se bornaient qu’à en découdre ou à envoyer le pâté, ils savaient faire preuve de tendresse, souvent pour faire remonter la pression. C’est ainsi qu’ils reprennent le « Bad Influence » du Robert Cray Band avec un chant plus énergique et une guitare plus incisive que celle du bon vieux Robert. Enfin, dernière reprise avec « Sweet Nuthin’s », un morceau hyper doux composé par l’excellent Ronnie Self. Devenu standard via Brenda Lee, le titre sera repris au fil des ans curieusement souvent sur le même tempo. Encore une fois, le groupe revisite complètement le titre, nous offrant une interprétation un brin décalée dans laquelle la voix de Bill Hurley semble sortie des profondeurs, bien secondée par une rythmique métronomique et des riffs obsédants. Un grand moment !

Cette chronique de « Fast Forward »** pourrait s’arrêter là avec une excellente note pour un disque sous- estimé par sa propre maison de disque. Mais nous nous permettons une petite couche supplémentaire. En 2002, le label londonien Riverside Records rééditait le disque agrémenté de trois titres supplémentaires captés lors de la tournée européenne de 1989. Cette nouvelle publication CD bénéficiait également d’un petit livret intérieur de deux pages dans lequel les membres nous en apprenaient un peu plus sur la conception de l’album via la plume de Peter Sargeant, journaliste de la revue Blues Matters !
Les pistes 12 et 13 sont issues d’un concert donné à Bale (j’y étais) et propose une fantastique version de « (I Thought I Heard A) Heartbeat », titre figurant sur l’album Live « True Live Stories » édité en 1984 par le label français Lolita Records. La présente version restitue pleinement la chaude ambiance qui planait dans la salle suisse. Le titre dépasse les 9 minutes, nous offrant au passage un solide solo de batterie, des breaks de guitares et un groove auquel il est impossible de ne pas adhérer. Second titre avec « I Wanna Be Your Man », titre des Beatles repris quelques mois plus tard par les Stones. Ce titre connaitra par la suite de bonnes relectures via les Stooges, les Purple Helmets ou bien encore les Flamin’ Groovies. Même Count Basie en délivra une version instrumentale Jazzy sans grand intérêt, il faut bien l’avouer. Le titre sera adapté chez nous par les Lionceaux (futur groupe d’Herbert Léonard) et les Chaussettes Noires sous l’intitulé « Je te veux Toute A Moi ». Ne vous moquez pas, la version la plus désopilante voire ridicule sera commise par les Baronets, un trio québécois dans lequel officiait un certain René Angelil, feu mari de Céline Dion. Cette nouvelle version Live nous paraît moins sauvage que celle figurant sur l’album « Live In Paris »* captée deux ans plus tôt à la Grande Halle de la Villette et se retrouve raccourcie d’une vingtaine de secondes. Dernier titre, cette fois capté à Montpellier, avec « If Time Could Turn Backwards », issu de leur premier album. Cette balade Soul qui pourrait s’inscrire dans un disque de Wilson Pickett ou Donny Hathaway vient conclure en apothéose et avec douceur un album fortement recommandable.

Si vous êtes amateurs de Blues, de Rock n Roll ou de Pub Rock, « Fast Forward », album peu connu et injustement sous-estimé, figure aujourd’hui encore parmi les albums méritant une bonne place dans votre discothèque. Et puis, il s’agit probablement de la dernière production de Vic Maile.

*Nous attendons, plein d’espoirs, que notre éminent collègue Long John Silver nous délivre sa chronique du « Live In Paris », disque servant en quelque sorte de pont entre les Beatles et les Stones. Ne voulant pas terminer au fond de la calle d’un rafiot pirate ou tout simplement jeté en pâture aux requins, je laisse le soin au Pirate de nous offrir son ressenti de cet album. Il expliquera avec d’autres mots pourquoi ce Live peut faire partie des Indispensables des années 80.
** Cette chronique provient de l’écoute du vinyle Sonet (pressage français) et aussi de la réédition CD éditée par Riverside Records. Les pochettes de ces deux recueils sont identiques.

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- Bill Hurley (chant)
- Peter Gunn (guitare)
- Tony Oliver (guitare)
- Gypie Mayo (guitare 9)
- Ben Donnely (basse)
- Eddie Edwards (batterie)
- Paul Fisherman (claviers)


1. Move On.
2. Next To You.
3. Turn Back The Hands Of Time.
4. Dangerous Love.
5. Footdown.
6. Sweet Nuthin's.
7. Everythings Alright.
8. Caroline.
9. Bad Influence.
10. You're Too Much.
11. Goodbye So Long.
12. Bonus Tracks:
13. (i Thought I Heard A) Heartbeat.
14. I Wanna Be Your Man.
15. If Time Could Turn Backwards.



             



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