Le titre de l’album est des plus clairs, les INMATES n’ont pas été chercher midi à quatorze heures, il s’agit tout simplement de leur cinquième album. C’est parfois simple la vie !
En 1984, le groupe a encore le vent en poupe. Les cinq rockers viennent tout juste d’enregistrer le Live True Live Stories. Nos Taulards ne font rien comme les autres. Alors qu’il est généralement de bon ton de graver un album en public pour appuyer un album studio, le groupe fait le contraire, le Live ayant précédé le studio de quelques semaines. Ce nouvel opus voit le retour du batteur Eddie Edwards à la place de Paul Turner(néanmoins présent sur 3 titres), autrement aucun changement de line-up, si ce n’est la présence de Barrie Masters au chant, Bill Hurley étant toujours absent.
Est-ce la présence de Barrie (ex Eddie & The Hot Rods) au chant, ou une volonté du groupe, toujours est-il que ce nouveau disque prend une orientation beaucoup plus Pop. Le groupe a décidé de reprendre deux morceaux issus du Live : « Let’s Move » en ouverture, un bon rock délivré dans une version proche de celle en public et Sweet Lovin’, le titre qui avait servi de promotion à l’album précédent et aux shows télévisés. I Think I’m Getting Over You est une petite perle évoquant les BEATLES ou les gallois de BADFINGER. Les guitares sont toujours aussi efficaces et la voix de Masters colle parfaitement au morceau.

Nos Taulards ne s’offrent que deux petites reprises : Just Like Romeo And Juliet, thématique souvent présente dans le Rock et la Soul, titre des Reflections, un groupe de Detroit orienté sur le Blues-Eyed Soul. Si les américains, un hit wonder group, firent monter leur chanson dans le Top Ten, ne mélangeons pas les serviettes et les torchons, cela fait désordre. La reprise des Inmates est boostée à 100%, la guimauve a été retirée au profit de solides solos de guitare et Barrie Masters semble plongé dans son élément. Seconde reprise et second coup de maître avec Take A Heart, une chanson de Miki Dallon membre des Boys Blue. Cette pépite sera aussitôt reprise par les SORROWS. La version des Inmates est légèrement modernisée mais reste proche de celle du groupe de Coventry, combinant Rock, Garage et Psy. Un grand moment !
Parmi les pièces Rock, les INMATES se montrent à l’aise sur le hargneux Rumours avec un Peter Gunn (Pete Staines) toujours aussi inspiré. Même impression avec Lonely Hearts, plein de rage et avec gros break de guitare. Gros moment avec Back On The Streets, un Rock'n' Roll bien nerveux dans lequel la guitare de Gunn fait mouche à chaque note, alors que plus d’un guitariste se complairaient dans une cascade de notes inefficaces. Les amateurs de riffs stoniens pourront se délecter sur Heartache, le chant vient s’intercaler entre les parties de guitares, le pont tombe à pic et le solo, peut être trop court, démontre que Gunn est encore inspiré.

Cet album propose hélas quelques plages plus faibles : Baby Say Yeah finit par se perdre en route entre Rockabilly et Rock à la Ramones. Le rythme imprimé par les baguettes est certes rapide mais frise le synthétique ou le stéréotype punk. Love’s For Losers se tortille entre Rock et Pop à la Beach Boys et le vocal de Masters est loin de faire oublier celui de Bill Hurley. Ce cinquième album, probablement le moins bon de la discographie du groupe, ne se vendra pas énormément, la faute à une orientation trop Pop, à l'absence de gros titre pouvant accrocher les radios et aussi une carence de cuivres qui apportaient une coloration R&B du meilleur effet. Trop imprégné de Power Pop, Five sera le mouton à cinq pattes. Nos INMATES se retrouveront encore une fois sans maison de disques. Mais la suite allait s’annoncer meilleure avec un album d’anthologie … … Mais ceci est une autre histoire.

PS: Cet album édité par le label français Lolita a fait l'objet d'une réédition CD regroupant les albums True Live Stories et Five. Ce dernier étant agrémenté d'un bonus avec une alternate de Back On The Streets.