Dans l'histoire d'IQ, on parle des albums de 1987 et de 1989 rarement de façon séparée, comme s'ils étaient indissociables. C'est le cas, bien sûr, il s'agit de la période avec Paul Menel au chant, en remplacement de Peter Nicholls. C'est aussi la période dite 'la plus commerciale' du groupe, entamée avec Nomzamo et employant la preuve par deux, même si après avoir écouté ce dernier, on se rend compte combien les jugements peuvent être hâtifs.

Cependant, Are You Sitting Comfortably? (drôle de titre et de pochette, franchement) peut-il se hisser au niveau de son prédécesseur ? Les éléments sont les mêmes, quoiqu'on trouve des morceaux plus longs, "Wurensh" atteignant presque les dix minutes. À prendre avec des pincettes, parce que durée à rallonge et volonté de faire prog ne sont pas toujours gage de qualité.

On commence avec le très beau "War Heroes", d'abord planant et rempli de guitares classiques, Holmes et les autres ont bien assimilé l'effet brillant que ça pouvait avoir ! Le chant de Paul Menel porte la ligne mélodique puissante, on entend des tablas, des claviers cristallins. IQ est un groupe lumineux, une qualité qu'il sait nous retransmettre avec "Drive On", même si on a du mal à comprendre la transition sombre et tribale entre les deux chansons. Voilà un titre pop 80's qui paraît naïf et léger, mais se laisse apprécier comme tel, avec ses grands accords ouverts, son sax en plastique joué par Martin Orford, même si Paul Menel n'est pas toujours bien calé, lui.

Pour la suite, on a "Sold on You" qui est un peu le pendant de "Passing Strangers" pour ce disque, une pop élancée et optimiste, même si la recette fonctionne moins ici : c'est joli, ça aurait pu faire un bon tube, mais on a déjà un goût de fade plus présent. Menel commence à avoir le syndrome Andy Sears sur l'ultime album de Twelfth Night, parfois approximatif au chant et un brin forcé. En la matière, "Through My Fingers" nous émeut par sa tendresse au début, mais la suite montrant que l'exercice tourne à vide n'était pas indispensable.

Même chose pour "Nostalgia", un blues déguisé avec plein de nappes et un riff oriental introduisant "Falling Apart at the Seams", long de sept minutes. D'abord, on a un blues-rock héroïque qui tend à nous séduire (les quelques notes de Tim Esau font mouche), mais les développements sont plus laborieux, même si on apprécie l'orgue de poche utilisé par Orford pour donner une couleur médiévale, et le solo final de Holmes dans une ambiance typée Steve HACKETT/GENESIS.

"Wurensh" n'est, hélas, guère plus brillant. Il enchaîne les parties vitaminées et quelques breaks reggae, mais on a affaire à un IQ plus bavard qu'autre chose. Sans compter Menel qui passe toujours de mélodies vraiment appréciables et faites pour lui à d'autres, les mêmes dont on parlait plus haut. Au niveau des solI comme de certaines intros à synthés bruitistes, le groupe cherche à garder son ancien public mais d'une façon maladroite, obligée, et c'est réellement dommage. Même le passage 'folk et flûte', autre hommage remarquable à HACKETT et pourtant fort joli pris à part, semble peu naturel.

Si Are You Sitting Comfortably? avait mieux assumé ses penchants pop, son unité aurait pu en bénéficier. Au final, IQ ne réussit qu'à proposer un album moyen ; rien de grave quand on connaît la suite ! Néanmoins, elle se fera sans Tim Esau et Paul Menel.