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- Membre : Harry Nilsson

Randy NEWMAN - Land Of Dreams (1988)
Par LE BARON le 17 Juin 2018          Consultée 1189 fois

Land Of Dreams débute comme un retour aux sources. Côté textes d’abord, puisque Randy NEWMAN, après avoir défouraillé à tout va lors de ses deux précédents albums, semble de nouveau privilégier l’ambiguïté et vouloir marcher sur un fil ténu entre l’humour et l’émotion, entre le drôlatique et le tragique. Il retrouve en fait ce qui a été sa marque de fabrique avant Born Again et Trouble In Paradise. Mais il s’agit également d’un retour aux sources au sens propre puisque NEWMAN s’attaque à un sujet qu’il a jusqu’ici fort peu abordé : lui-même, ou plus exactement son enfance. Alors, pays de rêves, pays rêvé ? Croire que NEWMAN sacrifierait à la bluette compassée sur un paradis perdu serait mal le connaître.

Car s’il se dévoile et dépeint dès « Dixie Flyer », le premier morceau, son départ de Los Angeles pour New Orleans avec sa mère, c’est pour aborder un thème majeur de son œuvre : l’appartenance au groupe, ou au contraire la différence qui fait que l’on ne peut que se sentir en décalage avec les autres. NEWMAN, bien qu’athée revendiqué, est d’origine juive. Et lorsqu’il décrit la famille de sa mère les accueillant elle et lui à New-Orleans, c’est pour les observer singeant des WASP, rêvant de passer pour des chrétiens Américains. Il décrit la scène avec un regard amusé, mais sans concession, et c’est un vrai plaisir de retrouver cette posture de moraliste qui ne juge personne mais ne laisse rien passer non plus.

Vient ensuite « New-Orleans Wins The War », ou la ségrégation et l’héritage de l’esclavage montrés comme si de rien n’était, entre une glace et un tour au jardin d’enfants. Car oui, la fin de la Deuxième Guerre Mondiale n’a en rien remis en cause la ségrégation d’état, quelles que soient les généreuses idées de liberté qu’aient pu charrier les discours officiels. Et là encore, NEWMAN fait mouche, remettant les discours patriotiques à leur juste place, dérisoire. Plus anecdotique, mais excellente, « Four Eyes » décrit le premier jour d’école du petit Randy, premier jour traumatisant comme il se doit, mais qui consolera tous ceux qui voient les cours de récréation comme un haut lieu d’expression de la cruauté sociale.

Le début de l’album est donc bon, voire très bon, et pourrait passer pour une sorte de complément autobiographique à Good Old Boys, Randy NEWMAN poursuivant sa description du sud des Etats-Unis avec un regard d’enfant, mi-fasciné, mi-terrorisé, un peu pour le meilleur, beaucoup pour le pire.

Le reste de l’album, hormis la splendide « Bad News From Home » et l’ironique « Follow The Flag » est cependant beaucoup moins bien réussi*. Il est vrai que l’on a pu avoir un doute dès « Dixie Flyer », puisque passé quelques secondes entre en scène une guitare reconnaissable entre toutes : celle de Mark KNOPFLER** période Brothers In Arms. Non que le leader de DIRE STRAITS en fasse trop, mais cela colore le son et le date de manière irrévocable pour quiconque a survécu aux années 80. Daté par KNOPFLER dès le début, l’album va ensuite verser dans le « vrai » son des 80’s : synthétiseurs moches et glacés, réverbération démesurée sur rimshots, pseudo rap, etc. « Something Special », « Red Bandana » et les autres, fussent-elles drôles, n’en tombent pas moins dans une certaine vulgarité qui ne rend honneur ni aux textes, ni à la musique. Il faut ajouter à cela l’impression très nette que Randy NEWMAN cherche un tube. « It’s Money That Matters » est à cet égard une espèce de caricature*** : riff de guitare de KNOPFLER rappelant furieusement « Money For Nothing », synthétiseur tiré de « Walk Of Life », thème abordé, et refrain répété sans cesse. Il y a bien évidemment une bonne dose d’ironie là-dedans, et même d’autodérision de la part de KNOPFLER, il n’empêche : on attend davantage de Randy NEWMAN.

Album en demi-teinte, Land Of Dreams vaut l’écoute pour quelques titres remarquables. Les autres, malheureusement sacrifiés au son de l’époque de leur enregistrement sont parfaitement dispensables.


* J’ignore à dessein “Roll With The Punches”. Si Donald Trump n’était pas président des Etats-Unis, la chanson serait certes cynique, mais drôle. Le problème, c’est qu’on dirait du Trump dans le texte. Pas une caricature, non. Juste du Trump ordinaire. La chanson en devient glaçante, même si Randy NEWMAN n’y est pour rien.


**KNOPFLER produit une partie des titres, tout comme Jeff LYNNE, d'ELO.

***Le pire, c'est que cette chanson a effectivement rencontré un certain succès outre-Atlantique

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   LE BARON

 
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- Randy Newman (piano, voix)
- David Paich (synthétiseur)
- James Newton Howard (claviers)
- Jeff Lynne (claviers, choeurs)
- Kevin Maloney (synthétiseur, choeurs)
- Guy Fletcher (synclavier)
- Larry Fast (synthétiseur)
- Michael Boddicker (synthétiseur)
- Robbie Weaver (synthétiseur)
- Mark Knopfler (guitare, choeurs)
- Dean Parks (guitare)
- Buzz Feiten (guitare)
- Michael Landau (guitare)
- Mike Campbell (guitare)
- Steve Lukather (guitare)
- Tom Petty (guitare, choeurs)
- Leland Sklar (basse)
- Nathan East (basse)
- Neil Stubenhaus (basse)
- Lenny Castro (percussions)
- Jeff Porcaro (batterie)
- Carlos Vega (batterie)
- John 'j.r.' Robinson (batterie)
- Phil Jones (batterie)
- Bill Reichenbach Jr. (trombone)
- Dan Higgins (flute, piccolo, saxophone)
- Jerry Hey (trompette)
- Marc Russo (saxophone)
- Adrienne Howell (choeurs)
- Bob Hilburn, Jr. (choeurs)
- Dana Drum (choeurs)
- Deborah Neal (choeurs)
- Jeannie Novak (choeurs)
- Karen Verkoelen (choeurs)
- Nicole Jones (choeurs)
- Twila Rice (choeurs)


- land Of Dreams
1. Dixie Flyer
2. New Orleans Wins The War
3. Four Eyes
4. Falling In Love
5. Something Special
6. Bad News From Home
7. Roll With The Punches
8. Masterman And Baby J
9. Red Bandana
10. Follow The Flag
11. It's Money That Matters
12. I Want You To Hurt Like I Do



             



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