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- Membre : Harry Nilsson

Randy NEWMAN - Randy Newman's Faust (1995)
Par LE BARON le 19 Juin 2019          Consultée 929 fois

Randy Newman’s Faust, c’est d’abord un plaisir de sale môme. NEWMAN s’empare d’un classique de la littérature allemande – pas forcément réputée pour son humour – et nous le sert à sa sauce, respectant plus ou moins le canevas original, mais dynamitant ses personnages. Car Dieu est ici arrogant, prétentieux et fourbe, le Diable est un pauvre type, Faust un sombre crétin. Pas de doute, on est bien chez Randy NEWMAN.

L’une des forces de l’album, c’est évidemment le casting. Pour accompagner ses élucubrations, Randy NEWMAN s’offre rien moins que James TAYLOR en Dieu, Don HENLEY* en Faust, Linda RONSTADT en Marguerite. Il y a également Bonnie RAITT, et même Elton JOHN. Casting exceptionnel, donc, mais pour des personnages ayant plus ou moins d’importance. Reconnaissons tout de suite que la prestation d’Elton JOHN, par exemple, est oubliée aussitôt écoutée. En revanche, James TAYLOR et Don HENLEY sont excellents. Tous les deux interprètent les chansons de NEWMAN au premier degré de bout en bout, ce qui les rend absolument magnifiques de veulerie et de vantardise. C’est un pur régal, d’autant plus que NEWMAN joue évidemment sur l’image que nous avons des deux chanteurs d’après leurs propres carrières. Qui aurait pu imaginer que James TAYLOR et Don HENLEY soient aussi bêtes et méchants ? Randy NEWMAN, quant à lui, s’est sans surprise réservé le rôle le plus savoureux. Certes, le Diable est parfaitement risible, mais il a tout de même le mérite d’avoir été déchu, ayant osé questionner le pouvoir absolu de son divin ennemi.

Les personnages sont bien trempés. Pour marquer encore davantage leur personnalité, NEWMAN varie les styles musicaux, faisant montre une fois de plus de son incroyable savoir-faire en matière de composition et d’arrangements. A Dieu la pop fougueuse mâtinée de gospel (une chorale accompagne les interventions de Dieu, ce qui est bien normal), à Faust le hard-rock crétin, au Diable le boogie-woogie désuet et les ballades plus ou moins dépressives. L’ironie, si importante dans les textes, est également omniprésente dans la musique, véritable accompagnatrice du pseudo drame qui se joue devant nous.

Le plaisir que l’on ressent à l’écoute de cet album est énorme, mais le disque présente tout de même un vrai défaut : il est foutraque. Autant NEWMAN prend un soin maniaque à fignoler chacun des titres, allant jusqu'à utiliser une production parfois bien épaisse, à la limite de la vulgarité, mais qui sied parfaitement à ses personnages, autant il semble traiter la vision d’ensemble avec une singulière désinvolture. En fait, si le disque a des airs de comédie musicale, il est à l’évidence composé pour moitié seulement de chansons spécialement écrites pour lui. Les autres sentent non pas le fond de tiroir – aucune n’est mauvaise – , mais la chanson déjà écrite en dehors de ce contexte. Il faut dire que l’album est composé de 17 titres ! Du jamais vu pour Randy NEWMAN qui a dû friser le burn-out.

Il est étrange de se dire, s’agissant d’un disque de Randy NEWMAN, que l’album aurait gagné à être ramassé, densifié, voire expurgé de quelques titres. Son côté roboratif est pourtant un plaisir et, redisons-le, aucun titre n’est mauvais. Au fond, il aurait fallu deux albums : un « Faust » d’un côté, un album de chansons de l’autre. On peut donc brièvement regretter le temps ou NEWMAN ciselait d’authentiques chef d’oeuvres, des albums d’à peine 30 minutes. Il n’en reste pas moins que ce Faust est hilarant, et qu'au vu du sérieux avec lequel les chanteurs de pop abordent leur production, et souvent avec beaucoup moins de talent, cet album reste éminemment salutaire.


*Rappelons que Randy NEWMAN a déjà beaucoup collaboré avec des membres d’EAGLES, notamment Glenn FREY.

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   LE BARON

 
  N/A



- Randy Newman (voix, piano, synthétiseurs)
- James Taylor (voix)
- Don Henly (voix)
- Linda Ronstadt (voix)
- Kristyn Liang-chan (voix)
- Bonnie Raitt (voix)
- Elton John (voix)
- +++
- Carlos Vega (batterie)
- Jimmy Johnson (basse)
- Bill Payne (hammond b3)
- Bob Mann (guitare)
- Doug Livingston (pedal steel)
- Michael Fisher (percussions)
- Randy Waldman (synthétiseurs, orgue)
- +++
- Denny Carmassi (batterie)
- Larry Klein (basse)
- Michael Landau (guitare)
- Michael Thompson (guitare)
- Robbie Buchanan (synthétiseurs)
- Randy Kerber (synthétiseurs)
- Steve Tagliatore (saxophone)
- +++
- Kenny Aronoff (batterie)
- James Hutchinson (basse)
- Benmont Trench (hammond b3, harmonium)
- Ry Cooder (guitare)
- Mark Goldenberg (guitare)
- Doug Livingston (pedal steel)
- +++
- Jim Keltner (batterie)
- Leland Skear (basse)
- Randy Kerber (piano)
- John Goux (guitare)
- Ry Cooder (guitare)
- Waddy Wachtel (guitare)
- Michael Fischer (percussions)
- Randy Waldman (synthétiseurs)


- randy Newman's Faust
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