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- Membre : Harry Nilsson

Randy NEWMAN - Bad Love (1999)
Par LE BARON le 6 Septembre 2019          Consultée 903 fois

S’agissant d’artistes ayant déjà pas mal de disques au compteur, on parle parfois de l’album "de la maturité". On désigne ainsi un opus différent des précédents, souvent débarrassé d’une certaine radicalité que l’on associe volontiers à la jeunesse quand on n’en fait soi-même plus partie. Voilà qui pose une question : Randy NEWMAN a-t-il jamais été jeune ? Physiologiquement parlant, c’est hautement probable. En revanche, il n’a jamais été radical, son sens du dérisoire étant bien trop aiguisé pour lui permettre d’entretenir le minimum de naïveté nécessaire à toute prise de position. Il ne peut donc sortir un disque "de la maturité", mais il fait bien mieux, il nous propose un album SUR la maturité. La maturité masculine, plus exactement. Plutôt rare, hein ?

La maturité masculine, vue par Randy NEWMAN, oscille sans surprise entre le comique et le tragique, deux versants d’une même constatation : la vie est dure avec les quinquagénaires occidentaux. Car c’est bien d’eux qu’il s’agit ici, NEWMAN poursuivant son impitoyable description de ses contemporains à partir de ce qu’il connaît le mieux : lui-même, et son entourage. Je serais copain de Randy NEWMAN, je ne lui raconterais rien de personnel, j’aurais trop peur de me retrouver dans une chanson.

Alors comme toujours chez Randy NEWMAN, on peut schématiquement scinder l’album en deux : d’une part des pépites ironiques et hilarantes sur des personnages se retrouvant dans des situations plus ou moins grotesques, de l’autre des ballades qui vous fendent l’âme.

Tous les morceaux sont bon, certains carrément excellents. Attardons-nous sur quelques-uns d’entre eux. Il y a "Shame", ou les déboires d’un homme mature dont on comprend qu’il vit désormais avec une jeunette, qu’il est amoureux, et qu’elle, beaucoup moins. Si l’on ajoute les douleurs au réveil et l’obligation de se relever la nuit, on obtient un portrait drôle et cruel d’homme vieillissant, chanté paisiblement par un Randy NEWMAN goguenard, qui balance ses vacheries l’air de rien. Idem dans "The One You Love", sur des amours non partagées, ou "Better Off Dead", dont la musique calypso, vaporeuse à souhait, forme un magnifique contraste avec un texte drôle et méchant.

Dans un autre registre, exception notoire à la tonalité musicale générale de l’album, "I’m Dead (But I don’t Know It)" est un hard-rock abordant un sujet qui devrait intéresser tous les lecteurs de ce site : celui de l’artiste qui ne sort plus que de mauvais disques, qui en a conscience mais ne sait pas comment faire autrement. Savourons cette pure vérité issue de la bouche de NEWMAN : "Each record that I’m Making / Is Like a Record that I’ve Made / Just not as Good* !" Voilà qui pourrait être médité par nombre de chanteurs encore en exercice, on ne cite personne.

Il y a donc du très très bon dans ce Bad Love, et puis il y a "I Miss You". "I Miss You", c’est la chanson qui tue, la ballade qui emportera quiconque est sujet à la nostalgie, et pense parfois à quelques erreurs passées. Randy NEWMAN, avec une mélodie simple, des mots justes et des violons, nous délivre une de ses plus belles chansons, un véritable trésor.

Bad Love est excellent. Randy NEWMAN y retrouve une espèce de sobriété, comme si 20 ans après Little Criminals, il revenait à ce qu’il fait de mieux : une musique pas vraiment datée mais hors du temps, biberonnée au jazz, au boogie, au shuffle et j’en passe. C’est le NEWMAN première manière, singulier et délicat musicalement, mais balançant des textes au vitriol. Dès lors, pourquoi pas un 5 ? Tout simplement parce que si cet album fait partie des meilleurs de ce drôle de chanteur, il est forcément moins surprenant que les disques des années 1970. Ce sera donc un 4. Il n'empêche, avec Bad Love, Randy NEWMAN prouve que contrairement à ce qu’il chante, il n’est pas mort, et bouge encore.


*Soit à peu près : "Chaque fois que je sors un disque / Il ressemble aux précédents / Mais moins bon !"

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   LE BARON

 
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- Randy Newman (voix, piano, direction d'orchestre)
- Pete Thomas (batterie)
- Steve Donnelly (guitare)
- Gregory Cohen (basse)
- Mitchell Froom (claviers)
- Gregoey Leisz (pedal steel)
- +++
- Sid Page (1er violon)
- Stu Blumberg (trompette)
- Oscar Brashear (trompette)
- Brandon Fields (saxophone)
- Martin Krystall (saxophone)
- Jack Nimitz (saxophone)
- Brian Scanlon (saxophone)
- Thomas Scott (saxophone)
- Bruce Fowler (trombone)
- George Thatcher (trombone)
- James Self (tuba)
- Carmen Carter (choeurs)
- Donna Davidson (choeurs)
- Linda Harmon (choeurs)
- Scottie Haskell (choeurs)
- Luana Jackman (choeurs)
- Teresa James (choeurs)
- Melissa Mackay (choeurs)
- Kate Markowitz (choeurs)
- Bobbi Page (choeurs)
- Sally Stevens-eskew (choeurs)
- Carmen Twillie (choeurs)
- Terry Wood (choeurs)
- Herb Pederson (choeurs)


- bad Love
1. My Country
2. Shame
3. I'm Dead (but I Don(t Know It)
4. Every Time It Rains
5. The Great Nations Of Europe
6. The One You Love
7. The World Isn't Fair
8. Big Hat, No Cattle
9. Better Off Dead
10. I Miss You
11. Going Home
12. I Want Everyone To Like Me



             



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