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- Membre : Harry Nilsson

Randy NEWMAN - Trouble In Paradise (1983)
Par LE BARON le 25 Août 2017          Consultée 1613 fois

4 ans après le grand éclat de rire sardonique que constituait Born Again, Randy NEWMAN nous revient en grande forme. Poursuivant son exploration ironique des mœurs de ses contemporains, il ouvre le bal par un de ses titres délicieusement ambigus dont il a le secret : « I Love L.A. ». Prise au premier degré, cette chanson est un hymne assez crétin à sa ville natale*. Mais comme souvent, la réalité décrite par NEWMAN a plusieurs facettes, que Randy balance, l’air de rien, entre deux phrases sur la joie de conduire une décapotable et d’avoir une rousse à ses côtés.

Avec un tel démarrage, on pense d’abord être dans la lignée de « Born Again », c’est-à-dire une suite de chansons absolument hilarantes et dont le plaisir serait d’entendre NEWMAN défourailler à tout va, se payant des pauvres, des riches, des blancs, des latinos, des noirs, des japonais, bref ! Tout individu passant sous son nez. Cette impression passe toutefois dès le deuxième morceau. Avec « Christmas In Capetown », Randy NEWMAN va très loin. Il ose en effet évoquer l’Afrique du Sud du point de vue d’un homme blanc terrifié par les noirs ! Il faut dire que l’apartheid, à l’époque, est encore bien en place. Mandela est toujours en prison, le régime ne faiblit pas encore, la communauté internationale regarde ailleurs.

Cette chanson est à l’extrême limite du très mauvais goût. Il n’empêche que NEWMAN fait mouche. Car si l’auditeur ne peut partager le point de vue politique du personnage – rappelons que NEWMAN part du principe que ses auditeurs sont plus malins que les personnages de ses chansons –, il est susceptible d’être touché par sa terreur, quasi enfantine, qui révèle le tout petit bonhomme qu’il est, totalement dépassé par la situation de son pays dont il sent bien qu’elle est intenable. Au fond, Randy NEWMAN poursuit son œuvre de destruction massive des préjugés, mais à sa façon un peu tordue, et toujours par le biais de l’ironie. Politiquement parlant, il est évident que le « Sun City » d’ARTISTS UNITED AGAINST APARTHEID**, sorti quelques mois plus tard, a fait beaucoup plus pour le rejet du racisme d’état de l’Afrique du Sud !

Les débuts sont donc fracassants. Vient ensuite la première faiblesse, « The Blues », un duo avec Paul SIMON qui laisse froid. Le texte, qui moque les misères endurées par les chanteurs de blues, est amusant, mais ça ne prend pas, comme ne prendront ni »Take Me Back » et « I’m Different », à cause de leurs musiques un peu trop faciles. Dommage. Que reste t-il à nous mettre sous la dent ? D’abord, des 3 incursions de NEWMAN dans le sentiment, on retiendra la bouleversante « Same Girl ». « Same Girl », c’est l’autre face de NEWMAN : un piano délicat, des cordes discrètes mais superbes, une évocation d’un amour qui dure, du temps qui passe, le tout noyé dans une nostalgie à vous tirer des larmes. « Real Emotional Girl «  et « Song For The Dead » n’atteignent pas le même sommet, mais sont également magnifiques.

Quoi d’autre ? Eh bien… Encore des merveilles ! Qu’il décrive Miami (« The Best Dope In The World ») ou deux vieux regrettant « The Duke Of Earl » (sur « Mickey’s », hilarant morceau de pop synthétique complètement barrée), NEWMAN est extrêmement brillant. Et puis, il y a le plat de résistance, l’incroyable monologue de « My Life Is Good ». C’est un chef-d’œuvre en soi, du Tom Wolfe*** condensé en 4 minutes, une pépite ! Le délire de ce bourgeois faisant du name –dropping face à un professeur tentant de lui expliquer que son fils ne se comporte pas normalement est un très grand moment !

NEWMAN n’est plus le binoclard pince-sans-rire des débuts. Il tend désormais au sarcasme, mais c’est jouissif. Sa musique, si elle regorge toujours de synthétiseurs, est beaucoup mieux maîtrisée. Plus abouti que « Born Again », comportant des chansons tour à tour hilarantes ou bouleversantes, cet album souffre évidemment un peu de certains morceaux. Bah ! Il n’en demeure pas moins excellent.



*Elle est d’ailleurs reprise en chœur par les supporters des Dodgers, l’équipe de base-ball de Los Angeles.

**Emmené par Steve Van Zandt, le guitariste du E. Street Band, ARTISTS UNITED AGAINST APARTHEID a chanté « Sun City ». Le « groupe » était composé de divers artistes, comme Afrika BAMBAATAA, Bruce SPRINGSTEEN, Herbie HANCOCK, George CLINTON, Peter GABRIEL, etc.

*** Auteur américain qui n’aime rien tant que décrire des puissants descendre aux enfers. Comme NEWMAN, Tom Wolfe évoque brillamment, et dans des textes bourrés d’ironie, les préjugés de la société américaine.

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   LE BARON

 
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- Randy Newman (voix, piano, synthétiseurs)
- Michael Boddicker (piano, orgue, synthétiseurs)
- Lenny Castro (percussions)
- Nathan East (basse)
- Steve Lukather (guitare)
- David Paich (fender rhodes, farfisa)
- Jeff Porcaro (batterie)
- --------
- Paul Simon (voix sur the blues)
- Linda Rondstadt (choeurs)
- Wendy Waldman (choeurs)
- Jennifer Warnes (choeurs)
- Don Henley (choeurs)
- Bob Seger (choeurs)
- Rickie Lee Jones (choeurs)
- Arno Lucas (choeurs)
- Leslie Smith (choeurs)
- Lindsey Buckingham (choeurs)
- Christine Mcvie (choeurs)
- Larry Williams (cuivres)
- Steve Madaio (cuivres)
- Ernie Watts (cuivres)
- Jerry Hey (cuivres)
- Jim Horn (cuivres)
- Jon Smith (cuivres)
- Paulhino Da Costa (percussions)
- Ralph Grierson (piano)
- Neil Larsen (piano)
- Dean Parks (guitare)
- Waddy Wachtel (guitare)


- trouble In Paradise
1. I Love L.a.
2. Christmas In Capetown
3. The Blues
4. Same Girl
5. Mikey's
6. My Life Is Good
7. Miami
8. Real Emotional Girl
9. Take Me Back
10. There's A Party At My House
11. I'm Different
12. Song For The Dead



             



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