Troisième album des thrasheurs new-yorkais, Among the Living est communément considéré comme le sommet de leur première partie de carrière.
Mieux produit que ses deux prédécesseurs, cet album présente également un profil moins hargneux. Pour autant la vélocité est toujours de mise et les grosses guitares sont de sortie. L’alliance de vocaux mélodieux, de riffs assassins et de changements de rythmes, déjà initiée dans Spreading the Disease (1985), se voit ici encore renforcée. Cela sent donc le thrash à plein nez, avec des rythmiques colossales, des parties de guitares très agressives, des refrains soutenus par des chœurs qu’il est difficile d’imaginer plus bourrins, et ce petit plus que constitue l'association assez paradoxale de passages primesautiers et de parties ultra brutales.

On retrouve cette dualité au niveau des guitares avec, d’une part, des riffs lourds et gras, de l'autre des soli légers et rapides. C’est cette variété, cette sorte de 'violente décontraction' qui contribue grandement au charme du combo. Et comme ce style est mis au service de compositions de haut niveau, le résultat est du meilleur effet.
Signe qui ne trompe pas, les futurs classiques du groupe sont ici très nombreux : "Caught In a Mosh", "Indians", "I Am the Law" et "Among the Living", vont devenir des incontournables. A tel point que le groupe axera principalement ses tournées 2005 et 2006 sur cet album. On peut également noter que plus d’un tiers des titres du Best Of the Greater of Two Evil (2004) provient de Among the Living, alors que le groupe avait, lors de sa sortie, déjà neuf albums à son actif.
Il faut dire que la paire de guitaristes a enfin trouvé une complicité et une complémentarité qui ne semblaient pas évidente aux débuts du groupe. Il en résulte une collection de riffs et de soli à l’efficacité redoutable qui enrichissent les compositions, déjà variées et bien construites, en les truffant de petites trouvailles rythmiques et mélodiques au résultat tout bonnement jouissif.
A cela, il faut ajouter un Joey Belladonna qui délivre une prestation vocale plus qu’honorable et dont le mérite est surtout de renforcer la facette accessible d’ANTHRAX.

Les thèmes abordés, aussi variés que surprenants, nous éloignent des sataniaiseries des SLAYER ou MEGADETH de l’époque. On glisse allègrement d’une plaidoirie pour le respect des Amérindiens avec "Indians", à un délire inspiré de la bande dessinée Judge Dread, en passant par un titre hommage à l’acteur John Belushi avec "Efilnikufesin (N.F.L)". "Efilnikufesin" correspond à l’écriture inversée de "Nice Fucking Life", et le groupe exploitera cette idée en sortant par la suite "Penikufesin" et "Oidivnikufesin". Deux titres sont inspirés de livres de Stephen King : "Among the Living" qui puise dans la thématique du Fléau, et "A Skeleton In The Closet" tiré quant à lui de "Un élève doué".

Sans aucun doute, Among the Living est un des albums de référence dans le domaine du thrash/speed metal.

De manière anecdotique, nous remarquons que cet album, dédié à la mémoire de Cliff Burton décédé quelques mois plus tôt, bénéficie d’une pochette pleine de malice qui représente un des personnages du film Poltergeist II, le Révérend Henry Kane.