L’arrivée du chanteur John Bush au sein d’ANTHRAX, bien que suivie par un excellent album (Sound of White Noise - 1993) et par un Stomp 442 (1995) tout au plus correct, n’a pas évité au groupe de voir sa popularité décliner considérablement. Alors que sur la même période METALLICA explosait commercialement en popisant sa musique, le choix des New-Yorkais de durcir leur propos, suivant en cela l’orientation initiée par PANTERA avec Vulgar Display of Power en 1992, se révèle catastrophique au niveau commercial.

Il était dès lors plus que temps pour le quartet de réagir pour tenter d’inverser la tendance.
Ce n’est pourtant pas le choix que fait ANTHRAX qui, loin de révolutionner sa musique, se contente de faire un timide effort pour apporter un peu plus de variété à celle-ci. On peut ainsi percevoir quelques excursions vers des sonorités Nu metal à l’image de "Cruch".
Sans surprise, le résultat est assez proche de celui recueilli par Stomp 442 : la sauce ne prend que partiellement et ANTHRAX ne parvient pas à s’inscrire dans une démarche de qualité sur la longueur.
En effet, et même si ce huitième disque contient de très bons morceaux à l’image de l’hymne Heavy metal "Inside Out", du belliqueux "Catharsis" ou du countrisant "Toast To The Extras", au moins la moitié des titres présents ici est totalement dispensable. Il en va ainsi de toute la seconde partie du disque, et tout particulièrement de "Big Fat", "Hog Tied", "Alpha Male". On peut également pointer du doigt les petits intermèdes humoristiques qui, pour sympathiques et bien amenés qu’ils soient, n’apportent pas grand-chose au disque.

Pourtant, les qualités du groupe sont toujours présentes, notamment la section rythmique. Les parties de batterie ("Crush") et de basse sont d'un très haut niveau. Il en va de même de l'impressionnante prestation vocale de John Bush, toute en énergie et en hargne. Malheureusement, une inspiration trop insuffisante et des riffs bien trop convenus pénalisent l’ensemble. Et ce ne sont pas les participations mineures des deux PANTERA, Phil Anselmo (qui assure les vocaux de "Killing Box") et Dimebag Darrell (qui participe à "Inside Out" et "Born Again Idiot"), qui changent la donne.
De par son aspect trop inégal et son absence de direction musicale claire, ce huitième album d’ANTHRAX peine à dépasser le statut d’anecdotique. La faillite de Ignition Records, leur maison de disque de l'époque, venant s’ajouter à ce bilan très mitigé, Volume 8 reste l’un des albums les plus méconnus du groupe.

Il faut d'ailleurs attendre une réédition de 2003 pour pouvoir se procurer à nouveau Volume 8: The Threat Is Real, dans une version incluant 3 inédits, dont deux reprises ("The Bends" de RADIOHEAD et "Snap/I'd Rather Be Sleeping”, tiré du second album des fous furieux de DRI), et dans laquelle la ghost-track "Pieces" est présentée comme un morceau à part entière.