Succéder au très grand The Black Album n’est pas tâche aisée. Surtout quand le rappeur annonce sa retraite juste après la sortie de l’album. Ceci explique certainement la pause de trois années que JAY-Z a prise avant de sortir de sa retraite. Forcément, qui dit retour à l’activité dit très bons résultats commerciaux, ce qui enchante notre rappeur. Cependant, il avoue quelques années plus tard que c’est l’album de sa discographie qu’il aime le moins, prétextant le fait que c’est un retour dans le métier et que c’était compliqué pour lui. Autant vous avouer tout de suite que je ne suis pas d’accord avec lui. Kingdom Come ne mérite pas la dernière place d’un classement de ses albums. JAY-Z a fait bien pire, c’est un fait.

Toujours entouré de ses fidèles producteurs, JAY-Z sort avec The Black Album d’une phase très rock’n’roll qui lui a réussi à la perfection. C’est un style qu’il tente de conserver avec cet album, et on le ressent dès l’introduction passée et « Oh My God » lancé. Une instrumentale qui fonce au rythme d’une batterie entraînante et des guitares qui fusent. JAY-Z nous livre un morceau qui aurait pu figurer dans son album précédent tant il lui ressemble. Tendance que l’on retrouve dans « Kingdom Come », morceau éponyme et réussi dans l’ensemble. A priori le premier titre qu’il ait écrit de tout l’album. C'est une bonne façon d’annoncer son retour en adoptant la posture d'un roi, façon JAY-Z. « Show Me What You Got », morceau sélectionné comme single de l’album, est dans la même tendance très énergique mais l'inspiration est beaucoup plus jazz. Le morceau parle principalement de fric. Pour la petite anecdote, il n’a pas trouvé meilleur endroit que Monaco pour tourner un clip sur ce thème.

L’ambiance n’est pas déjantée sur tout l’album. Comment pourrait-ce être le cas alors qu’on nous annonce une collaboration avec Chris MARTIN, chanteur de COLDPLAY, sur « Beach Chair » où le chanteur nous livre une prestation plus que décevante, tandis que JAY-Z nous fait du rap pour toucher nos petits cœurs, sans vraiment convaincre dans les paroles. La collaboration avec BEYONCE sur « Hollywood » se révèle fort efficace, menée par la voix de cette femme d’une puissance phénoménale, qui rattrape sans difficultés les couplets relativement décevants de JAY-Z. L’intervention de John LEGEND sur « Do u wanna ride » ne parvient pas à convaincre, alors que le rappeur séduit sur « Lost One » avec des couplets percutants. USHER et Pharell WILLIAMS qui se partagent le micro sur « Anything » rendent le tout brouillon, et cela n’arrive pas à convaincre. Le titre « Minority Report » avec l’apparition de NE-YO touche par ses paroles sur les victimes de l’ouragan Katrina ayant frappé en 2005.
Pour ce qui est des morceaux sans collaboration et dont on n’a pas encore parlé, « 30 Something » tire son épingle du jeu et deviendra d’autant plus fort quand ANDRE 3000 posera un couplet dessus quelques années plus tard dans un remix. Le titre « I made it » possède une bonne instrumentale mais les paroles, du type maman sois fière de moi, restent peu attirantes. « Trouble » n’est pas mémorable à cause de sa mauvaise instrumentale.

Kindgom Come n’est certainement pas l’album du siècle si bien qu’aujourd’hui seuls certains fans le réécoutent avec plaisir. Ceci étant, c’est sévère de l’annoncer comme le plus mauvais de la discographie d’un rappeur qui a déjà essuyé quelques échecs en terme de qualité. Dans cet album, on retrouve de bonnes idées, peu certes, mais il a le mérite d’avoir fait le minimum syndical. Un peu juste pour un retour dans le métier, on retournera donc sur The Black Album bien plus solide.