Dernier volet de la trilogie lancée par un décevant In My Lifetime, suivie par un très bon Hard Knock Life, la fin approche avec Life and Times of S Carter. Trilogie très inégale donc, puisque le rappeur s’est clairement orienté vers un style beaucoup plus pop qu’à ses débuts et cela a divisé les vrais fans de son premier album, clients de sa musique grand public. Les productions de cet album sont assurées par les mêmes artistes que sur ses autres projets, ainsi on retrouve DJ PREMIER, SWIZZ BEATZ ou encore TIMBALAND.

Si JAY-Z n’est pas contre le fait d’explorer de nombreux styles musicaux, et cela se ressent au fil de sa carrière, il manque cruellement d’originalité et de renouveau en termes d’écriture. Le rappeur sur « Hova Song », qui sert d’introduction, nous livre un couplet qui parle de drogues et de la compétition inévitable dans le rap. Ceci étant, l’instru choisie pour ce morceau est une excellente surprise, son aspect épique gratifie le rap de JAY-Z. L’intensité se poursuit avec un « So Ghetto » (je vous laisse imaginer le thème des paroles...) qui est pourvu d’une instrumentale très percutante et d’un JAY-Z d’une efficacité redoutable. Si l’on pense que la rage de vaincre est maître mot de cet album, « Do It Again » va vite nous calmer. Même si la mélodie commence très fort elle est directement ralentie pour prendre une tournure plus banale que prévue. Dommage, l’idée de départ dominée par les guitares était très bonne. Heureusement que « Dope Man » va remettre une dose d’énergie nécessaire, tout comme « It’s Hot (Some Like it Hot) », en hommage au film de Marilyn Monroe, qui est une grande réussite. Le rappeur convainc aussi sur « There’s been a Murder », à la production acérée. « NYMP » est doté d’une excellente instru et il en ressort l’une des productions les plus efficaces de l’album.

Les apparitions sont encore nombreuses dans cet album et on peut noter celle de Mariah CAREY sur « Things That U Do ». Ce morceau possède probablement l’instrumentale la plus cheap qu’il m’ait été donné d’entendre. Quant à la prestation de la chanteuse, je ne ferais aucun commentaire supplémentaire si ce n’est de dire qu’elle est dans la même mouvance que la mélodie. Fort curieux que ce morceau ait été sélectionné comme single. La production de TIMBALAND va décevoir sur « Snoopy Track » en collaboration avec le rappeur JUVENILE, qui n’est pas vraiment un morceau mémorable. Tout comme « Big Pimpin », qui au-delà de son instru pour le moins originale, n’arrive pas à retenir nos attentions, que ce soit avec le couplet de JAY-Z ou celui de l’invité BUN-B. Cependant il est nécessaire de souligner l’essai d’originalité plutôt appréciable au niveau des sonorités. Heureusement que la collaboration JAY-Z et DR DRE va clairement monter le niveau avec « Watch Me », un pur titre de rap qui retourne aux sources et qui aurait pu figurer sur le premier projet du rappeur tellement il parait old school à l’écoute.

Les morceaux manquent clairement du petit goût de reviens-y que l’on aime dans la musique, que ce soit le biographique « S. Carter », un « Pop 4 Roc » trop brouillon, et même la présence de quelques bons morceaux ou de l’excellente outro « Hova Song » n’arrivent pas à feindre l’ennui qui plane à l’écoute de cet album. Fort dommage car il succède à un volume 2 d’une grande réussite.

La trilogie est donc close, le rappeur va pouvoir passer à autre chose et espérons arriver à nous surprendre comme il l’avait fait sur Reasonable Doubt.