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- Style : Aretha Franklin , Bettye Lavette , Carla Thomas , Barbara & The Browns

Candi STATON - Unstoppable (2018)
Par LE KINGBEE le 9 Septembre 2018          Consultée 1436 fois

Ce trentième album de Candi STATON tombe un peu malgré lui comme un cheveu dans la soupe. Au moment où le disque sortait dans les bacs des disquaires, on apprenait le décès de Lady Soul, Aretha FRANKLIN, le 16 août à 76 ans.
De quoi jeter un froid, d’autant plus si on se livre à une rétrospective des grandes chanteuses de l’Age d’Or de la Soul. Les grandes interprètes encore vivantes se comptent sur les doigts d’une main. Il reste bien Carla Thomas qui n’enregistre plus depuis longtemps, Ann PEEBLES la reine de Memphis, Irma THOMAS à la Nouvelle Orléans qui se produit plus qu’elle n’enregistre. Martha Reeves et Diana ROSS, deux égéries de la firme Motown sont encore vivantes. Roberta Flack prend encore le chemin des studios. Mais ce sont bien la formidable Bettye LAVETTE, Mavis STAPLES, dernière survivante des Staples Singers, et … … Candi STATON⃰ qui peuvent se targuer d’être toujours aussi actives, comme pleine de jeunesse.

En regardant bien la pochette, on peut se dire que Candi STATON ne fait pas vraiment son âge, la chanteuse accusant tout de même 78 ans au compteur.
Hormis donc le décès d’Aretha, rien ne pouvait au départ amoindrir l’arrivée de ce disque. En voyant que le prolifique Marc Nevers se collait à la production, on pouvait légitimement penser que la chanteuse allait nous offrir un album du niveau du fantastique « His Hands » édité en 2006 par Honest Jon’s ou de « Who’s Hurting Now ? » édité deux ans plus tard par la même firme.
Mais hélas, les premières écoutes du disque débouchent sur un ressenti impitoyable : ce trentième opus ne vaut pas, loin s’en faut, ceux précités et encore moins les légendaires faces Fame enregistrées à Muscle Shoals (mais là on frise la lapalissade).

Un premier indice témoigne accessoirement de la faiblesse supposée du disque. « Unstoppable » n’a pas trouvé preneur auprès d’une maison de disque d’envergure. Si le CD est distribué par Thirty Tigers, une boîte de production de Nashville ayant à son actif Lucinda WILLIAMS, BLACKBERRY SMOKE, SANTANA et Paul Thorn ou Jon Cleary, c’est bien Beracah Records, le propre label de la chanteuse, qui apparaît au dos de la pochette. Rappelons que Beracah fut fondé avec l’aide du nouvel époux de la chanteuse, Jim Susswell, ancien batteur du groupe Ashford & Simpson, dans le but de promouvoir l’engagement de la chanteuse dans la foi chrétienne, une position parfois à la limite de l’intégrisme.

Le talent de Candi ne peut ici être mis en cause. A 78 balais, la voix est encore là, toujours aussi expressive avec de fugaces montées d’adrénaline. Le problème réside tout simplement dans l’orchestration et les arrangements qui viennent alourdir le répertoire. David Macias dans son rôle de producteur exécutif aurait pu influer sur le choix de la section rythmique, s’il avait un peu d’oreille. Effectivement, Candi a fait parler sa fibre maternelle en incorporant ses deux rejetons Marcus aux baguettes et Marcel à la basse. Mais n’accablons pas la rythmique orientée plus que nécessaire vers une sonorité plus contemporaine, la production surcharge au moins une moitié des dix titres.

Tout semblait partir sur de bonnes bases avec « Confidence » et son intro de percussions tribales avant que les claviers de Gerald Jackson et de Marcus Williams ne viennent empiéter sur l’orgue de Tony Crow et plomber l’ambiance avec une coloration trop futuriste. Si « I Fooled You, Didn’t I ? », un inusité de George Kerr, ancien producteur des Escorts et de Phyllis Hyman, semble avoir la préférence des programmateurs radio, le morceau subit cette fois-ci les affres d’un accompagnement médiocre, ou plutôt bien dans l’ère du temps avec une guitare synthétique au possible et l’ajout encore une fois d’un second organiste, comme si Tony Crow (ex Beverley Knight, George Soulé, Bobby Bare) ne suffisait pas.
« Love Is You » s’avère lancinant et dansant, mais on peut se demander ce que serait devenu ce titre s’il avait été interprété par les musiciens de Rick Hall ? Idem pour le funky « It Ain’t Over » auquel on ajoute encore une fois un second clavier avec Xavier Gordon venant parasiter les cuivres.

Reprendre le « People Have The Power » popularisé par Patti SMITH dans « Dream Of Life » pouvait s’annoncer judicieux. Après tout, le titre repris sur scène par le Boss Springsteen, U2 ou PEARL JAM, accommodé à la sauce Soul, avait de quoi faire saliver. Malheureusement, l’orchestration avec cet embouteillage de synthétiseurs et de guitare synthétique contribue à lui faire perdre une partie de son essence, un comble alors que Candi met le paquet et se montre convaincue, rappelez vous le refrain (il n’a peut-être jamais été aussi d’actualité) : « That the people have the power - To redeem the work of fools - Upon the meek the graces shower - It's decreed: the people rule … ».
Tout vient à point à qui sait attendre, « Revolution Of Change » marque un changement de cap comme son titre l’indique involontairement. La voix de la chanteuse rehaussée par les chœurs prend de l’amplitude sur ce tempo lent. Quel dommage que l’orchestration sonne toujours aussi contemporaine s’éloignant de la Deep Soul dans laquelle Candi s’est jadis illustrée.
Seconde reprise encore plus étonnante que celle de Patti SMITH avec « (What's So Funny’ Bout) Peace, Love and Understanding », œuvre de Nick Lowe mise en boîte par BRINSLEY SCHWARZ, son premier groupe. Le titre repris et popularisé par Elvis COSTELLO quelques années plus tard n’avait en théorie rien à faire dans un disque de Candi STATON. Mais la théorie nous joue parfois de mauvais tours, le titre repris dans la bande originale du film « Body Guard » tombera dans l’escarcelle de nombreux groupes Blues ou Soul (Robben FORD, Keb Mo, Holmes Brothers jusqu’aux Straitjackets, les anciens accompagnateurs masqués d’Eddy Clearwater). Ce morceau se révèle bienvenu, rappelant à certains un vieux titre british, mais pour la première fois l’accompagnement se fait moins mastoc, moins laborieux et oh surprise, c’est bien une guitare électro-acoustique qui ouvre le morceau.
« The Prize Is Not Worth The Pain » s’inscrit encore dans une recherche éperdue d’être dans la mouvance actuelle, celle d’une Soul contemporaine, triste constat alors que les instruments opèrent un tournant vers la légèreté. Le disque se termine par une troisième reprise, « Can I Change My Mind » popularisé par Tyrone Davis en face b d’un single Dakar. Il faudra que Wild Child, un animateur radio de Houston, retourne le disque et se décide à passer la face b pour que le titre grimpe à la 1ère place des charts R&B, devançant même le « I Heard It Through The Grapevine » de Marvin GAYE. Le titre sera repris avec succès (Don Bryant, Chuck Jackson) et connaîtra une seconde vie avec les essais de Boz SCAGGS, Barbara LYNN sans oublier Guitar Slim Jr. et le suédois Zven Zetterberg. Ce coup-ci, les claviers intempestifs disparaissent au profit d’une section cuivre pour notre plus grand bonheur, la guitare imprimant un rythme un brin funky et dansant.

Le moment de noter ce disque arrive enfin. Que devons-nous en retenir ? La voix de cette chanteuse patinée au Gospel, ou la faiblesse d’un accompagnement artificiel et contemporain, sans parler d’une production manquant cruellement de finesse ? Considérant qu’un disque se forme d’un tout, la note dégringole, d’autant plus que la sortie du disque avait mis l’eau à la bouche à de nombreux fans.

Alors à 78 ans, Candi STATON est toujours là, mais le titre « Inarrêtable » peut paraître quelque peu pompeux, à l’image de l’orchestration hélas boursoufflée. Un disque décevant qui ne mérite pas plus d’un 2. Il y a fort à parier que la plupart des revues et sites spécialisés lui tressent une couronne de laurier afin de garder tout esprit consensuel.

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   LE KINGBEE

 
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- Candi Staton (chant)
- Paul Allen (guitare)
- Marcel Williams (basse)
- Marcus Williams (batterie, percussions, claviers 1-8)
- Tony Crow (claviers)
- Gerald Jackson (claviers 1,2,3,5 & 7, chœurs 8)
- John Crosland (claviers - titres 2, 5, 7 & 8)
- Mark Nevers (synthétiseur - titres 1 & 4)
- Roy Agee (saxophone)
- Denis Solee (saxophone)
- Steve Herrmann (trompette)
- Myra Walker (chœurs)
- Alfreda Gerald (chœurs)
- Tiffany Davis (chœurs)
- Cassandra Hightower (chœurs - titre 8)


1. Confidence.
2. I Fooled You, Didn't I ?
3. Love Is You.
4. It Ain't Over.
5. People Have The Power.
6. Revolution Of Change.
7. Stand Up.
8. (what's So Funny 'bout) Peace Loce & Understanding
9. The Prize Is Not Worth The Pain.
10. Can I Change My Mind?



             



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